3 juillet : saint Thomas Voir pour croire !
J’aimerais réhabiliter Saint Thomas qui est devenu comme le patron des sceptiques, de ceux qui aiment répéter : moi, je suis comme St Thomas, je ne crois que ce que je vois ! Personnellement, je pense qu’il est plutôt le modèle des vrais croyants.
Nous la savons et nous l’avons entendu, quand Jésus vient la 1° fois, Thomas n’est pas là. Où était-il ? L’évangile nous dit qu’il était jumeau, était-il allé rejoindre son jumeau pour se remonter le moral après tous ces événements ? Pourquoi pas ! En tout cas, il n’était pas là ! Alors, quand les autres lui racontent la venue de Jésus, il a du mal à croire. Moi, je le comprends et cela pour deux raisons, une mineure et une majeure. Je vais donc me faire l’avocat de Thomas !
La raison mineure qui explique son impossibilité de croire, c’est qu’il voit bien que cette venue de Jésus n’a rien changé dans la vie des apôtres, ils étaient enfermés dans la peur, ils le restent. On a légitimement le droit de remettre en cause la réalité d’une rencontre qui ne change pas une vie. Et c’est pour cela qu’aujourd’hui, il y en a tant qui ont du mal à croire, c’est qu’ils ne voient pas bien ce que la rencontre avec Jésus a changé dans la vie de bien des chrétiens. C’est pour cela que le pape François avait commencé sa grande exhortation Evangelii Gaudium par cette invitation à faire ou à refaire une vraie rencontre avec le Christ. Ce qui changera notre vie, ce ne sont pas toutes nos bonnes résolutions qui durent ce que durent nos bonnes intentions ! Il n’y a qu’une vraie rencontre avec le Christ qui a ce pouvoir de nous changer durablement, de nous réorienter. Thomas ne voit pas cela chez les apôtres, il doute donc de la vérité de la rencontre et il a raison ! Si on reprend la phrase qu’on lui fait souvent dire : je ne crois que ce que je vois, dans le cas présent, il ne voit rien, donc il doute. Je trouve que c’est tout à fait normal !
Mais il y a une raison plus déterminante qui empêche de Thomas de croire. Et cette raison que j’approuve encore plus, on peut la découvrir dans la raison que Thomas avance pour justifier son incapacité à croire. Il dit : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Il ne demande pas des preuves comme beaucoup le disent bêtement, il ne dit pas, je veux voir Jésus et je veux qu’il fasse un miracle devant nous, non, ce n’est pas ce qu’il demande ! Il dit qu’il veut toucher la marque des clous et la plaie du côté, autrement dit, il veut voir et même plus, il veut toucher les marques de la miséricorde de Jésus pour lui. Parce que la marque des clous, la plaie du côté, ce sont les signes de ce que Jésus a souffert pour nous, pour lui.
Oui, Thomas est bien le patron et le modèle des croyants. Personne ne peut croire sans avoir vu, expérimenté, touché du doigt la miséricorde de Jésus pour lui. Seule l’expérience de la rencontre avec Jésus miséricordieux peut nous établir dans la foi, une vraie foi, pas une foi qui soit la mise en œuvre d’un ensemble de convictions morales plus ou moins rigides. Thomas veut voir, il veut toucher, il a raison, il y a droit comme tous les croyants ! Demandons la grâce de pouvoir faire et refaire sans cesse cette expérience de la miséricorde. Thomas avait tellement désiré cette expérience que Jésus est revenu juste pour lui. Eh bien, parce que Jésus est le même aujourd’hui, hier et à jamais Jésus viendra pour nous aussi pour que nous puissions faire cette même expérience de la miséricorde si nous le désirons autant que Thomas !
Mais vous pourriez me dire que cette manière de lire pose une grosse question, oui Jésus revient pour Thomas, mais il n’a pas l’air très content, la preuve, il dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
J’aime bien dire que l’un des problèmes de l’Evangile, c’est que nous ne savons pas avec quelle intonation de voix Jésus a prononcé certaines paroles. Parce que l’intonation peut tout changer ! Moi, je ne pense pas une seconde que la remarque de Jésus soit une remontrance à l’égard de Thomas. Si c’était le cas, cette remontrance viendrait remettre en cause la cohérence de l’évangile de St Jean qui est articulé autour de 3 verbes : venir, voir et croire. La foi, elle vient au terme d’un processus qui commence par les pieds, il y a toujours une démarche à faire qui m’obligera à quitter, à bouger, VENIR. Ensuite, il faudra voir et c’est pour cela qu’on appelle l’évangile de St Jean, l’évangile des signes qui comporte seulement 7 grands signes, miracles. Et c’est le fait de les voir qui va susciter la foi. Et enfin, parce que je me suis bougé, parce que j’ai vu, je peux croire. Si vous relisez un jour l’évangile de St Jean, relisez-le avec cette clé de lecture : Venir-voir-croire. Donc, la remarque de Jésus ne peut pas être une remontrance de Jésus qui reprocherait à Thomas sa demande de voir pour croire. Mettons la bonne intonation et la remarque de Jésus devient comme une remarque de bon sens : croire, sans voir, c’est vraiment exceptionnel, heureux sont-ils ceux qui y arrivent, mais toi, Thomas, comme tout le monde et c’est bien normal parce que c’est le chemin habituel de la foi, tu as eu besoin de voir pour croire.
Encore une fois, c’est parce qu’ils ne voient pas grand-chose que tant de personnes n’arrivent pas à croire. Les grands témoins, ceux chez qui on VOIT la foi à l’œuvre, ont toujours suscité l’admiration, ont toujours attiré. Peut-être avons-nous trop réfléchi sur la visibilité de l’Eglise, des chrétiens. Bien des réunions en paroisse mais pas qu’en paroisse tourne autour de cette question : comment nous rendre plus visibles, comment être plus présents dans la vie de la cité, comment nous faire connaître ? Mais la question de fond n’est pas là ! Parce qu’il ne s’agit pas de chercher à nous faire voir, il s’agit de montrer le Christ. La bonne question, c’est de savoir si ce que nous montrons de nous laisse voir le Christ. Est-ce que les gens qui nous voient, voient, à travers nous, la puissance du Ressuscité qui est à l’œuvre ? Pour croire, aujourd’hui comme hier, le monde a besoin de VOIR, que voient-ils en nous regardant, en regardant nos Foyers, nos communautés ?
Que St Thomas intercède pour nous, qu’il nous donne de devenir de vrais croyants qui pourront susciter de vrais croyants.
Si nous ne cherchons qu’à nous « faire voir », allons nous faire voir !!!
Amen !
😉
😀
Deux idées :
Saint Thomas devrait être le patron des enquêteurs des affaires criminelles. En effet, ces derniers recherchent empreintes, douilles et autres indices pour avancer dans leurs démarches.
Me vient également à l’esprit une chanson de Marc Lavoine que je transforme légèrement :
Jésus a les yeux revolver, il a tire le premier, il a le regard qui redonne vie, il m’a touché, je le remercie.
Alors oui, n.oublions jamais toutes les œuvres de résurrection que le Seigneur à déjà opère en nous. En n’ayant pas la mémoire courte, nous pourrons être alors des transparents de Dieu sans pour autant être l’homme invisible.