29 mai : samedi 8° semaine Temps ordinaire Donne-moi la Sagesse, assise près de toi, qu’elle travaille à mes côtés !

Comme elle est désirable cette sagesse dont parle Ben Sira ! Je relis juste un petit passage de la 1° lecture : Il m’a suffi de tendre un peu l’oreille pour la recevoir, et j’y ai trouvé de grandes leçons. Grâce à elle, j’ai progressé ; je rendrai gloire à celui qui me donne la Sagesse. J’ai résolu de la mettre en pratique, ardemment j’ai désiré le bien, et jamais je n’aurai à le regretter. Pour elle, j’ai vaillamment combattu, j’ai mis, à pratiquer la Loi, beaucoup d’exactitude. Quand on entend ces paroles de Ben Sira qui nous dit combien il peut être bienfaisant de travailler avec la Sagesse ou, plus justement, de se laisser travailler par la Sagesse, on a vraiment envie de dire : Seigneur donne-moi cette Sagesse ! Le samedi matin de la 3° semaine, au bréviaire, on prie d’ailleurs ce magnifique cantique de la Sagesse qui dit notamment : Donne-moi la Sagesse, assise près de toi… qu’elle travaille à mes côtés et m’apprenne ce qui te plaît. Car elle sait tout, comprend tout, guidera mes actes avec prudence, me gardera par sa gloire. 

Oui, elle est vraiment désirable la Sagesse et j’aime particulièrement ce que Ben Sira disait : Grâce à la Sagesse, j’ai mis beaucoup d’exactitude à pratiquer la Loi. J’espère qu’au cours de la semaine, vous vous êtes arrêtés devant cette parole de Marthe qui est dans la galerie : La fidélité à l’amour par l’exactitude dans l’accomplissement des petites choses. Marthe nous dit que, la fidélité à l’amour, elle se vit dans l’exactitude que nous mettons à accomplir les petites choses du quotidien. C’est une qualité extraordinaire que de pouvoir faire toutes les tâches du quotidien, même les plus petites, même celles qui ne se voient pas, avec exactitude, c’est-à-dire sans les bâcler, sans penser que ça n’a pas d’importance. Eh bien, en reliant la parole de Marthe et la lecture du livre de Ben Sira, nous comprenons que c’est la Sagesse qui nous permettra de vivre toute notre mission, quelle qu’elle soit, dans la fidélité à l’amour en accomplissant avec exactitude les petites choses.

Alors comprenant à quel point cette Sagesse est désirable, on a quand même envie d’en savoir plus sur cette Sagesse, comprendre ce qu’elle est vraiment et comment l’acquérir. C’est le Premier Testament, et particulièrement ce qu’on appelle les écrits de Sagesse qui vont nous permettre d’en savoir plus. Les exégètes, c’est-à-dire les commentateurs savants de la Bible, nous apprennent qu’il y a deux interprétations possibles. La Sagesse si souvent personnifiée peut être une préfiguration de Jésus. St Louis-Marie Grignon de Montfort, le grand spécialiste de la théologie mariale dont nous parlerons dans le dernier enseignement, désignera d’ailleurs Jésus comme la Sagesse incarnée. Il n’a pas tort et nous verrons dans un instant que c’est vrai, Jésus agissait avec une sagesse qui clouait le bec à ses opposants. D’autres voient dans la Sagesse, l’un des noms du Saint-Esprit. D’ailleurs, l’un des 7 dons porte ce nom de Sagesse, la partie désignant le tout, comme on dit. 

Alors la Sagesse, c’est Jésus ou le Saint-Esprit ? Quand on demande que la Sagesse travaille à nos côtés, on demande que Jésus travaille à nos côtés ou que le Saint-Esprit travaille à nos côtés ? Eh bien, c’est assez pratique, nous n’avons pas à choisir, nous pouvons dire comme Ste Thérèse : je choisis tout ! La Sagesse désignant à la fois Jésus et le Saint-Esprit, demander la Sagesse, c’est demander cette double grâce que Jésus soit toujours à nos côtés et que le Saint-Esprit envahisse nos cœurs. Quand je prie le Père en disant : Donne-moi la Sagesse pour qu’elle travaille à mes côtés, c’est extraordinaire, le Père siffle un coup, ce qui fait qu’immédiatement Jésus et le Saint-Esprit accourent en demandant : tu as besoin de nous ? Le Père leur dit : oui, et il faut faire vite, c’est le soldat Hébert qui appelle ! Alors, vous imaginez bien qu’avec deux réacteurs comme ça qui viennent booster le moteur de ma vie, ma vie, elle devient comme une fusée qui me conduit droit vers le ciel !

Venons-en à l’Evangile, un Evangile que j’aime particulièrement puisqu’il révèle la malicieuse sagesse de Jésus. Hier nous avons lu l’épisode dans lequel Jésus fait le ménage dans le Temple. Je n’avais pas pu le commenter mais j’en avais parlé dans l’homélie de mardi en montrant comment Ben Sira remettait en cause le système des sacrifices qui transformait la religion en marchandage permanent avec Dieu et transformait le Temple en marché aux bestiaux. Quand Jésus fait le ménage, les responsables religieux ne sont pas contents et nous le voyons bien dans l’épisode d’aujourd’hui. Et pourquoi ne sont-ils pas contents ? 

