16 février : 6° dimanche année C … Moscou, Rome, ce n’est pas pareil, ne vous trompez pas d’avion !

Que penseriez-vous d’une personne qui monterait, en toute connaissance de cause, c’est-à-dire, en l’ayant parfaitement choisi, dans un avion pour Moscou et qui à l’arrivée s’en prendrait au pilote parce qu’il ne se trouve pas à Rome ? Evidemment, une telle personne nous paraitrait totalement incohérente, si elle a choisi de monter dans un avion pour Moscou, elle ne peut qu’arriver à Moscou ! Pour arriver à Rome, elle n’avait qu’à monter dans l’avion qui va à Rome !

Eh bien, voyez-vous, cette personne, c’est nous, c’est vous, c’est moi, quand nous faisons des mauvais choix et que nous nous plaignons que ces mauvais choix, ces choix tordus ne nous conduisent pas au Bonheur. Plus grave, encore, nous aussi, il nous arrive, de nous en prendre au pilote et d’accuser Dieu en le rendant responsable de notre malheur alors que, dans bien des cas, ce malheur est la conséquence de nos choix tordus. C’est vrai aussi qu’il y a des cas où le malheur tombe sur nous alors que nous n’y sommes pour rien, c’est la redoutable question du scandale du mal. Mais parlons plutôt des situations, plus fréquentes, où le malheur survient dans nos vies comme conséquence de nos choix tordus.

C’est bien sur cette situation que veulent nous faire réfléchir la 1° lecture et l’Evangile qu’il convient d’entendre aujourd’hui, comme en stéréo ! Tout d’abord, le prophète Jérémie mettait sous nos yeux 2 hypothèses, à nous de choisir : est-ce que tu veux devenir un buisson sur une terre désolée ou un arbre au feuillage clair qui donne beaucoup de fruits ? Je trouve que les images sont très bien choisies. Un buisson, ce n’est pas très « fun », comme on dit aujourd’hui, parce que dès qu’on s’en approche, on est égratigné, en plus, il n’y a rien qui pousse de bon sur un buisson ! Est-ce que c’est ça que tu veux être ? Une personne complètement desséchée qui blesse toutes les personnes qui s’approche de toi ? N’as-tu pas plutôt envie de devenir cet arbre attirant à l’ombre duquel il fait bon vivre et qui offre des fruits savoureux. Quand on présente les choses comme ça, on se dit qu’il faudrait être fou pour choisir de devenir un buisson ! 

Oui, mais Jérémie précise que, selon le choix fondamental que l’on fait, on sera le buisson qui égratigne ou l’arbre bienfaisant. Pour reprendre les mots de Jérémie, quand on met sa foi dans un mortel, quand on s’appuie sur un être de chair, alors on devient buisson. Alors que, lorsqu’on met sa foi dans le Seigneur, quand on choisit de s’appuyer sur le Seigneur, on devient comme un arbre bienfaisant. Comprenons bien ce que ça veut dire : Jérémie ne prétend pas que tous ceux qui n’ont pas la foi seront malheureux. Mais il dit que, lorsqu’on connait Dieu, après, il faut être cohérent : si le Seigneur est la 5° roue du char de notre vie ; si on ne s’occupe de lui que lorsqu’on n’a plus rien d’autre à faire ; si, dans ce qu’il nous propose de vivre, on en prend, on en laisse et on en laisse plus qu’on en prend ; alors, il ne faudra pas s’étonner que nous devenions secs comme des buissons, égratignant tous ceux qui nous approchent. Et soyons clairs, ce n’est pas Dieu qui nous punit, c’est la conséquence logique de nos choix tordus parce que tous nos choix ont des conséquences : on ne peut pas monter dans l’avion de Moscou et se plaindre de ne pas arriver à Rome !

C’est la même problématique que Jésus développe dans l’Evangile. Les 4 béatitudes que St Luc rapporte, ont la particularité d’être complétées par 4 paroles négatives. Ces paroles négatives, certaines bibles les mentionnent comme étant des malédictions. Quelle horreur ! Jésus ne maudit personne ! Vous avez entendu comment Jésus s’exprime par 4 fois : quel malheur pour vous ! Jésus ne maudit pas ceux qui font des mauvais choix, il pleure sur leur avenir forcément compliqué. Quels sont-ils ces mauvais choix ? Il y en a 4 qui sont évoqués et je les reformulerai en ces termes : la richesse qui rend égoïste ; la course à l’abondance qui ne satisfait pas et épuise la création ; l’insouciance qui conduit au n’importe quoi ; la vanité qui fait rechercher les compliments, les places d’honneur. Quel malheur, dit Jésus, pour ceux qui font ces choix parce qu’ils seront malheureux, un jour, et rendront malheureux ceux qui les entourent, ils deviendront ces buissons dont parlait Jérémie. A l’inverse, bienheureux ceux qui font le choix d’avoir un cœur ouvert, large et généreux ; ceux qui font le choix de vivre dans ce qu’on aime appeler la sobriété ; ceux qui font le choix de la compassion, de vivre en grande proximité avec tous ceux qui souffrent ; ceux qui font le choix de la fidélité à leur foi, à leurs convictions profondes inspirées par leur conscience.

Là encore, Jésus nous prévient : si tu fais le choix de tout miser sur la richesse, sur la course à l’abondance et au superflu, sur l’insouciance, sur la vanité, tu ne viendras pas te plaindre et encore pire, tu ne viendras pas accuser Dieu si tu n’es pas heureux. Montant dans l’avion de Moscou tu ne pourras pas arriver à Rome ! La difficulté, c’est que le monde, l’air du temps, si bien mis en musique dans la publicité, tout cela ne nous pousse pas à faire les bons choix. On a l’impression que le Tentateur gagne de plus en plus de terrain, piégeant de plus en plus de personnes en leur faisant miroiter que, seuls nos mauvais choix pourront nous rendre heureux. Ce n’est pas pour rien que Jésus l’appelle le Père du Mensonge ; et il sait tellement bien mentir qu’on se retrouve dans une situation dramatique. Lui, le Père du Mensonge, il peut dire ce qu’il veut, bien des gens lui font confiance, les yeux fermés ! Alors que, dans le même temps, quand le Seigneur, qui veut notre bonheur, envoie ses messagers, eux, ils doivent apporter la preuve irréfutable que ce qu’ils disent est vrai et s’ils ne le peuvent pas, ils sont sommés de se taire et même quand ils y parviennent, on les prie de rester discrets car il faut laisser à chacun le droit de choisir d’être malheureux !

Pour entrainer avec nous tous ceux qui se perdent, par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de pouvoir témoigner de notre bonheur, un bonheur conséquence de nos choix clairs. Qu’elle nous obtienne donc la grâce de ne plus monter dans l’avion de Moscou quand nous voulons arriver à Rome !

Cette publication a un commentaire

  1. wilhelm richard

    Changement de cap, de direction : votre papyrus pourrait aussi s’intituler la conversion … vouloir côtoyer Poutine pour finalement préférer saluer François. Un mal pour un bien !

Laisser un commentaire