3 décembre : Isaïe et Monsieur Plus

Intro à la 1° lecture :

Pour bien comprendre un texte, il est toujours nécessaire de le remettre dans son contexte. En tout cas, si on peut le faire, ça va donner du relief à ce qu’on lit ou à ce qu’on entend.

Imaginez que vous tombiez sur un recueil de lettres, vous vous mettez à les lire, assez vite, vous allez identifier que ce sont, par exemple, des lettres d’amour. Vous pouvez être touchés par la force des sentiments qui sont échangés. Mais si vous savez que ces lettres d’amour ont été écrites par un jeune homme qui était soldat et qu’il les a écrites juste avant de monter en front et qu’il savait qu’il n’avait qu’une chance sur 1000 de s’en sortir vivant, ça va donner encore plus de force aux mots qui sont échangés.

Pour la Bible, surtout pour le 1° Testament qui est plus loin de nous et qui se réfère à tant d’époques différentes, il est vraiment important, à chaque fois qu’on le peut de replacer le texte dans son contexte pour en retirer toute la saveur.

Permettez-moi de vous dire quelques mots sur le contexte historique du livre d’Isaïe puisque nous allons le lire pendant pas mal de jours dans ce temps de l’Avent. Déterminer le contexte historique n’est pas toujours chose facile, surtout pour ce livre d’Isaïe parce qu’il fait allusion des événements qui sont parfois très éloignés les uns des autres. Les exégètes sont sûrs que ce n’est pas le même homme qui a écrit la totalité du livre. C’est pour cela qu’on a pris l’habitude de parler du premier, du second et du troisième Isaïe. Mais comme il y a un même souffle qui traverse ce livre, on n’a pas eu de peine à unifier ces écrits sous un même nom.

Les chapitres que nous lisons pendant le temps de l’Avent appartiennent au premier Isaïe, nous sommes avant l’Exil à Babylone, ceux que nous lirons dans le carême et particulièrement la semaine sainte au 2° Isaïe, c’est le temps de l’Exil et les chapitres du 3° Isaïe correspondent au retour de l’Exil.

Le texte que nous allons entendre a donc été écrit avant l’Exil, c’est-à-dire à une des périodes les plus compliquées, les plus angoissantes. Vous savez que le peuple des hébreux était composé 12 tribus. Ces 12 tribus, libérées de la servitude en Egypte, après la longue traversée du désert sous la houlette de Moïse s’étaient partagé le pays en entrant dans la Terre promise. Il faut reconnaître que la cohabitation n’a pas toujours été simple, certains s’estimant lésé dans la répartition, d’autres estimant qu’on ne reconnaissait pas assez leur supériorité … Bref, ce n’était pas simple, comme dans une famille où il y a souvent des frictions, mais en lisant le dernier Astérix, j’ai appris que c’était le signe qu’on s’aimait bien !

Dans cette histoire, il y a un personnage qui va jouer un rôle important, c’est David qui a vécu vers l’an 1000 parce qu’il va unifier ces 12 tribus et constituer ainsi un Royaume solide. C’est l’apogée de l’histoire d’Israël qui ne connaîtra plus jamais une telle grandeur, une telle unité. Très vite, après David, ça va se gâter ! En 932, il y a ce qu’on appelle le grand schisme et le Royaume va être partagé en deux, il y aura le Royaume du Nord avec Samarie comme capitale que la Bible appelle Israël et le Royaume du Sud avec Jérusalem comme capitale que la Bible appelle Juda (sans s !). En 721, le Royaume du Nord qui a voulu faire Alliance avec les grandes puissances du moment pour se protéger est rayé de la carte, quand les petits, plutôt que de compter sur la fidélité de Dieu, cherchent protection auprès des super-puissances, ils se mettent dans la gueule du loup !

C’est à ce moment qu’est écrit le livre d’Isaïe, mais il est écrit pour ceux du Royaume du Sud qui sont donc dans une grande angoisse : est-ce qu’il va nous arriver la même chose ? Est-ce que nous aussi nous allons un jour disparaître ?

Ce livre est merveilleux parce qu’il contient tellement de belles promesses de la part de Dieu, nous allons en entendre quelques unes, mais il y en a à toutes les pages. Pourtant ne nous trompons pas, Isaïe ne cherche pas à rassurer à bon compte. Il annonce toutes ces promesses de la part de Dieu en précisant bien qu’elles ne pourront se réaliser que si le peuple fait le choix de la fidélité à Dieu. Dieu n’abandonnera pas son peuple, mais si le peuple l’abandonne, il arrivera ce qui est arrivé au Royaume du Nord. Mais s’il renouvelle sa fidélité à son égard, alors il vivra et tout ce qui est annoncé, promis sera pour lui. Car celui qui met sa confiance dans le Seigneur n’a jamais à le regretter. 

