Dimanche 27 juin : 13° dimanche du temps ordinaire. « Ne laissez personne venir à vous et repartir sans être plus heureux ! »

            Il y a déjà quelques années une jeune qui faisait partie d’un groupe que j’animais était partie passer quelques mois chez mère Térésa à Calcutta. Elle m’avait envoyé une très belle carte que j’ai toujours dans mon bréviaire sur laquelle était écrite cette très belle citation de mère Térésa : « Ne laissez personne venir à vous et repartir sans être plus heureux. » Comme ça serait bien si chacun de nous pouvait garder cette citation comme devise : « Ne laissez personne venir à vous et repartir sans être plus heureux. »

            On peut dire sans problème que cette citation s’applique merveilleusement à Jésus. Tous ceux qui sont venus le voir sont partis plus heureux, enfin quand je dis tous, ce n’est pas tout à fait vrai ! Les scribbes et les pharisiens qui cherchaient si souvent à le mettre en difficulté ne repartaient pas très heureux de leurs rencontres avec Jésus parce que, à chaque fois, Jésus déjouait leurs pièges, mais ce qui est remarquable, c’est que jamais il ne cherchait à les humilier, à les mettre K.O. Et puis il y a aussi le jeune homme riche dont l’évangile nous dit qu’il est reparti tout triste. En effet, Jésus, après avoir admiré tout ce qu’il faisait de bien, lui avait proposé de passer à la visite supérieure en vendant tout ce qu’il avait, mais, lui, comme il était très riche, est reparti tout triste. Et peut-être que nous avons, avec cet épisode, la clé pour comprendre ce qu’il fallait pour repartir plus heureux d’une rencontre avec Jésus. Les pharisiens étaient riches de leur savoir, de leurs certitudes inébranlables, ce jeune homme était riche de tout ce qu’il possédait, alors, eux, leurs rencontres avec Jésus ne pouvaient pas les rendre plus heureux. Seuls ceux qui sont en manque, seuls les pauvres, les petits, ceux qui sont en demande repartaient plus heureux d’une rencontre avec Jésus, ceux qui étaient pleins d’eux-mêmes, pleins de leur argent, de leurs certitudes et qui ne voulaient rien lâcher ne pouvaient qu’être déçus.

            En tout cas, dans le texte d’évangile que nous avons entendu, il est clair que ceux qui sont venus trouver Jésus sont repartis plus heureux. C’est d’abord le cas pour ce Mr Jaïre qui était venu le trouver parce que sa petite fille de 12 ans était en train de mourir. Peut-être qu’au début il n’a pas bien compris l’attitude de Jésus, en effet, il y avait urgence à aller chez ce monsieur, mais Jésus ne semble pas si pressé que ça de sortir de la foule. Et ça fait les affaires de cette femme qui, l’ayant reconnu, a le temps de venir par derrière toucher son vêtement pour être guéri de ce mal qui, depuis 12 ans, lui rendait la vie impossible. 

            On le voit bien, dans les deux cas le problème est le même : que ce soit la fille, que ce soit la femme, elles sont en train de perdre la vie. Pour la fille, le danger semble imminent, pour la femme, c’est la vie qui part peu à peu dans ces écoulements de sang permanents. Et il s’agit non seulement de sa vie physique, c’est vrai qu’à force de perdre du sang, à une époque où il n’y avait pas de transfusion, elle risquait de mourir, mais il s’agissait aussi de sa vie sociale, religieuse. En effet, chez les juifs, le sang était considéré comme impur, ceux qui avaient une plaie qui saignait, les femmes qui avaient leurs règles devaient rester chez eux. Cette pauvre femme, depuis 12 ans, elle était sans vie sociale ni religieuse puisqu’elle ne pouvait plus sortir de chez elle. Elle prend donc un risque énorme en venant voir Jésus, on le comprend, c’était une question de vie ou de mort, comme pour la fille de Jaïre.

            Les pauvres, les petits, ceux dont la vie était un enfer, ceux qui perdaient la vie, tous ceux-là, ils avaient compris qu’en approchant Jésus, ils ne repartiraient pas comme ils étaient venus. Du coup, souvent, ils étaient prêts à tout pour le rencontrer. 

