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2 mai : Fais ton lit toi-même !

On peut dire que l’Ecriture comporte des paroles quand même bien étonnantes : « Énéas, Jésus Christ te guérit, lève-toi et fais ton lit toi-même. » Je vous avoue que j’aime bien réfléchir sur ce genre de paroles que je trouve suggestives parce que tellement décalées. Parce qu’enfin, quand même, est-ce que la toute 1° urgence pour un homme qui se trouve guéri d’une paralysie qui l’a tenue couché depuis 8 ans, c’est de faire son lit ? Je vous avais déjà expliqué combien c’était compliqué et cher d’écrire à l’époque du coup, on n’écrivait pas pour dire n’importe quoi !  Alors, si cette parole est dans l’Ecriture, c’est parce qu’elle doit être parlante, c’est parce qu’elle doit pouvoir nous enseigner ! Quels enseignements pouvons-nous donc en tirer ? Evidemment, je vais vous partager ma lecture, ce genre de parole dont la fonction est de nous faire réfléchir peut légitimement être interprété de bien d’autres manières, d’ailleurs je me propose surtout d’ouvrir des pistes et de vous laisser compléter et enrichir par votre propre méditation. Ce sont 2 pistes que je propose.

  • 1/ Quand la puissance de vie de Jésus ressuscité vient toucher quelqu’un pour lui apporter une guérison, que cette guérison soit d’ordre physique, psychologique ou spirituelle, il y aura forcément un avant et un après. Cette guérison va venir transformer la vie. Ce qui n’était pas possible avant va le devenir : désormais Eneas va être capable de faire son lit tout seul. Et pour bien manifester ce changement Enéas est invité à poser rapidement un geste extrêmement concret qui manifeste qu’il accepte d’entrer dans une vie nouvelle. Et on voit bien que lorsque la puissance du ressuscité vient nous toucher, ce n’est pas pour nous faire léviter ou nous donner je ne sais quel don exceptionnel, sa puissance vient nous toucher pour nous aider à vivre autrement notre quotidien. Il y a une parole de Marthe que j’aime beaucoup, elle est affichée dans la galerie de la Flatière qui permet de rejoindre par le souterrain la salle de conférence et la chapelle. Voilà cette parole : La fidélité à l’amour par l’exactitude dans l’accomplissement des petites choses. Ce n’est pas par les élans mystiques ou les charismes extraordinaires que je vais manifester que je me suis laissé toucher et guérir par la puissance de vie du ressuscité, c’est par l’exactitude dans l’accomplissement des petites choses. « Énéas, Jésus Christ te guérit, lève-toi et fais ton lit toi-même. » Alors, à chacun de voir ce que ça veut dire concrètement … je donne juste un point d’attention puisqu’il y a le mot exactitude, est-ce que décider d’arriver à l’heure ça ne serait pas une manière de mettre en œuvre cette exactitude dans l’accomplissement des petites choses ?
  • 2/ Quand la puissance de vie de Jésus ressuscité vient toucher quelqu’un pour lui apporter une guérison, c’est une invitation pour cette personne à mettre de l’ordre dans sa vie. Un lit qui n’est pas fait, qui n’est jamais fait, en soi, ce n’est pas si grave que ça, mais ce lit qui n’est pas fait est souvent le révélateur de bien d’autres choses qui ne sont pas faites et que je laisse trainer dans ma vie. Peut-être que cette parole si étonnante est une invitation pour nous à regarder lucidement tout ce qui traine dans nos vies, tout ce qui n’est pas fait, trop vite fait, mal fait. Et peut-être aussi que cette parole est une invitation à reconnaître avec humilité que nous ne parviendrons pas à mettre de l’ordre dans nos vies sans demander au Seigneur de venir nous toucher, nous guérir. A ce niveau-là comme pour tant d’autres choses, la prière des frères peut être une aide puissante. On n’est jamais obligé de la demander dans une grande assemblée ou peut la vivre à 3 ou 4 et c’est toujours très beau et très fort !

