30 novembre : Fête de Saint André Quel merveilleux charisme, il avait reçu par l’intermédiaire de Jean-Baptiste !

Nous sommes à peine entrés dans le temps de l’Avent que, déjà, le temps d’une journée, nous nous en écartons pour fêter l’apôtre St André. Presque chaque mois, l’Eglise nous donne de fêter un apôtre. Ces fêtes qui reviennent si régulièrement nous aident à nous replacer devant la grandeur du mystère de l’appel de Jésus, appel qui a sorti des hommes assez ordinaires de leur quotidien ordinaire pour en faire des pêcheurs d’hommes comme on l’a entendu dans l’Evangile. C’est ce même appel qui a retenti pour nous aussi, nous qui, à l’image des apôtres, n’avons rien d’extraordinaire. Mais le Seigneur a voulu avoir besoin de nous pour que, dans les Foyers, dans le monde, sa Parole, puisse être annoncée. Comment l’invoquer, si on n’a pas mis sa foi en lui ? Comment mettre sa foi en lui, si on ne l’a pas entendu ? Comment entendre si personne ne proclame ? Et comment proclamer sans être envoyé ? Oui, Paul a bien raison, c’est la proclamation de la Parole qui conduit à la foi, à la conversion et c’est cette conversion qui donne, redonne sens à la vie. Nous en sommes témoins chaque fois que les retraitants partagent leurs actions de grâce. 

Pour autant, reconnaissons-le, ce mystère de l’appel de Jésus nous déconcerte. Qu’il s’agisse de l’appel des apôtres ou de notre propre appel. Pourquoi Jésus n’a-t-il pas appelé des personnes meilleures, plus compétentes, avec moins de défauts ? Pourquoi a-t-il appelé ces apôtres bruts de décoffrage et pourquoi nous a-t-il appelé à leur suite pour proclamer la Parole alors que nos vies, nos choix tordus, nos embrouilles viennent si souvent démentir l’amour que nous voulons proclamer ? C’est un bien grand mystère qui, comme le disait Mgr d’Ornellas, lundi, ne peut que nous tenir dans l’humilité, mais aussi, par ricochet, dans la confiance. Ni les apôtres, ni nous n’avons répondu à un appel d’offre, ni les apôtres, ni nous n’avons candidaté pour obtenir je ne sais quel poste. Son appel nous a rejoints et nous en sommes encore étonnés parce que, nous le savons, lorsqu’il nous a appelés, il nous connaissait parfaitement. Nous sommes donc dans la confiance ! Nous savons aussi que Jésus n’a jamais appelé des personnes parce qu’il les avait reconnues capables mais il a toujours rendu capables les personnes qu’il appelait pour peu que ces personnes reconnaissent leur pauvreté et se livrent loyalement au travail de la grâce.

C’est vrai, que les apôtres ne se sont pas tout de suite montrés à la hauteur, mais ils ont dit oui, et ce oui, ils ne l’ont jamais repris même quand ils ont pu se trouver humiliés par leurs attitudes si peu à la hauteur de la confiance que Jésus leur accordait. De fait, on peut facilement imaginer que leurs faiblesses, à certains moments, devaient les décourager, comme nos propres faiblesses peuvent à certains moments nous décourager, mais ils ont continué le chemin, s’appuyant sur la force que leur donnait l’appel reçu. Il y a eu aussi des moments où le découragement venait du fait qu’ils n’arrivaient plus à comprendre ce qui leur était demandé et pourquoi le chemin devenait si difficile, comme il peut nous arriver, nous aussi, à certains moments de ne plus comprendre pourquoi il nous fait passer par tel ou tel chemin. Mais, dans ces moments de brouillard, ils ont osé la confiance et ils nous invitent à la confiance.

Et, non seulement ils n’ont jamais repris leur oui, mais ce qui est plus grand encore, c’est qu’ils l’ont renouvelé ce oui. Ils l’ont renouvelé à l’Ascension quand Jésus les réunit une dernière fois et les envoie pour une mission complètement folle tellement elle dépasse leurs capacités : Allez ! De toutes les nations faites des disciples ! Aucun d’entre eux, en entendant cet ordre de mission, ne se défile en pensant que Jésus leur en demande trop. Ils s’appuient tous sur la parole qui suit cet envoi en mission : Et moi, leur dit Jésus, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. Leur oui, ils le renouvelleront encore à la Pentecôte quand, recevant la force du Saint-Esprit, ils vont oser sortir pour évangéliser en paroles et en actes, ayant même l’audace d’invoquer la puissance du Nom de Jésus pour accomplir des miracles. Leur oui, ils vont encore le renouveler, et de quelle manière, puisque, à l’ultime moment de leur vie, ils vont tous accepter le martyr pour rester fidèles à Jésus jusqu’au bout. Appuyons-nous sur leur expérience, sur leur fidélité, pour renouveler notre oui au cœur même de nos faiblesses et des épreuves qu’il nous faut traverser, en croyant que le Seigneur peut toujours accomplir des merveilles à travers ceux qui osent joyeusement livrer leur fragilité à la puissance de sa grâce transformante.

