Je ne sais pas si les Malgaches sont comme les Français, mais parmi les Français, il y en a qui rêvent de revoir un roi à la tête du pays. Et même parmi ceux qui ne rêvent pas du retour d’un roi, il y en a beaucoup que la royauté fait rêver, ils aiment regarder les cérémonies de couronnement d’un roi, ils lisent des magazines people dans lesquels on parle de la vie des princes et princesses, des reines et des rois. Pourtant tous les rois n’ont pas eu une conduite exemplaire et tous n’ont pas fait, non plus, du bien-être de leur peuple, leur priorité ! Il en a été ainsi dans toute l’histoire, hélas ça continue et pas seulement avec les rois !
A ce sujet, nous avons, dans la Bible, un excellent texte. Quand le peuple des hébreux a demandé à Dieu d’avoir un roi pour être comme les autres, Dieu les avait prévenus par l’intermédiaire de Samuel, l’un des prophètes, des risques qu’ils prenaient. Voilà ce qu’il leur avait dit : Vos fils, il les prendra, il les affectera à ses chars et à ses chevaux, et ils courront devant son char. Il les utilisera comme soldats ; il les fera labourer et moissonner à son profit, fabriquer ses armes de guerre et les pièces de ses chars. Vos filles, il les prendra pour la préparation de ses parfums, pour sa cuisine et pour sa boulangerie. Les meilleurs de vos champs, de vos vignes et de vos oliveraies, il les prendra pour les donner à ses amis. Sur vos récoltes, il prélèvera la dîme et vous-mêmes deviendrez ses esclaves. 1 Samuel 8,8-17
Malgré cet avertissement, le peuple des hébreux n’a pas changé d’avis, ils voulaient toujours un roi et ils l’ont eu, ils en ont même eu beaucoup. Et quand la Bible raconte l’histoire de ces rois, pour la plupart d’entre eux, leur biographie se termine souvent par ces mots : Il fit ce qui est mal aux yeux du Seigneur ; il ne s’écarta d’aucun des péchés de son père ! On imagine facilement que le peuple des hébreux a été fatigué par tant d’expériences négatives ; ils continuaient à vouloir un roi, mais un roi qui ne serait pas comme les rois qui avaient régné sur eux jusqu’à maintenant. Ils attendaient un roi dont le cœur serait parfaitement accordé au cœur de Dieu. Environ, deux siècles, avant la naissance de Jésus, le prophète Daniel annonce que, ce roi tant attendu, Dieu va bientôt l’envoyer. Cette annonce, nous l’avons entendue dans la 1° lecture, avec ce mystérieux « Fils d’homme » qui serait intronisé roi pour une royauté universelle et éternelle, une royauté qui s’étendrait donc sur tous les hommes et qui n’aurait pas de fin. Dans les Evangiles, quand il parlera de Lui, souvent Jésus utilisera ce terme de Fils de l’Homme pour se désigner. C’est donc bien clair, le roi attendu, c’est Jésus et sa royauté s’étendra un jour sur tous les hommes et elle ne finira pas. Voilà pourquoi dans l’Eglise nous célébrons chaque année cette fête du Christ-Roi.
La royauté de Jésus ne sera pas une royauté à l’image de celle des hommes qui sont devenus rois, parce que, son cœur à lui, était parfaitement accordé au cœur de Dieu. On l’a bien entendu dans le dialogue entre Jésus et Pilate qui nous était rapporté dans l’Evangile, Jésus lui dit : Ma royauté n’est pas de ce monde ; moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Très bien, mais qu’est-ce que ça nous apporte de savoir que Jésus est roi ? Est-ce que ça a de l’intérêt de l’invoquer comme roi alors qu’il n’y a plus de roi dans notre entourage ?
Il n’y a peut-être plus de roi, mais on utilise quand même le mot assez régulièrement. Vous allez manger dans un bon restau, on vous demande à votre retour si c’était bon, vous pouvez répondre : c’était royal ! Ma mère était allemande, dans sa région, on mangeait de la choucroute et la meilleure des choucroutes, celle qui est la plus garnie, on l’appelle justement une choucroute royale ! Peut-être que, chez vous, il existe un Romazava royal ou un Ravitoto royal ?! Vous voyez quand on rajoute après un plat, l’adjectif « royal » c’est pour dire que c’est super-bon. Eh bien, c’est sans doute ainsi que nous devons comprendre comment Jésus est roi : son amour pour nous est royal, c’est-à-dire super-bon ! Si on se rappelle longtemps une choucroute royale qu’on a mangée, d’un Romazava, d’un Ravitoto royal, on se rappellera encore bien plus du jour, du moment où on a pu faire l’expérience de l’amour de Jésus parce que son amour est super-bon, super-bienfaisant !
A chaque fois que nous venons à la messe, c’est cette expérience que nous sommes invités à faire, à refaire : goûter à l’amour royal de Jésus. En fait les chrétiens sont des gourmands et même des gourmets. En français ces deux mots ne sont pas équivalents. Un gourmand aime tellement manger qu’il peut manger un peu de tout, le gourmet, lui, il n’aime que ce qui est très bon ! Les chrétiens sont de vrais gourmets, ils n’aiment que ce qui est très bon et même ce qui est excellent ; seul l’amour royal de Jésus peut les combler !
Mes amis, il n’y a pas que les chrétiens qui sont des gourmets, tous nos frères et sœurs en humanité sont des gourmets et c’est pour cela qu’il y a tant d’hommes et de femmes qui sont tristes et déçus ; c’est parce qu’ils n’ont encore pas pu goûter cet amour royal. Ils ne connaissent pas le Seigneur ou ils se sont éloignés de lui, du coup, ils ne peuvent pas être aimés de cet amour royal. Oui, ils peuvent aimer et être aimés mais pas d’un amour royal car, seul Jésus, peut l’offrir cet amour royal. Alors, s’il vous plait, quand vous voyez quelqu’un de triste, donnez-lui envie de connaître, de rencontrer Jésus pour qu’il puisse découvrir son amour royal, goûter à son amour royal. Ce n’est pas forcément, ni même d’abord, en faisant de grands discours qu’on leur donnera envie ; ils n’auront envie que s’ils nous voient rayonnants de cet amour royal, gourmets de cet amour.
Que Notre Dame de Laghet, sœur jumelle de Notre-Dame d’Ano.sivo.lakely, nous obtienne la grâce de partager cet amour royal qui nous fait vivre !