3 décembre : vendredi 1° semaine Avent. Que de promesses … et pourtant !

Depuis l’entrée en Avant, nous lisons le livre d’Isaïe qu’on pourrait qualifier de livre des promesses. Celles d’aujourd’hui sont assez extraordinaires, on aurait presque l’impression qu’Isaïe est en campagne électorale pour annoncer autant de promesses merveilleuses ! Si nous voulons comprendre le caractère inouï de ces promesses, il me semble nécessaire de dire quelques mots sur le contexte historique. Un mot, d’abord sur le nom d’Isaïe qui, en hébreu, est assez proche de la signification du nom de Jésus : le Seigneur sauve. Isaïe va nous montrer comment le Seigneur sauve et surtout, il va nous montrer qu’il est capable de sauver dans des situations bien difficiles.

Peut-être le savez-vous déjà, mais il y a 3 parties dans le livre qui pourraient d’ailleurs correspondre à 3 auteurs différents dont les textes ont été regroupés sous le patronage d’Isaïe. Si vous lisez les commentaires des exégètes, ils parlent du second Isaïe et du troisième Isaïe. La 1° partie du livre, c’est la partie que nous lisons actuellement, ce sont les chapitres 1 à 39, je vais y revenir plus en détail, mais je survole d’abord les deux autres parties. La 2° partie, ce sont les chapitres 40 à 55, cette 2° partie, on l’appelle souvent le livre de la Consolation d’Israël parce qu’elle commence justement par ces mots : consolez, consolez mon peuple ! Chaque année, au cours de la semaine sainte, nous lisons un certain nombre de passages de cette 2° partie dans laquelle on trouve les poèmes du Serviteur Souffrant. Et la 3° partie, ce sont les chapitres 55 à 66. Je ne détaille pas plus.

Revenons sur la 1° partie puisque ce sont des textes de cette partie que nous lisons dans ce temps de l’Avent. Au début de cette partie, il y a une dizaine de chapitres que nous lirons plus tard, dans la proximité de Noël, ils forment ce qu’on appelle le livret de l’Emmanuel et ils nous annoncent comment Dieu va sauver son peuple en venant au milieu de lui, en se faisant l’Emmanuel. Nous aurons l’occasion d’en reparler dans quelques temps. Mais venons-en au contexte historique parce qu’il donne encore plus de force à toutes ces promesses.

Nous sommes dans les années 740-700 avant JC. C’est une période extrêmement troublée de l’histoire d’Israël. Ce pays est un tout petit pays, donc faible et d’autant plus faible qu’il n’a pas su garder l’unité que le Roi David lui avait donné en réunissant les 12 tribus en un seul Royaume. Désormais, il y a donc deux petits royaumes, le Royaume du Nord dont la capitale est Samarie et, c’est lui, qui, dans la Bible, est appelé Israël ou encore Ephraïm. Et le Royaume du Sud dont la capitale est Jérusalem, dans la Bible, il est aussi appelé Royaume de Juda. Affaibli par cette division du pays en 2, il se retrouve, en plus, coincé entre deux grandes puissances : au Sud l’Egypte mais qui est en train de perdre son prestige et sa force au bénéfice de la grande puissance du Nord, l’Assyrie. Au lieu de s’appuyer sur la puissance du Seigneur qui a fait alliance avec son peuple, au lieu d’accepter sa petitesse, ces deux Royaumes, mais d’abord le Royaume du Nord vont chercher à se protéger e faisant alliance avec les voisins si forts.

Ça sera un très mauvais calcul parce que les grands n’ont aucun souci des petits, le Royaume du Nord se fera donc avaler par l’Assyrie et disparaitra en 721. Une fois que l’Assyrie a absorbé le Royaume du Nord, ils voudraient poursuivre leur conquête et absorber le Royaume du Sud. C’est précisément dans ce contexte que va prêcher Isaïe. Je m’excuse pour ce cours d’histoire, mais vous comprenez qu’il est bien utile pour comprendre la portée des paroles d’Isaïe. En effet, quand on entend toutes ces belles promesses, on pourrait avoir l’impression que tout va bien.

