29 février : une cascade de dons

La 1° lecture que nous avons entendue fait immédiatement suite à celle d’hier et ces paroles ont un air connu puisqu’un chant a été composé à partir de ces paroles : « Si tu dénoues les liens de servitude, si tu libères ton frère enchaîné, La nuit de ton chemin sera lumière de midi. Alors, de tes mains, pourra naître une source, la source qui fait vivre la terre de demain, la source qui fait vivre la terre de Dieu. » Puisqu’un chant a été composé à partir de ces paroles, quand on les entend, peut-être disons-nous trop vite : on connait le refrain ! Et du coup, nous les écoutons un peu trop distraitement. Je nous invite à les reprendre tranquillement dans la journée parce que ces paroles contiennent une promesse étonnante. 

Notre don, le don de nous-mêmes, dit le Seigneur par la bouche du prophète Isaïe va provoquer une cascade de dons, tous plus désirables les uns que les autres. Permettez-moi d’en citer l’un ou l’autre pour mieux nous mettre l’eau à la bouche, je les cite en résumant ! « Si tu donnes et si tu te donnes, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi. » Premier don promis : ne plus jamais être dans la nuit, la pire nuit que nous pourrions connaitre ressemblerait au soleil de midi ! Ne plus jamais être dans la nuit du doute, de la tristesse, de la rancune, ça ne vous fait pas envie ? Mais c’est loin d’être fini !

« Si tu donnes et si tu te donnes, le Seigneur sera toujours ton guide. » Plus de moment où tu seras perdu ne voyant plus où il faut aller, ce qu’il faut faire. Si tu donnes et si tu te donnes, le Seigneur se fera tout proche. Et ça ne doit pas nous étonner car il est don, il est même par-don, c’est à dire qu’il trouve que le don n’est pas encore assez généreux, alors il donne par-dessus le don, c’est ça le pardon ! Du coup ne nous étonnons pas qu’il soit si proche de ceux qui donnent et se donnent. Mais ce n’est pas encore fini !

« Si tu donnes et si tu te donnes, en plein désert, il comblera tes désirs et te rendra vigueur. Tu seras comme un jardin bien irrigué, comme une source où les eaux ne manquent jamais. » Si tu donnes et si tu te donnes, plus de traversée de désert, plus de moment de sécheresse et d’aridité, c’est le Seigneur qui le promet : Tu seras comme un jardin bien irrigué. C’est déjà merveilleux, mais ce n’est encore pas suffisant, il promet encore mieux : « tu deviendras comme une source où les eaux ne manquent jamais. » Etre un jardin bien irrigué en plein désert, c’est déjà extraordinaire, mais devenir une source pour les autres, c’est encore plus grand ! Mais ce n’est encore pas fini !

« Si tu donnes et si tu te donnes, tu rebâtiras les ruines anciennes. » Si tu donnes et si tu te donnes, ta vie ne ressemblera plus jamais à un champ de ruine parce que dès qu’une tempête surviendra, il te donnera l’énergie de rebâtir sur tes ruines anciennes. Mais ce n’est pas encore fini !

« Si tu donnes et si tu te donnes, alors tu trouveras tes délices dans le Seigneur. » Si tu donnes et si tu te donnes, la fréquentation du Seigneur t’apportera plus de bonheur que la dégustation de n’importe quelle gourmandise, tu trouveras tes délices en lui. Mais ce n’est toujours pas fini !

« Si tu donnes et si tu te donnes, je te ferai chevaucher sur les hauteurs du pays. » Si tu donnes et si tu te donnes, plus jamais tu ne souffriras d’être trop terre à terre, tu vas chevaucher dans les hauteurs. Chevaucher, c’est-à-dire que tu ne vas pas ramer, ni avancer péniblement, au galop, sur les hauteurs en toute situation !

A l’écoute de ces promesses, évidemment, on ne peut qu’être attirés, mais une petite voix en nous se fait vite entendre : c’est trop beau pour être vrai ! Le Seigneur le savait bien, alors il conclut cette série de promesse par cette déclaration : c’est, la bouche du Seigneur qui a parlé ! Vous savez les hommes politiques ont pris l’habitude de dire que les promesses n’engageaient que ceux qui les écoutaient ! Mais, quand c’est la bouche du Seigneur qui parle, c’est tout autre chose !

Ces dons nous attirent forcément, d’autant plus que nous comprenons qu’il ne s’agit pas de promesses électorales … Seulement voilà, il reste un petit problème ! Cette cascade de dons, elle est réservée à ceux qui donnent et se donnent. Or nous nous rendons bien compte qu’il y a des moments où notre générosité devient de plus en plus comptable : nous sommes prêts à donner, mais jusqu’à un certain point. Nous sommes bien conscients qu’il faut se donner, mais comme on dit : bon et bête, ça commence par la même lettre, alors je ne me ferai pas avoir, parce que j’ai quand même le droit de vivre. Evidemment, quand notre générosité devient de plus en plus comptable, ou quand nous devenons carrément radins la cascade de dons devient de moins en moins généreuse !

Une générosité comptable, c’est sûrement ce qui caractérisait Lévi, le collecteur d’impôts et il y avait même bien des chances pour qu’il soit largement en-dessous d’une générosité comptable ! Jésus va le trouver parce qu’il sait qu’aucun être humain ne peut trouver le bonheur sans donner, sans se donner. Lévi en est bien loin, mais Jésus pose son regard sur lui et il ose l’appeler. Lui, le voleur, lui le radin qui n’en avait jamais assez, voilà qu’il devient subitement dépensier en organisant une grande fête pour Jésus. Il n’a même pas réfléchi au fait que, chez lui, ça sentait le péché à plein nez, ça sentait le fic, et tout ce qui va si souvent avec et qui ne tire pas les hommes vers le haut. Il invite Jésus chez lui sans avoir le temps de faire un ménage préalable ! Et, par sa seule présence, Jésus va tout transformer.

C’est ce qui nous est demandé, chaque jour, inviter Jésus chez nous sans avoir honte de le faire entrer dans un cœur qui sent le péché à plein nez et croire que sa présence deviendra une puissance transformante, que c’est en accueillant celui qui est don et pardon que nous pourrons trouver à nouveau le chemin du don et devenir bénéficiaires de cette cascade de dons.

En reprenant ces promesses, essayons d’imaginer ce que deviendrait une famille, une communauté, une paroisse dans laquelle chacun donnerait et se donnerait sans retenue… Jésus nous voulons vraiment que tu viennes en nous, nous t’accueillons chez nous même si ça sent le péché à plein nez parce que nous voulons que tu transformes tout, nous voulons voir l’accomplissement de tes promesses.

Cette publication a un commentaire

  1. Wilhelm Richard

    Jean-Jacques Goldman s’est inspiré de votre homélie pour chanter :
    Je te donne.
    N’oubliez pas de lui réclamer les droits d’auteur. Je suis sur qu’il vous les donnera !
    Vous n’oublierez pas de me donner la moitié.
    Par ailleurś je peux compléter en disant :
    moins de générosité, plus de morosité.

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