28 juillet : jeudi 17° semaine ordinaire. Deux paraboles pour nous dire l’amour persévérant et sauveur du Seigneur .

On peut dire, finalement, que chacune des deux lectures nous donne à entendre une parabole, la parabole du potier dans la lecture du livre de Jérémie et la parabole du filet dans l’Evangile de Matthieu. Les paraboles sont des textes très intéressants d’abord parce que ce sont des histoires simples, donc accessibles à tous. La Parole de Dieu s’adresse à tous même aux plus simples qui ne connaissent ni l’hébreu, ni le grec. Ah quand on connait ces langues, ça ne gâche rien, mais la Parole est parlante même pour les gens les plus simples et les paraboles, à ce niveau, sont très précieuses. Cependant, si on comprend assez vite de quoi il peut être question, dès qu’on essaie de creuser, on se rend compte qu’il y a pas mal de subtilités qui exigent une lecture très attentive.

Commençons par la parabole du potier que Jérémie nous a fait entendre. Jérémie traverse un nouveau moment de découragement, il faut dire que son ministère a été très compliqué, je n’ai pas le temps de développer le contexte et donc les raisons qui ont rendu son ministère compliqué, mais c’est clair que rien n’a été simple. Quand on est fatigué, découragé, on pense assez vite que tout est foutu, d’ailleurs, dans ces moments-là, on manque singulièrement de nuances : TOUT est foutu, les autres sont TOUS contre moi, ça n’ira JAMAIS, c’est TOUT le temps la même histoire ! J’arrête la litanie, mais nous la connaissons bien soit pour l’entendre régulièrement de la part de ceux qui viennent se confier à nous, soit pour la réciter également de temps en temps ! Jérémie devait donc, lui aussi, répéter en boucle, ces TOUS, JAMAIS, TOUJOURS et Dieu qui est un fin psychologue savait que, dans ces moments-là, il est inutile d’essayer de raisonner la personne. L’intensité de son découragement la rend hermétique à tous les raisonnements. Alors, c’est comme si Dieu prenait Jérémie par la main en lui proposer une « leçon de choses. » C’est comme ça qu’on appelait les cours de science quand j’étais enfant et je suis allé regarder la définition sur internet : « La leçon de choses est un principe éducatif, théorisé à la fin du 19° siècle, consistant à s’appuyer sur un objet concret pour faire acquérir à l’élève une idée abstraite. » C’est donc une leçon de choses que Dieu propose à Jérémie en le prenant par la main pour le conduire chez le potier.

Le 1° point qui me frappe, c’est le réalisme de Dieu. Chez le potier, Jérémie voit que tout ne se passe pas forcément aussi bien que le potier le souhaiterait, que la réussite n’est pas toujours là. Malgré toute l’attention du potier, malgré tout son savoir-faire, il y a des échecs. Une petite imperfection dans l’argile aura forcément des conséquences. Donc, c’est comme si Dieu commençait par dire à Jérémie, je comprends bien tes difficultés, je ne les nie pas. Comme c’est important d’entendre cela ! Parce que, lorsque vous êtes découragés, le pire, c’est d’entendre tous les bonimenteurs qui veulent vous faire croire que ça ne va pas si mal que ça, que c’est vous qui ne savez pas regarder où il faut, que c’est votre tempérament dépressif qui est la cause de votre découragement et non la réalité. De ces personnes-là, vous n’avez qu’une envie, c’est de vous en éloigner ! Dieu ne nie pas la réalité, il montre à Jérémie des vases ratés et ratés malgré l’expertise de celui qui les réalise. Un peu comme pour dire à Jérémie, ce n’est pas toi qui es en cause ou du moins, il n’y a pas que toi qui es en cause, tu vois, moi aussi, je ne réussis pas tout avec tout le monde, s’il y en a qui me résistent à moi, ne t’étonnent pas qu’il y en ait qui te résistent à toi aussi !

Le 2° point qui me frappe dans cette parabole du potier, c’est la proximité que Dieu veut exprimer. S’il y en a un qui est désolé de ce qui se passe quand le vase est raté, c’est bien le potier. Il a mis le meilleur de lui-même et ça ne marche pas. Le Seigneur veut montrer à Jérémie qu’il partage sa souffrance, il ne regarde pas les choses de loin. Aujourd’hui, on aime parle d’empathie pour désigner ce mouvement d’une personne qui se fait proche de celui qui souffre et qui partage cette souffrance parce qu’il se laisse atteindre. Passé un temps, on aimait présenter Dieu comme quelqu’un de sympathique, ces présentations n’étaient pas toujours respectueuses de Dieu. Bien plus que d’être sympathique, ce qui compte c’est de découvrir que Dieu est empathique.

Enfin le 3° point qui me frappe dans cette parabole, c’est l’affirmation que la principale qualité de Dieu, c’est son entêtement. Il ne lâchera jamais ; toujours, il reprendra l’argile pour le refaçonner. J’imagine qu’en ressortant de chez le potier, Jérémie devait prier en disant : Seigneur, rends mon cœur semblable au tien, rends mon espérance et ma persévérance semblables aux tiennes.

