10 novembre : résurrection des morts

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En politique, les sondages réalisés nous font souvent sourire parce que ce qu’ils annoncent ne se trouvent pas toujours vérifié au moment des élections. Mais en matière religieuse, les sondages ne nous font pas sourire, ils nous font frémir ! Pour préparer cette homélie, puisque les textes nous parlent de la résurrection, je suis allé regarder ce que disaient les sondages. Et vraiment, il y a de quoi frémir !

C’est un sondage qui date déjà puisqu’il a été réalisé en 2009, mais il y a bien des risques pour que la situation ne se soit pas améliorée ! Quand on interroge les français, il n’y en a qu’un sur dix croit en la résurrection. À la question « Qu’y a-t-il pour vous après la mort ? » seuls 10 % des Français répondent « la résurrection des morts auprès de Dieu », contre 7 % « la réincarnation sur terre dans une autre vie », 33 % disent quand même qu’il y a « quelque chose, mais qu’ils ne savent pas le définir » et pour 43 % il n’y a rien. Alors, vous pourriez me dire qu’en interrogeant les français, ce n’est pas tout à fait étonnant, mais si on interroge ceux qui se disent chrétiens-catholiques, ça doit quand même donner d’autres résultats ! Eh bien, pas vraiment, les chiffres sont sensiblement les mêmes chez les catholiques, 13 % déclarent croire en la résurrection, 7 % en la réincarnation, 40 % en quelque chose et 33 % en rien. Alors, évidemment, on attend le dernier échantillon pour sauver le reste, qu’en est-il chez ceux qui sont pratiquants réguliers ? Eh bien, 57 % croient en la résurrection, il y en a quand même 1 % qui croient en la réincarnation, 29 % qui croient qu’il y a « quelque chose », et 8 % qui disent qu’il n’y a « rien » !

Ça veut quand même dire que, dans ceux qui sont présents à une messe, de manière générale, il y en a quand même à peu près la moitié qui, au moment du Credo et plus précisément au moment où le Credo parle de la résurrection, vont se taire ou affirmer quelque chose qu’ils ne croient pas. Je vous en prie, ne vous tournez pas votre voisin en vous demandant : serait-ce lui ou serait-ce elle ?! Demandons-nous plutôt : serait-ce moi ? Et si nous pensons être du bon côté, c’est-à-dire du côté des 57% qui croient, posons-nous la question : est-ce que je serais capable de rendre compte de cette foi, d’expliquer un peu ce que l’Église dit quand elle affirme, dans la version longue du Credo, j’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir et, dans la formule brève, je crois en la résurrection de la chair et à la vie éternelle ?

Avant d’aller plus loin, il serait bon de se demander pourquoi il y en a tant qui ne croient pas en la resurrection. On le voit dans l’évangile d’aujourd’hui avec cette histoire que l’on pourrait qualifier à la manière de Jacques Chirac d’« abracadabrantesque. » La résurrection des morts défie notre rationalité, comme on n’arrive pas à la penser de manière satisfaisante, on déclare que c’est impossible. Si, aujourd’hui, personne n’invente une telle histoire, on entend quand même des réflexions qui ressemblent : « depuis le temps qu’il y a des hommes qui sont morts, quand ils vont tous ressusciter, vous allez les mettre où ? »

C’est vrai que cet article de foi dépasse notre entendement. Mais vous aurez bien remarqué que le Credo ne nous fait pas dire : j’ai compris donc j’adhère ! Le Credo, comme son nom l’indique nous fait dire : je crois. Et si nous sortions de notre foi tout ce que nous n’arrivons pas à comprendre, il ne resterait plus grand-chose ! Vous comprenez, vous, l’Incarnation ? Vous comprenez comment c’est possible que Dieu se fasse homme ? Vous comprenez le Salut ? 

Vous comprenez dans le détail, comment c’est possible que Dieu, en Jésus, se livre entre les mains des hommes et accomplisse la Rédemption ? C’est sûr, si nous sortions de notre foi tout ce que nous n’arrivons pas à comprendre, il ne resterait plus grand-chose ! Attention, je ne suis pas en train de prêcher l’obscurantisme ou de faire l’éloge de ce qu’on appelait la foi du charbonnier. J’avais un ami prêtre qui disait à ses paroissiens qui affirmaient se contenter de la foi du charbonnier que la foi du charbonnier était bonne pour les charbonniers mais que comme ils n’étaient pas charbonniers, ça ne pouvait pas leur convenir ! Il nous faut plutôt entrer dans la trajectoire que décrivait St Augustin qui disait qu’il est illusoire d’imaginer qu’on arrivera à mieux croire quand on aura parfaitement compris, par contre disait-il, l’inverse est assuré : quand on croit plus, on comprend mieux ! 

Pourquoi est-il si important de tenir fermement à cet article de foi en la résurrection des morts ? Eh bien, pour deux raisons essentiellement.

  • 1° raison : il y va de la cohérence de Dieu. Si Dieu est amour, il ne peut pas nous aimer à temps partiel. L’amour, par nature, est éternel. C’est ce que nous a dit de manière si forte la 1° lecture qui est l’une des premières attestations de la foi en la résurrection. Longtemps, on a pensé qu’après la mort, tout le monde irait au Shéol, ce lieu, dans lequel on est comme des ombres et duquel tant de psaumes demandent que ceux qui les prient puissent en être préservés. Ce sont les persécutions et la fidélité des justes qui vont activer cette révélation. Attention, ce ne sont pas les hommes qui ont inventé la résurrection des morts, comme le disent certains psys, qui expliquent que cette foi est une construction d’hommes faibles qui ne supportent pas l’idée de la mort. Evidemment, non ! D’abord la foi en la résurrection ne gomme pas la mort et, comme je l’ai dit, cette foi est exigée par la révélation de Dieu lui-même. Dieu est amour et son amour est éternel, il ne peut nous abandonner au néant considérant que nous sommes devenus quantité négligeable !
  • 2° raison : s’installer dans l’idée qu’il n’y a pas de vie après la mort, c’est prendre le risque d’ouvrir la porte au n’importe quoi dans la vie avant la mort. Attention, je ne dis pas que tous ceux qui ne croient pas vivent n’importe comment. Mais je constate que l’immense majorité des défenseurs de la vie, de toute vie sont des croyants et que la quasi-totalité de ceux qui jouent aux apprentis sorciers avec la vie ne croient pas quand ils ne sont pas des adversaires de la foi. C’est parce que nos corps sont promis à la résurrection qu’ils doivent être respectés. La morale de l’Eglise trouve ici un de ses fondements. Puisque le corps est pour la vie, il revêt une dignité intangible, nul ne peut décider de supprimer une vie qui commence ou qui finit, nul ne peut être dispensé de respecter la dignité d’un être humain quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, quelle que soit sa race, son histoire.

Vous allez me dire qu’avec tout ça, j’ai beaucoup tourné autour du pot, mais que vous n’en savez pas beaucoup plus sur le contenu de la foi en la résurrection des morts ! Eh bien, comme demain c’est un jour férié, avant ou après le défilé, vous irez lire ce que dit le Catéchisme de l’Eglise Catholique sur le sujet ! Ne dites surtout pas que vous n’en avez pas un exemplaire chez vous parce qu’il est en consultation gratuite sur internet. Et si, en raison de votre âge, vous ne savez pas aller sur internet, demandez à l’un de vos petits-enfants qu’il vous imprime les quelques pages qui traitent de la question, ça sera en plus un bon moyen de l’évangéliser en parlant avec lui de ce sujet si important !

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