Cette semaine a été bien chargée, je n’ai donc pas eu le temps de m’occuper de mon journal, mais ce dimanche matin, j’ai le temps, donc je le fais !
Semaine bien chargée à cause de la retraite des prêtres venus pour recevoir l’effusion du Saint Esprit. Ils étaient une trentaine (29 exactement, me semble-t-il !) C’était vraiment une bonne retraite. Il y avait pas mal de prêtres que je connaissais car je les avais rencontrés dans les retraites que j’avais prêché pour les prêtres de Muyinga ou de Ngozi. Ceux qui étaient venus me rencontrer personnellement et qui m’avaient confié des difficultés, je leur avais conseillé de venir à cette retraite. J’en avais aussi rencontré dans les années passées et je me rappelais bien de certains. Je peux dire plusieurs choses à propos de cette retraite :
– Comme les prêtres venaient animés par un désir personnel de devenir un meilleur prêtre, l’ambiance était très bonne. Pas de problème pour le silence. 3 enseignements par jour qui étaient très suivis, de même pour les temps de prière et d’adoration.
– Du coup, beaucoup de prêtres ont demandé à me rencontrer personnellement. C’est pour cela que je n’avais pas une minute de libre : entre les enseignements, les accompagnements, les prières, la journée passait sans me laisser beaucoup de répit !
– Mais, par contre, beaucoup de ces prêtres qui venaient demander l’effusion du St Esprit étaient contre le Renouveau Charismatique, ou du moins pas très pour ! L’un d’entre eux a même dit à ses confrères en voiture : il est hors de question que j’accepte que des laïcs m’imposent les mains !
– Et puis, il y en avait quelques uns qui n’étaient pas venus pour recevoir l’effusion mais parce qu’ils n’avaient pas pu participer à leur retraite diocésaine et qu’ils ressentaient le besoin de faire une halte. Certains sont venus me voir pour me le dire en m’expliquant qu’il ne faudra pas s’étonner qu’ils ne demandent pas l’effusion … en fait, ils demanderont tous et certains parmi ceux qui pensaient ne pas la demander seront très bien servis !
J’avais donc décidé de prêcher cette retraite en m’appuyant sur l’excellent livre du père Cantalamessa : « Viens Esprit Créateur » qui est un commentaire du Veni Creator.
En plus des enseignements, nous avons vécu de belles expériences, particulièrement cette soirée d’initiation à la « prière des frères » que j’avais proposée.
Vendredi soir a eu lieu cette prière d’effusion du St Esprit. Comme l’a dit le père Amans, habituellement, il ne se passe rien d’extraordinaire (même si ça peut arriver) mais l’extraordinaire vient après et ce qui est extraordinaire c’est qu’on va faire par amour tout ce qu’on faisait par devoir !
Le samedi matin, avant la messe de clôture, j’ai encore proposé à ceux qui le voulaient de demander la prière des frères pour tel ou tel point. La plupart des prêtres sont allés voir des membres du Foyer pour qu’ils prient pour eux … des femmes qui prient pour des prêtres qui leur confient leurs pauvretés, ici, ce n’est pas rien … mais chez nous aussi !
A la messe de clôture, après la communion, il y a eu un temps de partage des grâces reçues au cours de la retraite. C’était vraiment très beau ! Je crois que tous les prêtres ont été bien servis, le St Esprit les a visités, renouvelés. Que le Seigneur soit béni !
Je retiens cette intervention d’un prêtre disant qui a expliqué qu’il était venu poussé par ses paroissiens parce que, dans sa paroisse, il y a eu une évangélisation et, à la suite de cette évangélisation, 1400 personnes ont demandé à recevoir l’effusion. Il a expliqué que son vicaire avait reçu l’effusion et que lui avait du mal à suivre tout ça, alors il a décidé de venir pour comprendre et devenir capable d’accompagner tous ces gens !
Repas fraternel après, tout le monde était content, j’ai reçu encore de beaux témoignages. Merci Seigneur !
Et ensuite, je participe à la vaisselle, beaucoup de vaisselle et peu de monde… ça me donne l’occasion de retrouver les membres de la communauté que je ne faisais que croiser dans la semaine. Et puis, repos !
