18 novembre : samedi 32° semaine ordinaire … quand Dieu se fait mendiant d’amour !

J’imagine que vous le savez, le mot Évangile est un mot tiré du grec et il signifie Bonne Nouvelle. En grec, l’Evangile n’est pas un livre, c’est une bonne nouvelle ! Donc si on a donné ce nom d’Evangile au livre qui recueille les écrits de Matthieu, Marc, Luc et Jean, c’est parce qu’ils sont pleins de bonnes nouvelles. Ce que Jésus dit, ce que Jésus fait, c’est toujours une bonne nouvelle pour les hommes parce qu’il parle et agit toujours en faveur de notre Salut, même quand il nous bouscule un peu. Un bon réflexe à avoir quand on lit un passage d’Evangile, c’est donc de se demander : quelle Bonne Nouvelle y a-t-il dans ce texte ? 

Je vous avoue que c’est un texte qui m’a longtemps résisté parce que je ne pouvais pas me résoudre à croire que la bonne nouvelle c’était que Dieu soit un jour tellement lassé par nos prières insistantes qu’il finirait bien par répondre et si ce n’était pas par amour, ça serait au moins pour qu’on arrête de lui casser les oreilles ! Non, ça, ce n’est vraiment pas une bonne nouvelle !

Pour comprendre cette parabole, du moins pour vous faire partager la manière dont j’ai fini par la comprendre, je crois qu’il faut renverser complètement la manière dont nous la lisons habituellement. Dans cette parabole, Dieu n’a pas la figure du juge inique, il ne manquerait plus que ça que Dieu soit un juge sans justice ! Non ! Dans ce texte, Dieu, il a la figure de la veuve. En effet, Dieu est pauvre, en manque d’amour, comme le sont toutes les veuves. Cette veuve, elle a perdu son mari, l’amour de sa vie. Eh bien, c’est ce qui arrive constamment à Dieu ! Il nous faut réaliser que chacun d’entre nous, nous sommes l’amour de sa vie, or Dieu nous perd sans arrêt parce que nous choisissons si souvent de le quitter, au moins pour un temps ; de l’ignorer, en refusant de répondre à ses demandes de rendez-vous. 

Alors, comme toutes les veuves, comme tous les pauvres, Dieu se fait mendiant d’amour parce qu’il souffre trop de nous avoir perdu. Comprenons-le bien, Lui qui est amour, lui qui n’est qu’amour, il a tellement soif d’aimer et d’être aimé. La bonne nouvelle, c’est donc que Dieu, quand il nous a perdu, ne se résignera jamais ! Celui qui insiste, c’est donc Lui, Dieu et il insistera aussi longtemps qu’il le faudra, tout en restant infiniment respectueux de notre liberté.

Alors, écoutons-le nous dire ce que la veuve disait dans le texte et, vous verrez, quand on met ses paroles dans la bouche de Dieu, elles deviennent tellement poignantes : rends-moi justice contre l’Adversaire ! Oui, c’est Dieu qui nous dit, avec des sanglots dans la voix : c’est l’Adversaire ou c’est moi qui te rends heureux ? Si c’est moi, alors, rends-moi justice contre l’Adversaire c’est à dire fais ce qui est juste, regarde avec lucidité ce que tu deviens à chaque fois que tu suis les suggestions de l’Adversaire, à chaque fois que tu te laisses prendre dans les mailles de son filet. Et, à l’inverse, regarde ce que tu deviens quand tu acceptes de marcher avec moi. Réfléchis et fais ce qui est juste !

Du coup, nous comprenons que le juge inique, c’est nous, c’est vous, c’est moi. C’est bien à nous de juger ce qu’il faut faire. Mais, de fait, nous sommes souvent iniques, c’est-à-dire que nous ne faisons pas toujours, pas assez souvent ce qui est juste. Reconnaissons-le : trop souvent, nous faisons la sourde oreille aux appels du Seigneur, alors que, l’Adversaire, dès qu’il nous fait de l’œil, nous nous mettons à le suivre ! Et c’est bien ce qui arrive à chaque fois que nous médisons, que nous jugeons, que nous refusons de donner ou de demander le pardon, que nous entretenons des conflits inutiles, que nous nous barricadons dans l’indifférence, que nous ne donnons plus assez de temps au Seigneur, que nous faisons passer nos idoles avant lui … Je ne continue pas la liste car chacun connait bien ses péchés et s’il n’arrive pas à les voir qu’il demande à celui, celle ou ceux qui vivent avec lui de les lui révéler car eux les connaissent parfaitement bien ! Oui, dans tous ces moments où nous sommes sinon lamentables du moins médiocres, c’est en en faveur de l’Adversaire que nous jugeons et, pour nous qui avons l’expérience de la douce bonté du Seigneur, ce n’est vraiment pas juste d’agir ainsi.

