5 septembre : Est-ce que tu sais ce que tu fais ?

« As-tu quelque chose sans l’avoir reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te vanter comme si tu ne l’avais pas reçu ? » Cette mise au point de Paul que nous avons entendue dans la 1° lecture devrait nous aider à nous tenir dans une humble gratitude, les deux mots sont importants : humble gratitude. 

  • Je commence par la gratitude parce qu’elle évoque ce parcours que nous avons fait au moment du confinement. Dans cette mise au point, Paul veut d’abord insister sur le fait que Dieu donne, il donne à chacun, il donne à tous. Si quelqu’un osait dire que lors de la distribution des dons, des charismes, il a été oublié, ça serait comme un blasphème puisqu’il mettrait en doute la bonté de Dieu, son amour qui ne fait aucune différence entre les hommes. Oser penser que je n’ai pas de charismes ou que j’en ai moins que d’autres, c’est mettre en doute la juste bonté de Dieu qui donne à chacun non pas en fonction de ses mérites, mais en fonction de ce dont il a besoin. Il est possible que nous n’ayons encore pas vu tous les dons que le Seigneur nous a faits, mais nous ne pouvons pas douter qu’il nous ait fait des dons. Je le redis : en douter serait douter de la bonté de Dieu. « As-tu quelque chose sans l’avoir reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te vanter comme si tu ne l’avais pas reçu ? » Cet avertissement de Paul est donc une invitation à vivre dans la gratitude.
  • Mais c’est aussi une invitation à vivre dans l’humilité. Et justement cet avertissement nous aide à comprendre ce qu’est la véritable humilité. On a trop souvent laissé croire que chercher à vivre dans l’humilité ça serait se nourrir de la spiritualité de la serpillère, chercher à être piétiné, humilié. Non ! D’abord, nous n’avons pas à le chercher parce qu’il se trouvera toujours des personnes pour nous humilier sans que nous n’ayons besoin de le chercher ! Mais surtout l’humilité, c’est reconnaître que ce que je suis, ce que j’ai, je le dois à la grâce de Dieu. C’est ce que dit Marie dans le Magnificat : Le Seigneur a fait en moi de grandes choses. Ce n’est pas la spiritualité de la serpillère, mais c’est de l’humble gratitude. 

Tout au long de ce jour, comme nous y sommes invités chaque samedi, mettons-nous à l’école de Marie pour vivre dans cette humble gratitude. « As-tu quelque chose sans l’avoir reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te vanter comme si tu ne l’avais pas reçu ? »

Quelques mots sur l’Evangile. Une nouvelle fois, nous assistons à une controverse sur le respect de la loi et particulièrement sur cet aspect si essentiel de la loi qu’est le respect du sabbat. On traite souvent un peu trop rapidement cette question du respect du sabbat qui était un élément essentiel du judaïsme. Et nous sentons bien que, même s’il y a souvent des étroitesses dans l’énoncé de cette loi et dans son invitation à la respecter scrupuleusement, il y a aussi un trésor qu’il nous faudrait redécouvrir. Nous sentons bien que la manière de vivre le dimanche qui est le sabbat des chrétiens devient de plus en plus problématique. Régulièrement les papes nous invitent à redonner du sens au dimanche parce que c’est le dimanche qui donnera du sens au reste de la semaine.

Comment retrouver le sens du dimanche, comment dire toute l’importance du respect du sabbat chrétien sans retomber dans un légalisme mortifère que Jésus condamne dans cet Evangile ? 

J’ai lu un commentaire que j’ai trouvé assez éclairant, je vous le partage. Ce passage de l’évangile que nous avons entendu si vous le lisez dans votre Nouveau Testament, notamment la TOB, j’ai vérifié, vous trouverez une note qui vous dit que certains manuscrits comportent l’ajout d’un verset. Je ne veux pas trop entrer dans les détails parce qu’on arrive vite dans des affaires compliquées qui sont quand même un peu réservées aux commentateurs érudits des Ecritures que je ne suis pas ! C’est ce qu’on appelle la critique textuelle qui travaille sur la comparaison des manuscrits anciens pour repérer les variations jamais très nombreuses qui peuvent exister d’un manuscrit à l’autre.

Sur ce texte de Luc, il y a donc une petite variation qui n’a pas été retenue dans les traductions habituelles, il y a un petit verset ajouté qui dit : « Jésus regarda quelqu’un qui travaillait pendant le sabbat, et il lui dit : Homme, si vraiment tu sais ce que tu fais, tu es heureux. Par contre si tu ne le sais pas, tu es maudit et transgresseur de la loi ! » Ce verset n’a pas été repris dans nos traductions car il n’est pas présent dans suffisamment de manuscrits. Mais, moi, je pense qu’il aurait bien pu être prononcé par Jésus. En tout cas, il me semble bien éclairer la question que je posais : comment ne pas brader la loi, notamment le respect du sabbat et du dimanche pour nous, sans tomber dans un légalisme étriqué et étouffant ?

C’est là que ce verset peut nous éclairer : il s’agit de savoir ce qu’on fait, de donner du sens à ce qu’on fait. Autrement dit, quand les pharisiens critiquent les apôtres qui ont froissé du blé pour le manger alors que les règles du respect du sabbat l’interdisent, Jésus ne prend pas systématiquement la défense de ses apôtres, il ne relativise pas non plus la loi. Il dit : s’ils savaient vraiment ce qu’ils ont fait, il n’y a pas de problème, « Homme, si vraiment tu sais ce que tu fais, tu es heureux. » Par contre, la suite du verset ajouté est également très importante : « Par contre si tu ne sais pas ce que tu fais, tu es maudit et transgresseur de la loi ! » Si les apôtres ont froissé et mangé du blé parce qu’ils se sont laissé conduire par leur instinct, ce n’est pas une conduite ajustée. Se laisser dominer par ses instincts, c’est perdre sa liberté, c’est, à terme, devenir esclave de nos instincts qui vont vite nous conduire au péché. La loi, elle est là, justement pour nous mettre en garde, pour nous aider à rester vigilants en nous indiquant le bien, le bon, le vrai. Alors si les apôtres ont réfléchi avant de froisser et de manger ces épis, ils n’ont pas péché parce que la loi ne peut pas devenir un carcan, mais s’ils se sont laissé dominer par leur faim sans réfléchir au bienfait qu’il y aurait à peut-être se priver de nourriture, alors ils sont transgresseurs de la Loi.

Il n’y a que le St Esprit qui puisse nous donner le discernement nécessaire pour ne pas brader la loi sans tomber dans le légalisme. Il n’y a que le St Esprit qui puisse nous aider à réfléchir à ce que nous faisons pour ne pas nous laisser dominer par nos instaincts. Qu’il nous accompagne tout au long de ce jour.

Cet article a 2 commentaires

  1. Wilhelm Richard

    Attention père, comme au Tour de France, il peut y avoir des bordures. Serait-ce l’échappée belle pour vous ? C’est peut-être bidon pour vous, mais ce n’est pas encore le jour de repos ! Une pénalité de vingt secondes peut vous être infligée.
    Une disqualification peut même être attribuée en cas d’utilisation d’une voiture.
    Il faut toujours avoir a l’esprit de respecter le règlement car rien ne sert de tricher, il faut partir à point.

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