Ce repos était d’autant plus nécessaire que cette semaine, j’ai eu un gros coup de fatigue avec mes intestins qui se sont rebellés de manière plus forte que d’habitude ! Mercredi et jeudi ça a été vraiment difficile, j’avais peur de faire un malaise tellement je n’étais pas bien ! Je ne voulais pas trop en parler à la communauté pour ne pas les inquiéter. Mais jeudi, j’en ai quand même parlé. Diane m’a conduit à la clinique de la Colombe tenue par le docteur Sophonie, un anglican, qui soigne souvent les membres du Foyer. Il ne travaillait pas le jeudi après-midi, mais il a accepté de venir pour me prendre. Il m’a prescrit des analyses à faire le lendemain matin à jeun. Diane trouve que je ne mange pas assez, elle avait dû en parler au médecin qui m’a encouragé à plus manger … C’est bien la première fois qu’un médecin me disait cela !
Le lendemain matin, je me sens mieux, les premiers médicaments ont dû faire effet et, si c’était une intoxication alimentaire, la crise commençait à passer. Je vais quand même faire les analyses. Je tombe sur une très gentille infirmière. Je suis pris tout de suite, personne n’attend … ce qui dit la situation du pays, les gens n’ont pas assez d’argent pour se faire soigner.
Les résultats seront prêts l’après-midi. Diane passe les chercher et le docteur Sophonie lui dit qu’il veut me voir. Je retourne donc le voir avec un peu d’inquiétude ! En fait, il voulait juste me rassurer et me dire qu’il n’y avait rien que mes analyses étaient même très bonnes !
Je lui dis : c’est le fait de vous avoir vu qui m’a guéri ! Il me dit : ah bon, je ne connais pas cette médecine-là ! Je lui explique : quand on rencontre quelqu’un de bon, sa bonté nous fait forcément du bien … vous êtes bon et votre bonté m’a fait du bien !
Ce dimanche matin, je célèbre la messe à 8h30 pour le groupe des pastoureaux. Ce sont des ados qui ont été brebis du Seigneur et qui ont grandi et qui viennent maintenant pour épauler les membres du Foyer dans les rencontres avec les brebis.
Je n’ai été prévenu qu’hier soir qu’il fallait que je célèbre cette messe. Je me suis donc levé tôt pour préparer une homélie adaptés à ces ados. Le Seigneur m’a bien inspiré en me donnant une belle image. J’espère avoir le temps et le courage de mettre par écrit ce que je leur ai dit !
Après la messe, je reçois une membre du Foyer qui demande à me rencontrer. J’écris ce journal et Diane me demande de recevoir une maman en grande souffrance.
Hier soir, au repas 4 muzungus nous rejoignent. Il y en a un, quand il se présente, dont je me rappelle : Jacques Fichefeux. J’avais fait une session avec lui dans le passé. Ils sont tous les 4 membres de l’Emmanuel et sont là pour réaliser un projet : la construction de plusieurs écoles « d’excellence » où on élèvera le niveau scolaire tombé bien bas à cause de la crise. Les classes sont de plus de 100 élèves, il n’y a pas de livres, cahiers, stylos … étant isolé par la diplomatie mondiale, l’Etat n’a plus d’argent pour payer. La communauté de l’Emmanuel a décidé d’investir en faisant appel à des bienfaiteurs. Une école est sur le point d’être construite à Gittega, cette ville appelée à devenir la nouvelle capitale. Il y a deux autres projets à l’étude, le gros problème, c’est de trouver des terrains, au Burundi, le foncier est un gros problème.
Merci pour ces propos intéressants, c’est bien e remonter le moral de tous ces prêtres, tous nous passons des périodes difficiles, l’important est de faire le gros dos et de laisser passer l’orage. Il y a des jours où j’ai eu faim, qui pourrait le croire. Quand des enfants viennent chez moi avec leur progéniture, je ne dis rien mais il faut que je me débrouille. Ce macron est une ordure; je te dis ça et pourtant c’est dimanche et je devrais être dans la mesure.