Eh bien, d’une part parce que Jésus leur change la religion et d’autre part parce qu’en s’attaquant au système des sacrifices, les responsables religieux voient bien qu’ils vont perdre une bonne partie des bénéfices qu’ils réalisaient au Temple. Alors, pas contents du tout, les grands prêtres, les scribes et les anciens vont trouver Jésus et le somment de s’expliquer. On entend bien derrière la question qu’ils lui posent leur détermination pour ne pas le laisser continuer, on comprend que ça risque de chauffer pour Jésus s’il n’arrive pas à donner une bonne justification à son comportement : « Par quelle autorité fais-tu cela ? Ou alors qui t’a donné cette autorité pour le faire ? » J’admire l’attitude de Jésus. Il n’entre pas dans la polémique, il ne cherche pas à se justifier, il fait preuve d’une malicieuse sagesse : vous m’avez posé une question, à mon tour, je vais vous poser une seule question et si vous me répondez, je vous dirai par quelle autorité je fais cela ! Evidemment, Jésus ne pose pas n’importe quelle question, il en pose une qui met ses détracteurs dans un terrible embarras les empêchant de répondre. Ils disent à Jésus : « Nous ne pouvons pas te répondre ! » Alors Jésus leur dit : « Eh bien, moi, je ne vous répondrai pas ! »

Oui, Jésus est bien la sagesse incarnée ! Si nous demandons la Sagesse, nous pourrons, nous aussi, nous sortir de situations compliquées. Je sais que, personnellement, quand je me retrouve dans une situation difficile, particulièrement quand on me pose une question difficile, je fais très vite appel à l’Esprit-Saint, dans une courte prière intérieure. Et, l’ayant appelé, je lui fais confiance, c’est-à-dire que je commence à répondre même si je ne sais pas encore tout à fait comment répondre, mais je crois que l’Esprit-Saint m’éclairera et, au fur et à mesure que je parle, je fais l’étonnante expérience de trouver les mots justes pour répondre. Une fois, j’en parlais avec un prêtre, grand ami du Saint-Esprit et je lui disais que je regrettais de ne pas avoir de stylo pour noter ce que je disais parce que ça me paraissait tellement bien ! Attention, je n’étais pas content de moi, mais du Saint-Esprit qui me donnait des mots lumineux ! Et il m’a répondu : ne cherche pas à redonner cette réponse une autre fois, c’est la réponse que le Saint-Esprit t’a soufflé pour cette personne dans cette situation. 

Il se passe la même chose dans la préparation des homélies : quand je regarde les textes, ma 1° réaction, c’est de penser que je n’ai rien à dire ! Je me ressaisis tout de suite et je prie le Saint-Esprit et alors, pas forcément tout de suite, mais je sais qu’une inspiration, une motion montera dans mon cœur. Par expérience, maintenant, je sais que lorsque cette motion m’a été donnée par le Saint-Esprit, la préparation sera assez rapide et aisée. Je sais aussi par expérience que, tant que cette motion n’est pas montée, il est inutile que je commence à écrire parce que ça ne sera forcément pas très bon. Ça ne veut pas dire que le Saint-Esprit fait tout le travail, mais il me souffle ce que le Seigneur veut que je dise. D’ailleurs quand, après une 1° lecture des textes, je pense que je n’ai rien à dire, il me semble que le Saint-Esprit en est très content, c’est comme s’il me disait : tant mieux parce que ce qui compte, ce n’est pas ce que toi, tu aurais envie de dire, ce que tu aurais trouvé à dire mais ce que le Seigneur veut dire par toi à ceux qui t’écouteront. Encore une fois, quand la motion est venue, ça ne veut pas dire que le Saint-Esprit fait tout le travail ! Je me rends bien compte sens bien qu’il faut que je travaille pour écrire, chercher les bonnes formulations, vérifier des citations et que tout mon travail passé compte, l’Esprit-Saint fait remonter à ma mémoire ce que j’ai lu, appris. Ceux qui ne préparent rien et qui se justifient en disant qu’ils font confiance au Saint-Esprit, ça donne rarement de bons résultats ! J’ai essayé une seule fois, c’est vrai que c’était à l’époque où je ne croyais encore pas vraiment au Saint-Esprit. J’avais parlé sans avoir préparé et j’ai eu l’impression que ça n’avait pas été mauvais du tout. Mais ça n’a pas été l’avis des paroissiens puisqu’une jeune femme avec qui je travaillais a osé me dire : « tu sais, quand tu n’as rien à dire, il vaut mieux te taire ! » J’ai retenu la leçon, je n’ai jamais récidivé en 37 ans !

Ce que je viens de vous dire en vous livrant mon témoignage, je pense que vous le faites aussi et si vous ne le faites encore pas, c’est le moment de vous y mettre ! Avant de parler à un malade, avant de répondre au téléphone, avant d’écrire un mail demandez d’être habités par la Sagesse, et c’est génial parce que vous l’avez vu dans l’Evangile avec la réponse de Jésus, la Sagesse a un côté malicieux qui est loin d’être désagréable !

Cette publication a un commentaire

  1. Wilhelm RIchard

    Ah cet AT 10, quel magnifique psaume.
    Quant à vos dernières homélies, je lève mon pouce avec les quatre autres vers moi puis je lève l’index et le majeur en signe de victoire !(cf homélie du mercredi 26 mai)
    Vous êtes toujours aussi fort. Mais ne le répétons pas trop fort de peur d’avoir ensuite la grosse tête.

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