Quand on continue à lire la parabole de cette manière, ça marche encore. C’est vrai, ce n’est pas Dieu qui se lassera de nos prières et qui finira par répondre. Non, c’est nous qui finirons par craquer. Un peu comme des parents qui ont puni leur enfant et qui font semblant de ne plus l’écouter finissent par craquer devant ses demandes insistantes : je veux un bisou ! Oui, nous finirons par craquer devant les demandes insistantes de notre Dieu qui le veut ce bisou et qui l’attendra le temps qu’il faut, qui le demandera aussi souvent et aussi longtemps qu’il le faudra !

Je continue le texte pour en arriver à sa conclusion : « Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les fera attendre ? Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. » Les élus dont il est question désignent les saints du ciel, nos saints patrons, les anges, nos anges gardiens, tous ceux qui sont parvenus au ciel et qui crient vers le Seigneur jour et nuit en notre faveur, lui demandant de continuer à nous solliciter, de ne jamais baisser les bras. Devant cette prière si insistante, Jésus nous dit qu’on peut être tranquille : Dieu sera persévérant aussi longtemps qu’il le faudra. Il fera justice à tous ces élus qui, dans le ciel, intercèdent en notre faveur, au premier rang de ces élus, il y a, bien sur la Vierge Marie, Dieu fera justice, c’est à dire qu’il fera ce qui est juste pour répondre à leur prière si insistante : il continuera à se proposer à nous et nos refus répétés ne le plongeront jamais dans la lassitude.

Et si Dieu est si insistant, c’est parce qu’il y a un double enjeu formidable.

• 1° enjeu : Dieu veut absolument nous visiter pour nous restaurer parce qu’il voit bien dans quel état nous sommes, en cédant aussi souvent aux avances de l’Adversaire, nous sommes déglingués ! Par contre, à chaque fois que nous ouvrons la porte de nos cœurs au Seigneur, le laissant nous visiter, son amour vient nous restaurer, sa miséricorde vient refaire ce que le péché a défait en nous. Dieu insiste parce qu’il voit bien que sans lui, comme le disait une oraison de la messe, notre vie tombe en ruine ! Sans lui, nous ne pouvons pas vaincre toutes les difficultés auxquelles nous sommes confrontés, que ce soient des difficultés de santé physique ou de santé psychologique, des difficultés familiales, des difficultés professionnelles, des difficultés spirituelles.

• 2° enjeu : Dieu ne peut pas faire autrement que passer par nous pour répandre le feu de son amour sur la terre. Alors il frappe et refrappe sans cesse à la porte de notre cœur, pour remettre le feu de l’amour dans nos cœurs. Jamais un cœur tiède ne pourra allumer le feu de l’amour dans un autre cœur, seuls des cœurs brûlants pourront rallumer l’amour qui s’éteint dans le monde. Voilà pourquoi le Seigneur insiste sans se lasser ; voilà pourquoi, il se tiendra à la porte de notre cœur, frappant jusqu’à ce que nous ouvrions. Le Seigneur sait bien que, si la porte de notre cœur reste fermée, le feu de l’amour sur la terre risque de perdre de la vigueur et à force de perdre de la vigueur, il pourrait s’éteindre or, sans ce feu de l’amour, le monde va finir par greloter, et ça a déjà bien commencé ! Vous avez entendu la redoutable question que Jésus posait à la fin de l’Evangile : le fils de l’homme quand il viendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre ? La réponse dépend de chacun de nous ! Si nous ouvrons au Seigneur qui frappe, son amour nous saisira et nous deviendrons des pyromanes de l’amour répandant partout où nous passons foi, espérance et charité.

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons que nous soit donnée le désir et la force d’ouvrir la porte de notre cœur à l’action bienfaisante du Seigneur en nous afin que nous devenions ceux qui travaillent à réveiller l’amour qui s’éteint dans le monde.

Cette publication a un commentaire

  1. Franchellin Jean Marc

    La prière, telle cette goûte d’eau qui tombe inlassablement sur une pierre et la creuse pour devenir son réceptacle.

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