8 septembre : nativité de la Vierge Marie Le compte à rebours arrive presque à son terme !

Vous savez qu’avant d’effectuer le lancement d’un vol spatial, il y a un compte à rebours extrêmement précis qui se met en place pour vérifier tous les paramètres. C’est une affaire tellement sérieuse puisque la vie de l’équipage en dépend et c’est aussi une affaire tellement coûteuse qu’il ne faut prendre aucun risque. Il arrive d’ailleurs que ce compte à rebours soit interrompu et le lancement retardé, le temps de remédier à un problème. Eh bien figurez-vous que j’aime bien lire ce texte de la généalogie de Jésus comme le compte-rendu du compte à rebours du lancement de l’opération du Salut de l’humanité ! Parce que cette opération, elle était dans les projets de Dieu dès la création de l’homme. Mais vous pourriez me dire que c’est quand même bizarre d’imaginer qu’avant même que l’homme n’ait péché Dieu voulait déjà le sauver !

Permettez-moi un tout petit cours de théologie, très simple, en effet, quand on parle du Salut, il faut avoir en tête qu’il y a comme deux versants. 

  • Le premier de ces versants, c’est ce que les orientaux appellent la divinisation. Ce que St Irénée, le grand évêque de Lyon à la fin du 2° siècle avait résumé dans cette belle formule en parlant de l’Incarnation : il s’est fait ce que nous sommes pour que nous devenions ce qu’il est. Le Fils de Dieu s’est fait homme pour que nous les hommes, nous puissions devenir Fils de Dieu. C’est ce que disent les paroles de ce chant magnifique : Bien avant que Jésus marche sur la terre, bien avant le Fils qui nous montre le Père, bien avant que mon péché brise ton cœur, bien avant que coulent le sang et la sueur, bien avant les clous, le froid, et la douleur, Tu rêvais du jour où je pourrais t’aimer, Tu rêvais du jour où je pourrais t’aimer. C’est donc clair, depuis la création, Dieu rêve que nous puissions l’aimer comme des fils aiment un Père et c’est pour cela qu’il avait décidé d’envoyer son Fils unique : il se fera ce que nous sommes pour que nous puissions devenir ce qu’il est, il se fera homme pour que nous puissions devenir des fils de Dieu et aimer Dieu comme un Père. Ce projet, comme le disait le chant, il est indépendant du péché, Dieu en rêvait, bien avant que mon péché ne brise son cœur !
  • Mais les modalités de l’opération Salut ont dû être réajustées après le péché. Et c’est le 2° versant, la Rédemption. Puisque les hommes avaient péché, pour qu’ils puissent devenir des fils, il fallait les arracher au pouvoir du péché. Et c’est pour cela qu’il ne suffira pas que le Fils éternel se fasse homme pour que nous puissions devenir des fils, il faudra aussi qu’il nous rachète, qu’il nous libère de l’emprise du péché. Et pour réaliser ce 2° versant de l’opération du Salut, il paiera le prix fort, allant jusqu’à verser son sang. Evidemment, ce n’est pas Dieu qui exigeait un tel sacrifice, mais c’est le péché qui a fixé le prix à payer, c’est-à-dire que ce sont les hommes pécheurs qui ont décidé de le faire mourir de cette manière si violente. Mais Lui, Jésus, jusqu’au bout, il restera fidèle à sa mission qui consistait à arracher les hommes au pouvoir du péché afin qu’ils puissent vivre comme des fils. Il ne renoncera pas devant la tournure dramatique que prennent les événements, jusqu’au bout, il aimera, la dernière goutte de son sang, il la versera en aimant encore son Père du ciel et ses frères en humanité.

Voilà résumée en quelques mots trop rapides la formidable opération du Salut. Vous comprenez bien que cette opération était encore bien plus décisive que le lancement d’une navette spatiale et nécessitait donc un compte à rebours extrêmement minutieux. Nous suivons donc, par la lecture de la généalogie, le déroulement de chaque étape de ce compte à rebours. Oh tout ne s’est pas passé comme sur des roulettes ! Si ça n’avait pas été Dieu qui soit aux commandes, c’est sûr, l’opération aurait dû être annulée tellement il y a eu de problèmes au cours des différentes étapes, c’est ce que révèle la lecture de cette généalogie.

