17 juin : vendredi 11° semaine temps ordinaire Ouvrir des autoroutes pour la grâce et vérifier les connexions de nos yeux

Nous avons rapidement tourné quelques pages du livre des Rois ! Pour nous y retrouver, permettez-moi de faire une rapide rétrospective des lectures de ces derniers jours. Pendant une bonne semaine, nous avons cheminé avec Elie en lisant/méditant les derniers chapitres du premier livre des Rois. Puis, mercredi, nous avons assisté à la passation de mission entre Elie et Elisée, c’était le début du 2° livre des Rois ; jeudi, nous avons entendu cette magnifique relecture du ministère d’Elie dans le livre du Siracide (appelé aussi Ben Sirac le Sage ou l’Ecclésiastique à ne pas confondre avec l’Ecclésiaste appelé aussi Qoéleth !). Et aujourd’hui, nous nous retrouvons au chapitre 11 du 2° livre des Rois : si donc vous avez l’impression de ne pas être capable de raccrocher cette première lecture à celles de ces derniers jours, c’est normal puisque le lectionnaire nous fait sauter 9 chapitres ! 

Nous sommes dans une période assez troublée de l’histoire d’Israël. Quand on lit ce 2° livre des Rois, il y a un refrain qui revient très souvent pour résumer ce que fut l’action du roi dont on va nous présenter les faits et gestes : Untel fit ce qui est mal aux yeux de Dieu. C’était déjà le cas d’Achab contre lequel Elie a pas mal ferraillé, mais ça sera encore le cas avec ceux qui vont lui succéder. Et, comme si ça ne suffisait pas d’avoir de mauvais rois, voilà qu’aujourd’hui, on nous présente les méfaits d’une femme et mère de roi, Athalie. Ce nom est connu de ceux qui ont fait des études classiques puisque Racine écrira une pièce dont Athalie sera le personnage central et qui porte ce nom. Je ne veux pas faire un résumé de l’histoire qui permettrait de comprendre comment Athalie en est venue à jouer un rôle de premier plan parce que cette histoire est passablement compliquée ! Je voudrais plutôt m’arrêter sur cette question : quel est l’intérêt de lire ces textes aujourd’hui ? Pourquoi font-ils partie de ce que nous nommons « la Parole de Dieu » ? Je formule autrement : qu’est-ce que Dieu pourrait avoir à nous dire à travers les méandres de cette histoire compliquée et si peu glorieuse des rois d’Israël ? Comment entendre dans cette histoire une Parole qui pourrait encore s’adresser à nous, aujourd’hui ?

Ce que, personnellement j’entends comme Parole que Dieu m’adresse, c’est une invitation à ne jamais désespérer, ni de ma situation quand je traverse des moments difficiles, ni de celle de ceux qui m’entourent quand ils me semblent s’égarer bien loin du bon chemin. Quand on lit ces livres des Rois, on constate que le rédacteur biblique ne nous épargne aucun détail sordide, il met sous nos yeux les pires méfaits : non seulement les comportements idolâtriques du peuple et de ses chefs mais aussi des comportements encore plus graves, c’est ainsi que quelques chapitres avant celui d’aujourd’hui, il y a même une histoire de cannibalisme qui nous est décrite. Tout cela nous est montré pour qu’une conviction puisse s’enraciner dans nos cœurs : rien, ni personne, ne pourra empêcher la grâce de Dieu de faire son travail. Dieu avait fait la promesse à David de lui assurer une descendance stable de laquelle serait issu le Messie. La stabilité a été souvent branlante, mais rien, ni personne n’aura empêché que Dieu tienne sa promesse. St Paul résumera cela dans une de ces formules dont il a le secret : les dons de Dieu sont sans repentance (Rm 11,29). Les Rois qui vont succéder à David auront beau faire ce qui est mal aux yeux de Dieu en contractant des alliances contre-nature avec des peuples idolâtres qui les inciteront à adorer leurs dieux de pacotille, Dieu restera fidèle à sa promesse. Les Rois et ceux qui aspiraient au pouvoir auront beau magouiller, mettre en place les complots les plus abjectes, Dieu restera fidèle à sa promesse. Même la reine Athalie n’empêchera pas Dieu de rester fidèle à sa promesse alors que, cette reine Athalie, on aurait pu la rebaptiser, en inversant les voyelles, Athila, tellement là où elle passait, plus rien ne repoussait ! Rien, ni personne n’empêchera Dieu de tenir ses promesses, les dons de Dieu sont sans repentance. C’est la Parole d’espérance que Dieu nous adresse à travers ces textes si particuliers qui pourraient nous rebuter à première lecture.