Venons-en à la parabole de l’Evangile, la parabole du filet, dernière des 7 paraboles que Matthieu a réunies dans ce chapitre 13 de son Evangile si bien construit. J’aime bien la question que Jésus pose à la fin : « Avez-vous compris tout cela ? » Et j’admire comment tous lui répondent sans hésiter : « Oui ». J’ai envie de dire : ils ont bien de la chance d’avoir tout compris parce que, comme je le disais au début de mon homélie, si les paraboles sont des histoires simples et donc parlantes, dès qu’on veut creuser, elles deviennent plus complexes. Et celle-là fait partie des quelques paraboles avec lesquelles il faut prendre son temps parce qu’elles parlent de tri, ce sont donc des textes redoutables. Un peu comme l’enseignement du chapitre 25 de ce même évangile de Matthieu dans lequel Jésus nous parle du tri qui sera fait au moment du jugement dernier. Tous ces textes évoquant le tri sont redoutables parce qu’inévitablement, nous nous posons la question : de quel côté je serai, de quel côté seront ceux que j’aime ? Dans les paniers avec les bons ou rejetés avec ceux qui ne valent rien ?

Je voudrais faire trois remarques pour nous aider à accueillir la bonne nouvelle contenue dans ces textes car il ne faut jamais oublier que le mot Evangile signifie bonne nouvelle. Ça signifie donc que dans ces textes un peu rudes, un peu inquiétants, il y a une bonne nouvelle et c’est cette bonne nouvelle que nous devons chercher car Jésus n’est pas venu du ciel sur la terre afin de nous inquiéter, il est venu pour nous sauver.

La 1° bonne nouvelle, c’est que c’est le Seigneur qui fera le tri et ça me rassure plutôt parce que je ne verrai pas d’un très bon œil de devoir accepter d’être trié par certaines personnes ! Nous en connaissons tous de ces personnes entre les mains de qui nous ne souhaiterions pas forcément tomber ! Le Seigneur, en lui, justice et miséricorde se conjuguent de manière parfaitement harmonieuse et c’est ce qui nous permet de vivre dans la confiance, j’ai bien dit dans la confiance, pas dans l’insouciance !

La 2° bonne nouvelle, c’est que Jésus n’est pas pressé de faire le tri. Le tri ne se fait pas au cours de la pêche. L’ivraie n’est pas enlevée dès qu’elle pousse. C’est le cas dans toutes les paraboles qui parlent du tri en évoquant le jugement. Ça signifie donc que la vie n’est pas un permis à points ! Le Seigneur ne nous a pas donné, à notre naissance, un capital de points qu’il faudrait gérer au mieux et malheur à celui qui aurait trop vite dilapidé son capital ! Le Seigneur, en lui, patience et espérance se conjuguent parfaitement ! 

La 3° bonne nouvelle, c’est que le tri, il se fera d’abord en nous. Je ne sais pas ce qu’il en sera du tri entre les hommes, c’est le problème du Seigneur et je lui laisse bien volontiers le soin de le régler en étant trop content de ne pas avoir mon mot à dire ! Mais, vous le savez bien, il n’y a que dans les westerns qu’il y a des bons et des méchants clairement identifiés. Dans la vie, c’est très différent et nous sommes bien placés pour le savoir. Le bien et le mal s’affrontent en chacun d’entre nous ! S’il y a un tri à faire, c’est d’abord dans notre cœur que ce tri doit être fait. La parabole de Jésus disait : « à la fin du monde : les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes et les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. » Encore une fois, le tri entre les personnes est du ressort de Dieu, mais cette phrase, je la comprends ainsi. A notre mort, le Seigneur envoie ses anges pour que nous soyons à tout jamais débarrassés du mal. Quelle Bonne Nouvelle de savoir que nous ne serons pas infirmes pour l’éternité comme nous le sommes dans cette vie en faisant trop souvent le mal que nous ne voudrions pas faire et en ne faisant pas assez souvent le bien que nous aimerions faire. Nous serons purifiés de ce mal pour vivre une éternité d’amour, quelle Bonne Nouvelle. En élaborant sa foi, l’Eglise a mis des mots sur cette purification, elle a forgé un mot cousin de purification, c’est purgatoire. Hélas, au lieu de réfléchir sur la nécessité de cette purification, nous avons souvent trop phosphoré sur la manière dont elle s’opérerait et le temps qu’elle durerait alors que dans l’éternité, il n’y a plus de temps !

Voilà 3 bonnes nouvelles, j’en rajoute une 4°, le Seigneur n’est pas contre le fait qu’on lui donne un coup de main, qu’on facilite sa tâche en cherchant à vivre chaque jour un peu plus de l’amour ! 

Cette publication a un commentaire

  1. Petit

    Merci Père

    Lumineux le potier

    … et la fin.

    Avez-vous compris tout cela ? » Ils lui répondent : « Oui ».
    52 Jésus ajouta : « C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »

    De son trésor ? Sa vie ?

    Du neuf et de l’ancien. L’homme nouveau qui est en nous.

    C’est cela le tri dont vous parlez que les anges viennent faire en nous ?

    Bertrand Petit Nivard

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