6 juillet : quand Dieu est accro aux hommes !

Cette homélie est donnée pour l’ouverture de la retraite prêchée par le père Godefroy DELAPLACE

C’est le livre d’Osée qui va vous accompagner dans les lectures de la plus grande partie de votre semaine de retraite. Alors, ça ne sera pas du temps perdu que de faire un peu plus connaissance avec lui pour mieux entendre ce que le Seigneur voudra vous dire à travers ces textes qui deviendront plus que des textes puisqu’ils sont la Parole que Dieu nous adresse.

Dans vos Bibles, le livre d’Osée se trouve après le livre de Daniel qui, lui-même vient après les 3 plus grands prophètes : Isaïe, Jérémie et Ezéchiel. Osée arrive comme le premier livre d’une série de 12 petits prophètes, c’est ainsi que les nomme la Tradition. Ils sont appelés petits non pas en raison du caractère mineur de leur enseignement, mais parce que ces livres ont peu de chapitres en comparaison des 3 grands prophètes. Osée a commencé son ministère de prophète dans les années 750 avant JC, bien sûr ! Et il l’exercera une trentaine d’années.

Ce qui fait la particularité de ce livre et sa beauté, c’est l’extrême imbrication de sa vie personnelle ou plutôt sentimentale, conjugale et son ministère de prophète. Comme on le dirait aujourd’hui, Osée n’a pas eu de chance en amour, il a épousé une femme très volage, certains passages vont même jusqu’à la comparer à une prostituée, c’est dire à quel point ses infidélités sont graves ! Evidemment, le plus simple aurait été qu’Osée répudie cette femme avec qui il ne pouvait avoir que des déboires, mais ce n’est pas possible parce que, cette femme, il l’a dans la peau ! C’est sa femme et il l’aime ce qui explique à quel point il peut souffrir quand il se rend compte de ses infidélités. Si elle lui était devenue indifférente, ça ne lui ferait plus ni chaud, ni froid … mais il continue à l’aimer comme au 1° jour.

C’est en raison de cette situation si douloureuse que Dieu appelle Osée comme prophète. C’est un peu comme s’il lui disait : « Tu as des soucis avec ta femme, moi, j’ai des soucis avec mon peuple. Ta femme est infidèle et tu en souffres, mon peuple est infidèle et j’en souffre autant que toi. Tu ferais mieux de la quitter pour être débarrassé de tous ces soucis mais tu ne peux pas parce que tu l’as dans la peau, c’est comme moi, je n’arrive pas à oublier ce peuple qui me fait tant souffrir. C’est ta femme qui te fait souffrir et qui est coupable et c’est toi qui déploies des trésors d’imagination pour regagner son cœur, moi aussi, je suis dans une opération de séduction permanente pour reconquérir le cœur de mon peuple infidèle. » Oui, manifestement Osée et Dieu avaient tout pour se comprendre ! Alors Dieu choisit Osée pour que, du fond de sa douloureuse expérience conjugale, il puisse se faire l’interprète des sentiments de Dieu. Avec ce que Osée vivait, avec la sensibilité que son expérience avait développée en lui, Dieu était sûr que son prophète pourrait trouver les bons mots pour parler en son nom. L’extrait que nous avons entendu nous montre que Dieu ne s’est pas trompé, les mots d’Osée quand il parle de l’amour de Dieu pour nous sont bouleversants. C’est aussi bouleversant de constater que nos plus grandes misères peuvent aussi devenir les lieux à partir desquels Dieu peut parler et se révéler !

C’est donc un très beau livre que ce livre d’Osée qui nous dévoile le cœur de notre Dieu, comme on le dit, complètement accro à son peuple, c’est-à-dire à nous, à vous et à moi. Osée nous parle d’un Dieu dont la miséricorde est folie d’amour et elle est pour vous, pour moi, pour tous les hommes, puissiez-vous y goûter sans modération tout au long de cette semaine ! Le livre d’Osée va donc surtout parler de Dieu, de son amour, de ses efforts pour nous reconquérir et l’Evangile apporte un heureux complément puisqu’il nous invite à considérer que, si Dieu fait l’essentiel, nous ne sommes pas dispensés de toute démarche. Et ce qui est intéressant dans l’Evangile d’aujourd’hui, c’est que les deux démarches qui nous sont présentées imbriquées l’une dans l’autre, sont deux démarches folles.