Mais tirons tout de suite la conclusion qui s’impose parce qu’il ne faudrait pas faire une lecture à contre-sens de tout ce que je viens de dire. Nous pourrions, en effet, nous dire : alors, ne nous cassons pas la tête ! Je n’en suis pas au niveau de la reine Athalie, donc, je n’ai pas besoin de trop me forcer, la grâce accomplira son travail même si je reste dans la médiocrité ! Oui, c’est vrai, je crois que la grâce finira par accomplir son travail dans le cœur de tous les hommes, quelle que soit leur vie. Mais pour certains ça sera sur leur lit de mort et pour d’autres encore un peu après quand ils paraitront devant le Seigneur : quel dommage ! Imaginons la puissance de la grâce si chacun de nous se mettait vraiment à collaborer à son action. Elle arrive à se frayer un chemin même dans les vies les plus tortueuses, mais ce n’est pas sans mal, alors, oui, imaginons ce que pourrait produire le grâce si nous lui ouvrions des autoroutes dans nos vies ! C’est finalement ainsi qu’on peut résumer la vie des saints : ils ont ouvert des autoroutes à la grâce dans leur vie, du coup la grâce a produit des fruits extraordinaires en eux et par eux. Voilà qui devrait nous encourager à choisir la sainteté et à la choisir le plus vite possible comme nous y invitait Marthe Robin qui aimait dire : N’oublions pas que nous n’avons été faits chrétiens que pour devenir des saints. C’est pourquoi nous devons travailler sans trêve, sans relâchement à nous perfectionner dans le service et l’amour de Dieu. Et elle rajoutait encore : « Il faut demander la sainteté pas pour dans 10 ans, pas dans un an, ni pour demain. Tout de suite, maintenant. » (journal 4/03/1930)

Quant à l’Evangile, j’aimerais juste m’arrêter sur cette formule que Jésus utilise : « La lampe du corps, c’est l’œil. » Il y a d’autres paroles qui pourront nourrir notre méditation personnelle au cours de cette journée, je pense particulièrement à celle-ci : « là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » Mais cette parole n’est pas compliquée à comprendre, c’est pourquoi je préfère m’arrêter sur « La lampe du corps, c’est l’œil. » Pour comprendre ce que Jésus veut dire, le plus simple, c’est sans doute de regarder comment fonctionnaient ses yeux à lui. Très souvent dans les Evangiles, une rencontre, un miracle va être déclenché par un regard : Jésus voit et souvent il nous est dit qu’il est « ému de compassion ». C’est-à-dire que ses yeux sont directement branchés sur son cœur et, comme le cœur dans la Bible, c’est le lieu où se prennent les décisions, Jésus est poussé à agir par ce qu’il voit.

Et nous, nos yeux sont branchés sur quoi ? Sur notre machine à juger ? Si, dès nous voyons quelqu’un, c’est un jugement qui monte en nous, ça signifie que nos yeux sont branchés sur notre machine à juger et Dieu sait si elle peut occuper de la place en nous, à certains moments et vis-à-vis de certaines personnes ! Si, dès que nous voyons quelqu’un, ce sont des paroles de reproches et rarement d’encouragement qui sortent de nos lèvres, alors c’est le signe que nos yeux ont un double branchement : un fil sur la machine à juger et un fil sur la langue. Non, c’est sur le cœur que doivent être branchés les yeux ! Prenons la décision, aujourd’hui de vérifier nos branchements et, avec la grâce de Dieu, de reconnecter correctement ce qui doit l’être. Rappelons-nous que l’enjeu est grand puisque Jésus nous dit : « La lampe du corps, c’est l’œil. Donc, si ton œil est limpide, ton corps tout entier sera dans la lumière ; mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. »

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Cela me parle bien dans mon vécu actuel… Merci !

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