28 décembre : Mémoire des Saints Innocents. Noël n’est pas une histoire de bisounours !

Chaque année, nous lisons les lettres de St Jean durant le temps de Noël au cours des messes de semaine. St Jean, que nous avons fêté hier, quand il écrit ces lettres, se trouve au soir de sa vie, qui fut une longue vie. Donc, ce qui lui tient le plus à cœur, c’est de transmettre le cœur de la foi avant de partir. C’est pour cela qu’on a parfois l’impression qu’il rabâche. Non, il ne rabâche pas, mais il veut être sûr que tout le monde comprenne bien ce qu’il veut transmettre avant de partir. C’est pour cela que ses lettres, et particulièrement les extraits que nous avons à la messe, sont à méditer patiemment, il faut les passer et les repasser dans notre cœur comme on le fait avec un bon vin qu’on passe et repasse dans la bouche pour en extraire tous les arômes. 

Personnellement, les paroles de cette 1° lecture que j’ai envie de repasser aujourd’hui dans mon cœur, ce sont les derniers versets : « Mes petits-enfants, je vous écris cela pour que vous évitiez le péché. Mais si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste.  C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement les nôtres, mais encore ceux du monde entier. » Voilà un bel encouragement si nous hésitons à vivre le sacrement du pardon : Jésus est venu sur terre pour que nul d’entre nous, mais, au-delà de nous, pour qu’aucun être humain ne traine toute sa vie ses péchés comme un boulet !

Venons-en à l’Evangile, c’est un parfum de drame qui flotte aujourd’hui sur Bethléem avec ce massacre des saints innocents perpétré par Hérode qui oblige la Sainte Famille à fuir en Egypte. Je voudrais souligner 3 points.

1/ Noël, ce n’est pas une belle histoire de bisounours. On parle beaucoup de la magie de Noël et c’est vrai qu’il y a quelque chose de merveilleux à Noël, mais restons réalistes ! Quand Dieu décide de venir dans le monde, c’est, comme le disait St Jean pour arracher le péché du cœur de l’homme. Ce n’est pas une mince affaire. Satan qui, comme le dit la formule de renonciation au mal est l’auteur du péché, ne va pas laisser le Seigneur agir à sa guise. Il va se déchainer pour tenter de faire capoter cette mission de libération qui vient à peine de commencer en inspirant ce massacre à Hérode. Dès que le Seigneur agit en faveur de la libération des hommes, Satan, lui, il se déchaine. 

Rappelez-vous, ça avait déjà été le cas avec Moïse. Moïse avait été mystérieusement préparé pour être l’instrument de la libération que le Seigneur voulait offrir à ce peuple dont il avait entendu les cris, vu la souffrance. Eh bien, Moïse avait déjà échappé miraculeusement à un massacre programmé par la cruelle décision de Pharaon de noyer tous les garçons à leur naissance. C’est toujours comme ça, dès que le Seigneur engage son œuvre de libération, les forces du mal se déchainent pour l’empêcher de réaliser son plan de Salut. 

Le massacre des saints innocents sera la 1° des manifestations auxquelles Jésus devra faire face pour mener à bien cette lutte pour notre libération. Ne nous étonnons donc pas, si nous avons des combats à mener. Dès que quelqu’un décide de quitter les ténèbres, ce monde dans lequel l’esprit du mal évolue avec tant d’aisance, il devra se préparer à lutter, il en va de même pour ceux qui choisissent d’aider les autres à sortir de leurs ténèbres. Il n’y a que les tièdes que le Malin n’attaque jamais car leur tiédeur est déjà sa victoire !

2/ Un mot sur l’historicité de l’événement. Si vous lisez des commentaires sur cet épisode, il se pourrait que certains vous déstabilisent parce qu’ils remettent en cause la vérité de cet événement. 

Certains exégètes accusent l’évangéliste Matthieu d’avoir tout inventé pour livrer une magnifique composition littéraire qui lui permettait de présenter Jésus comme le nouveau Moïse ! Et, pour appuyer leurs dires, ils expliquent que nulle part ailleurs, dans la littérature de l’époque, on ne trouve mention de cet événement dramatique. De fait, le grand historien de l’époque, Flavius Joseph, n’en parle absolument pas. Pourtant, parmi les historiens, ils sont nombreux ceux qui ont souligné la personnalité si troublée d’Hérode, personnalité rendant le massacre tout à fait plausible.  Je donne quelques faits. 

Hérode avait fait noyer son beau-frère, assassiner son beau-père, puis assassiner un autre beau-frère, ensuite c’est sa femme qu’il fait tuer et, même deux de ses enfants et un troisième, juste 5 jours avant de mourir ! Il craignait tellement de perdre le pouvoir qu’il n’avait confiance en personne, pas même en sa famille ! Enfin, bien conscient que personne n’allait le regretter quand il mourrait, il avait demandé qu’à sa mort on assassine un certain nombre de notables du pays et même d’enfants, comme ça, si on ne le pleurait pas, lui, on pleurerait quand même le jour de sa mort. Avec un aussi triste individu, complètement malade, tout est donc possible !

Dans cette histoire dramatique, nous pouvons entendre un appel à l’espérance et ça tombe bien puisque nous sommes entrés dans le jubilé de 2025 dont le thème est précisément l’espérance. Dans cette histoire dramatique, le projet de Salut de Dieu a été malmené mais il n’a pas été anéanti. Nous pouvons donc rester dans l’espérance, le Seigneur est plus entêté à faire réussir son projet de Salut que ne l’est l’esprit du mal qui chercher à le faire capoter. A nous maintenant d’en être les relais et, pour cela, nous pouvons réentendre cet appel vigoureux de Paul dans l’épitre aux Romains qui dit : ne te laisse pas vaincre par le mal. Et j’aime par-dessus tout le conseil si pertinent qu’il rajoute immédiatement après : Mais sois vainqueur du mal par le bien ! Que Notre Dame de Laghet nous obtienne cette grâce.

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