Ça pourrait être une homélie, ça y ressemble, mais, en fait c’est une exhortation que je donnerai ce soir au cours de la soirée louange et adoration organisée par la frat Saint Jean-Baptiste … vous pourrez y participer sur internet, Facebook, je vous mets le lien !
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Voyez, regardez ! On comprend vite que Jésus nous invite à une séance de rééducation du regard. Il commence par prendre une comparaison toute simple, une comparaison avec la nature. Pour nous les prédicateurs, il est toujours important de nous redire que Jésus aimait parler simplement pour les gens simples ! En Israël, il n’y a que deux saisons l’hiver et l’été. En hiver, il fait plus froid, il y a moins de soleil, les arbres perdent donc leurs feuilles. Du coup, quand on peut observer que les bourgeons sont en train de se former, on peut vite en déduire que l’hiver tire à sa fin et que l’été est tout proche, avec toutes ses promesses : les figuiers vont bientôt produire à nouveau leurs fruits succulents.
Voilà, c’est la petite histoire toute simple que Jésus vient de raconter et c’est avec cette histoire qu’il veut nous aider à rééduquer notre manière de regarder. C’est pourquoi, il en tire la conclusion suivante : « De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche. » Mais attention, seuls ceux qui auront un regard rééduqué seront capables de voir le Royaume qui vient derrière ce que Jésus désigne par le petit mot « cela. » Alors, évidemment, une question se pose tout de suite, c’est quoi « cela » qui doit nous permettre de voir le Royaume arriver, encore une fois, si nous avons un regard rééduqué ?
Pour savoir ce qu’il y a derrière le mot « cela » il faut lire ce qui précède, et ce sont les textes d’évangile qu’il nous a été donné d’entendre ces derniers jours. Allez, je vous fais un petit best-off des réjouissances annoncées par Jésus et qui explicitent le petit « cela » de l’Evangile d’aujourd’hui, c’est-à-dire que je vais énumérer les signes qui doivent nous permettre de voir le Royaume arriver. Je commence le best-off, accrochez-vous bien ! « On portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs… Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom … Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. » J’arrête là, je pense que vous en avez assez entendu !
Evidemment, une question nous brûle les lèvres : « comment Jésus peut-il dire que ces signes catastrophiques annoncent le Royaume qui vient ? » Attention, je l’ai bien précisé : seuls ceux qui ont un regard rééduqué seront capables de voir à travers ces signes le Royaume qui vient et pourront donc, comme Jésus nous y invitait hier, relever la tête, les autres ne verront que des catastrophes et resteront abattus. Ainsi, nous comprenons qu’un regard rééduqué, c’est un regard de foi porté sur les événements. Un regard de foi, c’est un regard qui ne s’arrête pas aux apparences parce que, comme la sagesse populaire aime le répéter : les apparences sont souvent trompeuses. Mais pour ne pas en rester aux apparences, il faut un regard perçant, un regard qui cherche toujours à devenir toujours plus pénétrant pour sonder le cœur des événements et des personnes.
Dans la comparaison avec la nature que Jésus prenait, c’est bien de cela qu’il s’agissait. Celui qui regarde de loin, celui qui s’arrête aux apparences, quand il voit un figuier vers la fin de l’hiver, il voit un arbre qui a perdu ses feuilles et qui ressemble à un arbre mort. Mais celui qui porte un regard plus attentif, plus pénétrant, celui qui s’approche, il voit les premiers bourgeons porteurs de tant de promesses.
Je prends un exemple biblique pour illustrer cela. Sur le chemin de Damas, celui qui pose un regard pressé, un regard de surface, sur l’événement qui est en train de se produire, il voit Saul, un juif bien connu, qui se retrouve à terre, devenu aveugle, qui perd tous ses repères et qui semble en grande difficulté. Mais celui qui pose un regard qui va au cœur de l’événement, il est capable de voir, à travers cet homme terrassé, un homme, Paul, que Dieu est en train de reconstruire pour lui confier une très grande mission. Mais pour construire cette vie nouvelle, il faut passer par cette phase de déconstruction de la vie ancienne, des vieilles certitudes et des vieilles habitudes. Terrassé sur le chemin de Damas, Saul est le figuier en hiver qui a perdu ses feuilles, mais un regard de foi permet de voir les premiers bourgeons de la vie nouvelle en promesse et qui pourra se déployer grâce à l’intervention d’Ananie.
Mes amis, demandons au Saint Esprit de venir rééduquer nos regards pour que nous soyons capables de ne pas en rester aux apparences, à la superficie des événements du monde ou des événements que nous pouvons vivre. Qu’il en soit de même pour les regards que nous portons sur les personnes. Que l’Esprit-Saint transforme profondément nos regards pour que, en toutes circonstances, nous devenions capables d’aller au cœur, de voir ce qui n’est qu’en germe mais qui est porteur de tant de promesses. Notre société qui valorise tant les apparences ne nous aide pas, mais le travail de la foi va venir lutter en nous contre toutes ces mauvaises habitudes. Vous savez ce qu’on dit : un mur qui s’écroule fait plus de bruit qu’un grain de blé qui germe. Les médias qui aiment le sensationnel attirent nos regards sur tous les murs qui s’écroulent, la foi nous invite à devenir attentifs à ce qui germe et qui ne fait pas de bruit. Peut-être connaissez-vous aussi cette belle parole de St François de Sales qui aimait répéter : « le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien ! »
Oui, que le Saint-Esprit rééduque nos regards pour que nous devenions capables de voir ce qui reste discret, en germe, ce qui ne fait pas de bruit. Nous avons tout le temps de l’Avent pour accueillir ce regard rééduqué qui nous permettra, à Noël de voir dans ce petit enfant si fragile dont la naissance ne fait pas de bruit, Dieu qui veut nous sauver ! Quand notre regard sera parfaitement rééduqué, nous n’aurons plus de mal à reconnaître dans la pauvreté du signe du pain eucharistique que nous allons adorer dans un instant, la présence de celui qui nous dit et nous redit : « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps … le ciel et la terre passeront, mes Paroles ne passeront pas ! »
Nouvelle année, nouvelle Avent….ure !!!! Quel beau défi.
Que la rééducation de notre regard puisse être attentif aux signes que le Seigneur nous accorde.