28 mai : don d’intelligence

Nous arrivons à la fin du livre des Actes, demain nous lirons le dernier extrait de ce livre qui nous aura accompagné tout le temps pascal. On l’appelle le Livre des Actes des Apôtres, mais certains exégètes préfèrent parler du Livre des Actes de l’Esprit. Nous sommes à Césarée, le grand port de l’époque. Paul a fait état de sa citoyenneté romaine, du coup, les responsables juifs ne peuvent plus être ceux qui vont mener le procès qu’ils ont décidé de lui intenter. Il faut le conduire à Rome pour y être jugé par le tribunal de César et ce départ se fera depuis Césarée. Je signale juste que des fouilles à Césarée ont mis à jour la maison qui a servi de prison à Paul en attendant son embarquement pour Rome. Et on est à peu près sûr que c’est authentique car c’est un archéologue juif qui l’a mise au jour, or les juifs n’aiment pas bien mettre à jour des preuves qui confirment la vérité du christianisme. Ils ne le font que lorsqu’ils sont obligés de le faire parce que la vérité est trop manifeste. Ils n’aimeraient pas qu’un archéologue passant après soit étonné que le découvreur n’ait pas compris de quoi il s’agissait ! Alors, quand c’est trop évident, ils publient leurs découvertes même si elles apportent de l’eau au moulin des chrétiens. Ça a été le cas à Césarée !

Venons-en au don d’intelligence. Le 1° livre par lequel Dieu me parle, nous l’avons vu hier, c’est le livre de la nature, de la vie, de la création, le deuxième livre, évidemment, c’est le livre de sa Parole et particulièrement les Evangiles. 

Le don d’intelligence c’est le don par lequel j’entre dans la profondeur des paroles de Jésus. Le Saint Esprit, par le don d’intelligence, fait avec moi le travail que Jésus a fait avec les disciples d’Emmaüs, il leur ouvre le cœur à l’intelligence des Ecritures. C’est ce que veut faire l’Esprit-Saint pour nous par le don d’intelligence, il nous rendra l’Écriture savoureuse parce qu’elle nous parlera vraiment de Dieu, de Jésus, elle nous mettra en communion avec lui, elle deviendra une nourriture savoureuse. Je vais faire avec l’Écriture ce que l’on fait avec un bon vin qu’on passe et repasse dans son palais pour faire sortir toutes ses saveurs.

Et ça, on peut dire que c’est une constante chez tous ceux qui se sont laissés renouvelés par le St Esprit. Pour eux, la Parole est devenue parlante et ça c’est vraiment un don du St Esprit, c’est le don d’intelligence. Pour moi, c’est très clair qu’il y a eu un avant et un après effusion du St Esprit dans ma manière de lire et comprendre les Ecritures. Je ne prépare plus mes homélies de la même manière. Avant, je lisais, je travaillais le texte et j’en faisais un commentaire qui parlait sûrement plus à la tête de mes auditeurs qu’à leur cœur. Maintenant, je travaille encore, il m’arrive souvent d’aller voir le texte grec ou au moins de le lire dans le NT interlinéaire, très pratique … mais je ne commence jamais par-là ! 

Je commence par prier et demander au Seigneur ce qu’il veut me faire entendre et ce qu’il veut que je dise. Et, tant que je ne l’ai pas reçu dans ma cœur, je ne passe pas à la phase suivante de préparation. C’est assez difficile à expliquer comment monte dans mon cœur ce que le St Esprit me donne, mais je vois bien que si je saute cette étape, la préparation de mon homélie sera très laborieuse et, d’ailleurs, souvent, à la fin, je suis tellement mécontent du résultat que je jette ce que j’ai préparé ! J’aime bien cette parole qui m’avait été dite : il faut préparer au moins autant le prédicateur que la prédication. 

Mais l’action du Saint Esprit, par le don d’intelligence, n’est pas réservée aux prédicateurs ! Tous ceux qui reçoivent le St Esprit reçoivent ce don d’intelligence et j’aime ces temps de partage autour du texte qu’on reçoit dans les groupes de prière parce qu’on a de vraies perles qui sont partagées par les participants, de même quand on fait un partage d’évangile ou partage de lectio divina ou de dialogue contemplatif parce que, ces dernières années, pas mal de moyens ont été mis au point pour mieux lire les Ecritures et partager ce que l’Esprit-Saint nous donne d’entendre dans une lecture priante. Et comme l’Esprit donne à chacun d’entendre quelque chose de particulier, quand on le partage, c’est merveilleusement riche. Et c’est une très belle expérience car il n’y en a pas qui ont juste et d’autres qui ont faux, chacun dit ce qu’il a reçu de l’Esprit. La Parole devient parlante pour celui ou celle qui la lit, c’est vraiment un très beau fruit de l’effusion du Saint Esprit. Et nous ne devons pas nous étonner de ce fait puisque c’est l’Esprit-Saint lui-même qui est l’inspirateur des Ecritures.

Le père Cantalamessa raconte que lorsqu’il a reçu cette effusion du St Esprit, lui qui, auparavant était foncièrement anti-charismatique a fait une expérience étonnante. C’était l’heure de l’office, il y est allé, mais ça a été un office très particulier ! Il a pris son bréviaire, les psaumes, il les connaissait très bien, il était religieux depuis plusieurs dizaines d’années, il était professeur d’université, mais voilà que pour la 1° fois de sa vie, ces psaumes se mettaient vraiment à lui parler. Il avait l’impression que les psaumes qu’il venait de chanter avaient été écrits spécialement pour lui, juste avant par quelqu’un qui connaissait parfaitement sa situation, ses besoins …

Ça ne veut pas forcément dire qu’on comprend tout dans un texte, mais on ne s’arrête plus d’abord sur ce qu’on ne comprend pas. Certains disent : je me suis découragé à lire la Bible, c’est trop compliqué, oui il y a des passages compliqués (cf. épitre aux Romains) mais pour autant, tout n’est pas compliqué ! Alors, savourons déjà ce qui est bon et le don d’intelligence va aussi nous donner le goût de chercher à comprendre ce que nous ne comprenons pas. Nous avons tellement de bons outils à notre disposition : internet, introduction et notes des bibles, Ta Parole est un Trésor … Le don d’intelligence ne supprime pas la nécessité de travailler, mais c’est lui qui nous permettra de goûter la saveur de la Parole.

Et après on voit vite la différence, on sent quand un enseignement, une homélie sont le fruit du travail du prédicateur, mais un travail fécondé par l’Esprit-Saint dans le don d’intelligence et quand enseignements ou une homélie ne sont que le fruit du travail du prédicateur. Vous avez bien compris que le Saint Esprit ne fait pas le travail à notre place, croire en la puissance du Saint Esprit, demander le don d’intelligence, ça ne dispense jamais de travailler, mais, comme le dit Paul : l’Esprit-Saint se joint à notre esprit (Rm 8,16) il ne remplace pas notre esprit.

Peut-être qu’au début du Renouveau, certains prédicateurs sont tombés dans le piège de ne plus préparer en expliquant que c’était l’Esprit-Saint qui parlerait. Au début, ça a marché car ils avaient accumulé des connaissances, le St Esprit est venu féconder tout cela et ce qu’ils donnaient était bon. Mais, quand on arrête de travailler au bout d’un moment, l’Esprit-Saint n’a plus rien à renouveler et ce qui sort de la bouche des prédicateurs risque de devenir de la bouillie de chats !

Viens St Esprit, viens et emplis-nous de ce don d’intelligence !

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