Après ces considérations générales sur l’appel que j’avais besoin de me redire et de vous partager, j’aimerais maintenant souligner une très belle qualité ou plutôt un très beau charisme qu’avait l’apôtre André que nous fêtons aujourd’hui. Ce très beau charisme, nous pouvons le découvrir en relisant les différents passages de l’Evangile où il est question d’André. Ce charisme, c’était sa capacité à mettre les personnes en lien avec Jésus. Mais avant de le voir à l’œuvre, nous pouvons nous demander comment ce charisme lui a été donné.

Vous vous rappelez, dans le Premier Testament, avant qu’Elie ne soit emporté au ciel, Elisée fait cette magnifique demande : il veut recevoir une double part de l’Esprit qui reposait sur son maître. Eh bien, on pourrait dire que ce charisme de pouvoir, de savoir mettre en lien avec Jésus, c’est comme une double part de l’Esprit qui reposait sur Jean-Baptiste qui a été donné à André au moment où celui-ci l’a quitté. Nous le savons par l’Evangile de Jean, André était l’un des deux disciples qui étaient avec Jean-Baptiste quand Jésus est passé. Jean-Baptiste a dit : Voici l’Agneau de Dieu, André a entendu et il a compris que, par ces paroles, son maitre, Jean-Baptiste, leur demandait de se détacher de lui pour s’attacher à Jésus. Il a compris que le Baptiste était là pour les conduire à Jésus. Il aura sûrement été très impressionné par cette belle qualité de Jean-Baptiste qui a voulu conclure sa mission en mettant ses propres disciples en lien avec Jésus. Alors, peut-être qu’en quittant son maitre et en se retournant une dernière fois, à la manière d’Elisée, secrètement, il a demandé de pouvoir recevoir une double part de l’Esprit qui reposait sur Jean-Baptiste. Il a été exaucé et c’est ainsi qu’il recevra ce merveilleux charisme de pourvoir, à son tour mettre en lien avec Jésus tous ceux qui étaient en recherche. Regardons maintenant comment il l’a exercé.

Le 1° épisode dans lequel on voit ce charisme à l’œuvre, c’est quand il met Pierre, son frère, en lien avec Jésus. Aujourd’hui, nous avons lu l’appel d’André et Pierre dans l’Evangile de Matthieu, mais, nous le savons, Jean, dans son Evangile va raconter les choses autrement. Quand le Baptiste a mis André en lien avec Jésus, André va passer une nuit avec Jésus en compagnie d’un autre apôtre, vraisemblablement Jean puisqu’il sera capable de le raconter. Après cette nuit, André est tellement enthousiaste qu’il va vite trouver son frère Simon pour lui dire : viens, nous avons trouvé le Messie. André n’a qu’un seul désir mettre Simon, son frère, en contact avec Jésus et on connait la suite : Jésus donnera à Simon le nom de Pierre avec cette grande mission de guider l’Eglise. Tout cela a été rendu possible grâce à ce charisme qu’André avait reçu par l’intermédiaire de son maître, Jean-Baptiste. 

Le 2° épisode, c’est au cours de la multiplication des pains. Toujours dans le récit de Jean, nous voyons tous les apôtres découragés, ne comprenant pas ce qu’ils pourraient faire pour nourrir cette foule que Jésus ne veut pas renvoyer. Mais il y en a un qui ne baisse pas les bras, c’est André, il a repéré un enfant qui a 5 pains d’orge et deux poissons. Bien sûr, il se demande comment ça pourrait suffire, mais il va quand même mettre cet enfant en lien avec Jésus. Il fait confiance à la générosité de cet enfant et à la puissance de Jésus. Et on connait la suite, le miracle va avoir lieu. Encore une fois, tout cela a été rendu possible grâce au charisme qu’André a reçu de mettre en lien avec Jésus.

Le 3° épisode, peut-être plus discret, nous est encore rapporté par l’Evangile de Jean. Un groupe de personnes grecques veulent voir Jésus et elles ne savent pas bien comment s’y prendre. Alors, elles vont voir Philippe ; Philippe, il a un nom d’origine grecque, peut-être était-il donc connu de ces grecs. Mais Philippe ne sait pas bien comment s’y prendre pour répondre à ce désir manifesté par ces personnes. C’est alors qu’il se rappelle que dans le groupe des apôtres, il y en a un qui est spécialiste de la mise en lien avec Jésus, c’est André. Alors l’Evangile nous dit que Philippe va trouver André et qu’il fera ce qu’il faut pour que ces hommes puissent rencontrer Jésus.

Au jour de sa fête, nous pouvons, à notre tour, demander par son intercession qu’une double part de l’Esprit qui reposait sur lui nous soit donnée pour que, nous aussi, nous puissions, mettre en lien avec Jésus tous ceux qui viennent à nous.

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