Ce Jaïre, il avait dû faire du chemin pour aller chercher Jésus ; cette femme, elle avait dû braver tous les interdits pour oser s’approcher de Jésus. Mais ils étaient prêts à tout puisqu’ils savaient qu’une rencontre avec Jésus porte toujours de beaux fruits. Jésus n’a jamais laissé quelqu’un venir à lui et repartir sans qu’il ne soit plus heureux, libéré, restauré dans sa dignité, guéri, renouvelé dans sa foi et son enthousiasme, réintégré … on pourrait continuer la liste de tous les bienfaits opérés par une rencontre avec Jésus.

            Alors, quand je dis cela, une immense tristesse monte en moi. En effet, peut-être jamais autant qu’aujourd’hui, nous n’avons vu des gens fatigués, déprimés, découragés. Certains ont de bonnes raisons d’être de ressentir cette lassitude, ils sont malades, les fins de mois sont difficiles, ils ont des soucis avec leurs enfants, que sais-je encore. Hélas, souvent les remèdes qu’ils choisissent pour survivre ne font que les enfoncer un peu plus, ils cherchent ce qui leur permettra d’oublier au lieu de chercher à rencontrer celui qui les sauvera, non pas en réglant tous leurs problèmes d’un coup de baguette magique, mais en leur donnant la force, l’énergie de se battre et, au bout du compte, en leur permettant d’expérimenter la joie même dans les épreuves. D’autres sont dans cette situation, alors que, semble-t-il, ils ont tout pour être heureux. Mais ils ne le sont pas car voyez-vous le fait d’avoir des moyens pour vivre ne suffit pas, il faut encore trouver des raisons pour vivre. Or la course au confort, à l’argent, aux plaisirs n’a jamais donné de bonnes raisons de vivre, bien au contraire, tout cela vient peu à peu plonger tous ceux qui s’y lancent à corps perdu dans cet état qui leur fait ressentir que tout devient lourd, que plus rien n’a d’intérêt. J’ai beaucoup aimé ce qu’avait répondu le Dalaï Lama à un journaliste qui lui demandait ce qui l’étonnait le plus aujourd’hui, voilà sa réponse : « Les hommes … parce qu’ils perdent la santé pour accumuler de l’argent, ensuite ils perdent de l’argent pour retrouver la santé …et à penser anxieusement au futur, ils oublient le présent de telle sorte qu’ils finissent par ne vivre ni le présent ni le futur … ils vivent comme s’ils n’allaient jamais mourir et meurent comme s’ils n’avaient jamais vécu. »

            Comme j’aimerais que les chrétiens puissent crier à tous ces gens : « Venez à Jésus car personne n’est reparti d’une rencontre avec lui sans être plus heureux ! » Il faut vraiment que nous prenions conscience que laisser patauger dans leur misère tous ceux qui n’en peuvent plus, c’est « non-assistance à personne en danger ! » Mais pourrons-nous crier en vérité que venir à Jésus, rencontrer Jésus, c’est le plus sûr moyen de repartir en étant plus heureux ! Toux ceux qui n’en peuvent plus, pourront-ils nous croire si nous ne donnons pas le témoignage qu’en sortant de la messe nous sommes plus heureux qu’en y entrant ? Comment pourront-ils croire que rencontrer Jésus, c’est de cela qu’ils ont le plus besoin alors qu’il nous arrive de rater la messe, c’est à dire la rencontre avec Jésus pour des raisons futiles à cause d’une invitation ou simplement parce que la messe n’a plus lieu chez nous ou parce que nous n’en avons pas envie. Comment, à cause de nos médiocrités, pourront-ils croire que rencontrer Jésus rend plus heureux ?

            Demandons au Seigneur qu’il nous fasse la grâce et particulièrement qu’il fasse cette grâce aux enfants qui font leur première communion, de faire une vraie rencontre avec lui au cours de cette messe pour que nous en ressortions restaurés, plus heureux. Alors, habités par la présence de Jésus, rayonnants de sa joie, il se produira un miracle pour tous ceux que nous rencontrerons, la devise de mère Térésa deviendra la nôtre : « Nous ne laisserons plus personne venir à nous et repartir sans être plus heureux. » 

Cette publication a un commentaire

  1. SFXB

    il comble de biens les affamés
    il renvoie les riches les mains vides

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