1/ Un notable vient voir Jésus, les autres évangiles lui donnent un nom et une fonction, ils disent qu’il s’agit de Jaïre qui est chef de la synagogue. C’est déjà un indice important parce que les notables, les chefs n’ont pas l’habitude de se retrouver en situation de pauvreté ; habituellement, ils ont du pouvoir et un pouvoir qui leur permet d’être à l’abri de tout souci matériel, donc ils n’ont rien à demander puisqu’ils ont tout ! Mais voilà que cet homme, ce notable a un très gros problème qui lui fait découvrir que son pouvoir, sa respectabilité, son aisance financière ne sont rien, il a perdu sa fille, elle est morte. Vous avez entendu, elle est morte, dans les autres évangiles, elle est seulement très malade quand Jaïre vient trouver Jésus. Mais, là, elle est morte, c’est donc fini ! Mais l’amour de ce père le pousse à faire une démarche complètement folle, aller voir Jésus pour lui demander d’imposer les mains à sa fille. Vous savez comme dans la fresque de Michel-Ange à la chapelle Sixtine quand Dieu tend la main pour toucher Adam et lui donner la vie. Ce notable qui est avant tout un père est donc animé d’une foi extraordinaire et c’est cette foi qui le pousse à faire cette démarche, à croire qu’avec le Seigneur, rien n’est jamais définitivement perdu, qu’il n’est jamais trop tard. Puissiez-vous être animés de cette même foi tout au long de la semaine pour ne pas prendre votre parti devant tout ce qui, en vous, semble déjà mort. Croyez comme Jaïre que le Seigneur peut et veut, par la puissance de son Esprit-Saint, Esprit de Vie, vous visiter et vous faire revivre. Avec le Seigneur, ce n’est jamais trop tard et rien n’est jamais trop grave !

2/ La démarche de cette femme est aussi une démarche folle. Elle souffre d’hémorragies depuis 12 ans. Les autres évangiles nous disent qu’elle a dépensé tout son argent en essayant tous les traitements possibles … C’est donc foutu pour elle ! Mais elle ne veut pas se résoudre à se considérer comme perdue, elle animée par une soif de vie qui la pousse à faire encore une démarche, elle veut y croire encore. Normalement, elle n’aurait pas dû se mêler à une foule et surtout pas toucher un homme car se saignements la rendait impure et elle refilait cette impureté à ceux qu’elle touchait. Mais, le Saint-Esprit avait dû lui souffler qu’elle pouvait aller toucher Jésus parce qu’il était justement venu pour prendre sur lui tout ce qui nous écrasait, tout ce qui nous empêchait de vivre. Et cette femme, sa maladie, elle était dramatique, elle l’atteignait au cœur de son intimité l’empêchant d’être vraiment une femme épanouie. On comprend qu’au bout de 12 ans, elle n’en puisse plus et soit prête à tout. C’est ce que nous avons entendu hier : venez à moi, vous tous qui n’en pouvez plus ! Elle a osé et elle n’a pas été déçue. Vous connaissez la publicité du loto : 100% de ceux qui ont gagné ont joué … c’est pas bête comme publicité, mais franchement, il n’y a rien de miraculeux ! Avec Jésus, ce n’est pas du vent : 100% de ceux qui l’ont approché avec foi en osant lui dévoiler leur pauvreté ont été visités et restaurés. Puissiez-vous, au cours de cette retraite prendre le temps d’exposer à Jésus toutes vos pauvretés, particulièrement celles que vous n’aimez pas montrer, comme cette femme, n’allez pas penser que vous avez déjà tout essayer, osez une belle démarche de foi confiante. 

Et vous avez vu, Jésus agit en faveur d’un homme et en faveur d’une femme, c’est-à-dire qu’il y en aura pour tout le monde ! Quel beau cadeau pour ce début de retraite que ces textes qui nous montrent ce que peut produire la rencontre du désir de Dieu, jamais fatigué par les désillusions et du désir de l’homme, jamais éteint, même dans des situations impossibles, sans issue à vue humaine. Que cette retraite soit vraiment pour chacune et chacun de vous et pour nous tous qui vous accompagnons de notre prière le lieu de la rencontre du désir infini de Dieu et de votre désir et qu’elle produise des fruits au-delà de ce que vous pouvez imaginer car, lorsque deux désirs immenses se rencontrent, cette rencontre ne peut produire que des merveilles ! 

Cet article a 2 commentaires

  1. Wilhelm Richard

    Oser en ce temps de covid de toucher Jésus pour guérir.

  2. Adéline

    Amen Wilhelm !

    Opération séduction de l’homélie du P. Hébert réussie !

    😉

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