Evidemment, à travers ces deux guérisons, il nous est montré la puissance du ressuscité à l’œuvre, une puissance de vie qui est contagieuse et qui est remise entre les mains des apôtres, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui. J’ai déjà parlé de cette demande de Jésus à Marthe que l’on trouve dans le texte fondateur, demande dans laquelle Jésus fait part de son désir que les foyers soient des lieux de résurrection spirituelle. C’est tout à fait dans la ligne de cette lecture et, à la manière du pape François, j’insiste pour dire qu’il a demandé des lieux de résurrection spirituelle pas des salons de toilettage pour l’élite des brebis qui viendraient se faire laver, coiffer et parfumer spirituellement ! Non, comme le pape François aime le dire, ce dont le monde a besoin c’est de trouver une Eglise ou des lieux d’Eglise qui soient de véritables hôpitaux de campagne capables d’accueillir les plus grands blessés pour leur transmettre la puissance de vie du ressuscité, puissance qu’il a remise entre nos mains. Et, bien sûr, comme je l’ai déjà évoqué, ce que je dis pour les brebis-retraitants, je pense que ça vaut aussi pour les élèves.

Enfin, je ne dis qu’un mot du texte d’Evangile qui conclut le discours sur le Pain de Vie que nous avons entendu toute la semaine. Pour Jésus, ça a dû être un moment bien difficile. Ce discours, il l’a prononcé devant cette foule qui ne veut plus le lâcher après la multiplication des pains. Jésus avait tenté de leur échapper, mais ils n’ont pas mis longtemps à le retrouver à la synagogue de Capharnaum. Ce sont donc tous les gens de cette foule qui entendent ce discours, mais manifestement, c’est à ses disciples qu’il s’adressait. Et ce mot « disciples », il faut l’entre au sens large, c’est-à-dire les 12 et les 70. Et voilà qu’un drame va se produire. Dans ce discours, il vient de partager à ses disciples comme un secret sur ce que sera l’Eucharistie qui, certes, exigera le sacrifice de sa vie, mais qui portera une puissance de vie tellement inouïe qu’elle sera plus forte que la mort. Il vient de leur partager tout ça et eux disent que ces paroles sont trop rudes à entendre. S’ils avaient dit que c’était difficile à comprendre, Jésus aurait pu l’accepter, mais difficile à entendre, c’est autre chose. Par ces mots, Jésus perçoit bien que la plupart n’iront pas jusqu’au bout avec lui, d’ailleurs ils le lui montrent tout de suite, l’Evangile nous dit : À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. 

Quelle souffrance pour Jésus ! Il leur partage son grand secret, il cherche à les associer de plus près à sa mission et la plus grande partie de ses amis décident de le quitter. Il a dû se demander si tout n’allait pas capoter, c’est pour cela qu’il interroge les 12 : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Oui, on peut facilement imaginer toute la souffrance qu’il y a derrière cette question et en même temps on ne peut qu’être émerveillé par cette liberté que Jésus offre à ses disciples. C’est comme s’il leur disait : Si pour vous aussi c’est trop difficile, je comprendrais que vous partiez avec les autres et si vous pensez devoir le faire, c’est le moment ! Jésus ne fait aucune pression d’aucun ordre, par cette question, il leur rend leur liberté. C’est alors que Pierre va prononcer cette si belle : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » Il ne dit pas que lui et les 11 autres ont tout compris, il ne dit pas non plus que les paroles de Jésus ne sont pas difficiles, mais il pose un acte de foi : quant à nous, nous croyons ! Puissions-nous, dans les moments difficiles où nous sommes, où nous serons confrontés à des choix importants faire ce même acte de foi, en reprenant les mêmes paroles de Pierre : Seigneur, ce que tu nous dis, ce que tu nous demandes n’est pas facile, mais nous croyons que tu as les Paroles de la vie éternelle du coup, nous ne voyons pas à qui d’autre nous pourrions aller pour trouver ce que toi seul, tu peux nous apporter !

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