De fait, normalement, c’est quand un pays est prospère que ses dirigeants font de belles promesses à leurs administrés, quand ça va mal, ils leur demandent plutôt de faire des efforts ! Lui, Dieu, il fait exactement le contraire ! Quand ça va bien, par les prophètes, il va souvent secouer son peuple en disant : attention de ne pas vous endormir ! Et quand ça va mal, il leur rappelle qu’il n’a pas fait un coup d’éclat pour les faire sortir de l’esclavage d’Egypte pour les abandonner ensuite. Il est le Dieu qui sauve et il le manifestera, c’est ce qu’Isaïe, au nom si bien prédestiné, va annoncer. Edmond Rostand, en s’inspirant de Jean de la Croix, a écrit que « c’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière. »

Eh bien le livre d’Isaïe en est une belle illustration, toutes les promesses sont prononcées dans cette situation si sombre et elles annoncent la grande promesse que nous entendrons dans la nuit de Noël : le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Vous avez désormais tous les éléments nécessaires pour relire la 1° lecture que nous avons entendue et savourer les promesses qu’elle contient. Un excellent jeu consisterait à repérer comment Jésus et l’Eglise, après lui et avec lui, les accompliront.

Quant à l’Evangile, il va me permettre de parler un peu plus de François-Xavier ! Je ne souligne qu’un détail, c’est le fait que ces deux hommes, une fois guéris sont tellement heureux qu’ils ne respectent pas la consigne de silence imposée par Jésus. On les comprend facilement, la cécité est un handicap qui rend tellement dépendant des autres, qu’il y a de quoi jubiler quand on retrouve d’une part sa liberté et que d’autre part on peut enfin voir le visage des autres et contempler la beauté de la création. En témoignant ainsi, ils ont dû amener de nombreuses personnes à Jésus.

Eh bien, à n’en pas douter, ce qui a donné à la prédication de St François-Xavier une telle fécondité, c’est le nombre de miracles qui lui sont attribués. Et ça ne semble pas du tout une légende dorée puisque, pour la plupart des récits, c’est François-Xavier lui-même qui les relate dans les lettres qu’il envoyait à ses compagnons. Quand on connait son humilité, cette humilité que je soulignais dans l’introduction de la messe, on ne peut pas imaginer un seul instant qu’il ait inventé ces prodiges pour se faire mousser. D’ailleurs, une bulle du pape Urbain VIII commencera en évoquant ces miracles en ces termes : « Les signes et prodiges par lesquels le Seigneur, au berceau de l’Eglise naissante, confirmait l’enseignement des apôtres, dans sa miséricorde, il les a renouvelés en la personne de son serviteur François Xavier. »

Ces prodiges attireront tellement de personnes à lui ou plutôt à la foi qu’il dira lui-même que, certains soirs, il avait mal au bras à force d’avoir baptisé tant de personnes ! Il est difficile de donner des chiffres exacts mais, dans les documents que j’ai lus, on parle de plusieurs dizaines de milliers de Baptêmes et peut-être même de centaines de milliers. Du coup, confronté à tant de demandes et limité par les contraintes de son humanité, on comprend qu’il ait pu pousser dans une de ses lettres que nous avions à l’office des lectures, ce qu’il faut bien appeler un coup de gueule. Je lis : « Des foules, ici, manquent de devenir chrétiennes, faute d’hommes qui se consacrent à la tâche de les instruire. Bien souvent, il me prend l’envie de descendre vers les universités d’Europe, et de crier à pleine voix, comme un homme qui a perdu le jugement, à ceux qui ont plus de science que de désir de l’employer avec profit : combien d’âmes manquent à la gloire du ciel et tombent en enfer à cause de votre négligence ! Quand ils étudient les belles-lettres, s’ils voulaient étudier aussi le compte que Dieu leur demandera pour le talent qu’il leur a donné ! Beaucoup sentiraient peut-être le besoin de s’engager alors à des exercices spirituels qui les mèneraient à découvrir la volonté divine, après avoir renoncé à leurs propres inclinations, et à crier à Dieu : Seigneur, me voici. Que voulez-vous que je fasse ? Envoyez-moi où vous voudrez, oui, même chez les Indiens ! »

Prions le Seigneur pour que tous les retraitants venus dans nos Foyers et ayant bénéficié de ces résurrections spirituelles prophétisées par Marthe deviennent à leur tour des témoins qui conduisent leur entourage à Jésus. En effet, ils sont nombreux les aveugles d’aujourd’hui qui ont tant le désir de ne plus marcher dans la nuit. Prions pour que nos Foyers soient vraiment ces Foyers de charité, de lumière et d’amour qui pourront les accueillir et demandons l’intercession de St François-Xavier pour qu’il nous obtienne les renforts de vocations qu’il a tant désirés et que, lui, n’a pas eus !

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