Mais de même que nous, qui ne sommes pas de grands physiciens, nous ne comprendrions rien à un rapport détaillé des pannes rencontrées dans le compte à rebours du lancement d’un vol spatial, de même, pour cette lecture de la généalogie de Jésus, il faut un minimum de connaissances bibliques pour se rendre compte de tous les problèmes qui ont été réglés ! Parce que, dans cette succession de noms, il y en a un certain nombre qui n’ont pas facilité la tâche du Bon Dieu qui les avait choisis pour réaliser sa grande opération du Salut. Ils ont failli faire tout capoter. Pour ne citer qu’un exemple parmi tous ces noms, prenons celui que tout le monde connait : David. Nous avons tous en mémoire le grand péché de David qui ne pouvant plus rien faire pour couvrir la faute qu’il a commise en prenant sa femme va faire tuer son général en chef ! Et avec tout ça, le Messie devait être issu de la lignée de David, c’était vraiment mal parti ! Il y aurait eu de quoi arrêter le compte à rebours et annuler l’opération ! Mais heureusement, c’était Dieu qui était aux manettes ! Et comme le disait Paul dans la 1° lecture que nous avons entendue, Dieu, il a cette capacité extraordinaire de pouvoir tirer de tout mal un bien supérieur. Dieu fait tout concourir au bien, disait St Paul, la lecture de cette généalogie en est une magnifique illustration. C’est ce qu’on a l’habitude de dire avec cette belle formule : Dieu est capable d’écrire droit avec des lignes courbes !

Et, enfin, au terme de cette généalogie, nous en arrivons à celle dont nous célébrons aujourd’hui la nativité, on est vraiment tout près du but. Ce sont les tout derniers préparatifs, qui permettront à Dieu de trouver une mère pour donner son Fils aux hommes afin de les arracher au pouvoir du péché et de leur permettre de vivre en fils. Et cette femme, pour qu’elle puisse devenir mère, il fallait d’abord qu’elle vienne à l’existence. C’est ce que nous fêtons aujourd’hui, l’un des tout derniers réglages de l’opération Salut. Il restera encore une étape décisive que nous célébrons au moment de l’Annonciation quand il sera demandé à Marie si elle accepte la mission … mais là Dieu est assez confiant car cette étape avait été bien préparée avec la conception immaculée de Marie. Préservée du péché, la liberté de Marie n’était pas brouillée et elle devait pouvoir dire Oui dans un consentement d’amour sans faille, mais Dieu respectant chacun de ceux qu’il avait choisis pour mener à bien cette grande opération du Salut attendra que Marie puisse dire librement son Oui, comme il attendra que Jésus lui-même puisse dire son Oui au moment décisif de la passion.

Je crois vraiment que la fête d’aujourd’hui est une formidable occasion de contempler toute cette merveilleuse histoire du Salut qui, avec la naissance de Marie, arrive presque à son terme. Célébrer la nativité de la Vierge Marie, ce n’est donc pas garder notre regard braqué sur Marie, mais l’orienter sur Dieu et son oeuvre de Salut. Si nous nous arrêtions à Marie, nous tomberions sous la terrible sentence du proverbe chinois qui dit : le sage montre la lune et l’idiot regarde le doigt ! En ce jour béni, émerveillons-nous donc devant notre Dieu et sa volonté de Salut. Contemplant cette histoire, nous nous nous tiendrons dans l’action de grâce pour l’entêtement de notre Dieu à poursuivre son projet quoiqu’il en coûte pour reprendre une expression à la mode ! Nous ne pourrons que nous émerveiller de voir l’habileté de notre Dieu capable de faire tout concourir au bien, capable d’écrire droit l’histoire du Salut avec les lignes courbes de la vie pécheresse de ceux qu’il a voulu associés à cette histoire jusqu’à Marie qui, elle, sera préservée du péché pour être cette demeure digne du Fils de Dieu.

Evidemment, ce que Dieu a fait jadis, il continue de le faire aujourd’hui. Il n’a renoncé en rien à mener l’histoire du Salut à son terme, jusqu’au moment où nous lui serons unis dans la Gloire. Cela signifie donc qu’avec les lignes courbes de nos vies pécheresses, il continue à écrire droit l’histoire du Salut, de mon Salut et du Salut de tous les hommes de tous les temps. Qu’il soit béni maintenant et à jamais !

Cette publication a un commentaire

  1. wilhelm richard

    Encore une homélie qui fuse et monte si haut, au point qu’elle décroche les étoiles, celles qui couronnent la Vierge Marie.
    Une homélie pleine de feu qui permet même l’allumer les bougies à l’occasion de cet anniversaire.

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