Certes, il peut connaître des moments difficiles, mais Dieu sera toujours à ses côtés. Et s’il s’appuie sur le Seigneur, il pourra traverser ces moments difficiles. Derrière ces mots que je suis en train de prononcer, vous pouvez lire en filigrane l’expérience de Marthe.

Ecoutons ce texte, accueillons ces promesses, elles sont aussi pour nous, si nous renouvelons notre fidélité dans le Seigneur.

Homélie Evangile

Rassurez-vous, l’homélie sera courte puisqu’il y a eu une longue introduction à la 1° lecture !

L’année prochaine, je fête un anniversaire important ! 20 ans que je n’ai plus de télé ! Ça m’a bien libéré … le seul problème, c’est que je suis un peu décalé, mes références télévisuelles remontent à 20 ans, c’est-à-dire un temps que vous n’avez pas connu … Il y avait une chanson qui disait cela : je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître !

Tant pis, je vais vous parler d’une pub qui n’existe sûrement plus … mais elle existait au moment où j’avais encore la télé et je vous avoue que je ne me rappelle plus pour quel produit elle avait été créée. Mais ce dont je me rappelle bien, c’est qu’elle présentait un certain Monsieur qu’on avait fini par appeler Monsieur Plus ! Dans les réceptions, il passait derrière les serveurs et d’un coup de coude, placé au bon moment, il les obligeait à remplir la coupe de Champagne qu’ils n’auraient autrement rempli qu’à moitié … et ainsi de suite ! En tout cas, partout où il passait, il y avait du plus dans les verres, dans les assiettes.

Quand j’entends cet Evangile, je ne peux pas m’empêcher de penser à Monsieur Plus. Pour moi, Jésus, c’est vraiment Monsieur Plus ! Vous avez entendu, il y a des boiteux, des aveugles, des estropiés, des muets, et beaucoup d’autres encore nous dit le texte et Jésus les guérit tous. On apprendra un peu plus loin dans le texte que ça fait 3 jours que c’est comme ça. Le soir venu, Jésus pourrait dire : bon, on a bien travaillé, ils vont rentrer chez eux et nous chez nous et on va se reposer, rendre grâce au Seigneur pour sa puissance d’amour que j’ai manifestée et on fera une bonne nuit.

Rien du tout ! Jésus appelle ses disciples et leur dit : « Je suis saisi de compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, ils pourraient défaillir en chemin. » Quand je vous dis que Jésus, c’est Monsieur Plus, c’est bien vrai ! Il n’en aura jamais fait assez ! On sent bien, à leur réaction, que les apôtres trouvent que plus c’est un peu trop ! Ils expliquent à Jésus, et c’est tout à fait vrai, qu’on ne trouvera jamais de quoi nourrir une telle foule ! Leur réaction est pleine de bon sens, sauf qu’ils ont oublié que Jésus, c’est Monsieur Plus. Il a déjà beaucoup fait, mais il va faire encore plus ! Il va multiplier les pains.

Il y a une parole de la lettre aux Hébreux que j’aime particulièrement : Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui, et éternellement. Hb 13,8 Ça signifie concrètement que Jésus n’a rien perdu de sa puissance, ce qu’il faisait hier, il peut le faire aujourd’hui ; ce qu’il était hier, il l’est encore aujourd’hui ! Jésus était et il restera éternellement Monsieur Plus ! Le drame c’est qu’il y a de moins en moins de gens qui croient en lui, qui s’adressent à lui en mettant une foi, une confiance absolue en Lui. Monsieur Plus est confronté en permanence au moins, moins de croyants, moins de confiance en lui, moins de demandes. On peut imaginer que tout cela le désole profondément.

Alors, ne soyons pas de ceux qui désolent Jésus, il est Monsieur Plus, demandons-lui toujours plus ! Mais attention, Monsieur Plus n’est pas un magicien, il ne peut donner plus qu’à ceux qui reconnaissent qu’ils n’ont rien, qu’ils sont des pauvres. Nous nous préparons à la fête du 8 décembre, rappelons-nous du chant de Marie : il comble les pauvres et renvoie les riches les mains vides. Si nous savons reconnaître notre pauvreté, et ce soir nous serons invités à le faire dans le sacrement du pardon, alors Monsieur Plus nous comblera de son amour.

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