2 mars : 8° dimanche du temps ordinaire : quand le bon diagnostic est posé, le traitement le plus adapté peut être appliqué.

Si vous remplissez un récipient avec un produit nauséabond, quand ça va déborder, n’espérez jamais que ce qui débordera puisse sentir bon ! Ce qui déborde, c’est forcément un débordement de ce qu’on a rempli. Le débordement aura les mêmes caractéristiques que le produit de remplissage. Tout ce que je viens de dire parait tellement évident que vous vous demandez peut-être pourquoi je vous raconte de telles banalités. Eh bien, je le fais parce que c’est l’Evangile qui me pousse à reprendre avec d’autres mots ce que Jésus a dit, mais peut-être fallait-il le redire avec des mots qui nous poussent à réfléchir.

Vous avez entendu la dernière parole de l’Evangile de ce jour : ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. Et si on applique le principe que j’énonçais au début de mon homélie, à savoir que le débordement a exactement les mêmes caractéristiques que le produit de remplissage, on comprend l’importance de cette parole de Jésus qui précisait : L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais. Dans un premier temps, nous pourrions recevoir ces paroles presque comme une condamnation. En effet, qui d’entre nous pourrait prétendre que jamais ne sortent de sa bouche des paroles acides, des critiques, des plaisanteries qui peuvent faire mal ? Et si jamais une belle éducation et un étonnant self-contrôle nous gardent d’exprimer de mauvaises paroles, nous savons bien qu’elles peuvent quand même être là, à la porte de notre bouche prête à s’évader en cas de relâchement ! Avec l’outil d’évaluation que nous donne Jésus, nous pourrions donc tous en conclure que notre cœur est mauvais. Voilà pourquoi je disais que ces paroles pourraient apparaitre comme une condamnation.

Mais Jésus ne parle jamais pour condamner, pour enfoncer. Rappelons-nous ses paroles à l’égard de la femme, prise en flagrant délit d’adultère, après il ait fait fuir ceux qui voulaient la lapider : ils ne t’ont pas condamné ? Moi non plus, je ne te condamne pas ! Jésus ne condamne pas, Jésus est venu pour sauver, ses paroles sont des paroles de Salut. Et, quand ses paroles semblent rudes, c’est qu’elles veulent nous aider à redresser la barre pour que nous ne partions pas trop à la dérive.

Les paroles d’aujourd’hui, je vous propose donc que nous puissions les accueillir comme des paroles qui nous aident à poser un diagnostic juste et donc à comprendre quel sera le chemin de la guérison. En effet, c’est quand le diagnostic est posé de manière juste qu’on pourra trouver les produits adaptés qui permettront d’avancer vers la guérison. Si donc, il y a trop de mauvaises paroles qui sortent de notre bouche, inutile de dire : je vais essayer de soigner, de surveiller mon langage à l’avenir, peine perdue ! Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. Ce n’est pas ton langage qu’il faut soigner mais ton cœur ! Il va falloir que tu purges ton cœur de tout ce qui l’habite et qui n’a rien à y faire. Nous allons entrer mercredi dans le temps du carême, belle occasion qui nous est offerte de pratiquer cette purge du cœur en vivant le sacrement de la réconciliation qui nous permet de sortir justement de notre cœur tout ce qui n’a rien à y faire. 

Mais je préviens tout de suite, une purge ne suffira pas ! Vous connaissez le dicton : la nature a horreur du vide ! Si vous ne remplissez pas très vite votre cœur purgé, les locataires indésirables risquent fort de revenir et souvent en emmenant des copains à eux ! Jésus raconte une belle parabole sur ce sujet parlant d’un cœur nettoyé, libéré d’un esprit mauvais qui n’a pas été suffisamment vite rempli et qui donc est devenu encore plus accueillant pour celui qui avait été chassé et qui se demandait bien où il pourrait aller. Voyant que le cœur était tout vide, tout beau, il a appelé d’autres copains et s’y sont installés. Jésus conclut que la situation de cet homme a été pire après qu’avant le nettoyage ! Donc la purge ne suffit pas ! Et là encore, pour remplir notre cœur d’amour, le temps du carême qui va s’ouvrir est une vraie bénédiction. Car le carême, avant d’être le temps des efforts douloureux est d’abord le temps qui nous permet de choisir ce dont nous voulons remplir notre cœur. En donnant plus de temps à la prière, en vivant de manière plus forte la charité et en jeûnant de tout ce qui ne nous fait pas de bien, nous remplirons nos cœurs d’amour. Et alors, bingo ! Ce que dira notre bouche sera bon, puisque c’est ce qui débordera de notre cœur rempli d’un maximum de bonté. 

Et quand nous sentirons qu’à nouveau de mauvaises paroles sont prêtes à sortir ou qu’il n’y a pas suffisamment de bonnes paroles, des paroles compatissantes, des paroles d’encouragement qui sortent, eh bien on recommencera le traitement : purge, remplissage ! Le pape François pour qui nous pouvons prier l’a redit sur tous les temps : le Seigneur ne se lassera jamais de nous pardonner.

Le reste de l’Evangile s’éclaire aussi à la lumière de ce principe. Car nous savons qu’il n’y a pas que notre bouche qui est capable de parler. Nos yeux parlent également et souvent de manière encore plus immédiate. Vous pouvez essayer de contrôler vos paroles, mais souvent les yeux ne trichent pas et la personne en face de vous voit si vos paroles sont vraies, si elles expriment bien le fond de votre cœur. Le regard, comme la bouche est donc directement branché sur le cœur. Le regard autant que la bouche, sinon mieux, traduit l’état de notre cœur. Puisque dans les deux autres petites paraboles Jésus parlait de regards malades, nous comprenons, que pour en guérir, là encore, il convient de soigner le cœur et le traitement est exactement le même !

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons qu’une grâce de lucidité nous soit accordée pour poser un diagnostic juste sur l’état de notre cœur et, l’ayant posé, qu’elle nous obtienne la force de commencer le traitement dès le début du carême !

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