Mon homélie sera un peu longue, aujourd’hui, parce que je veux commencer à faire le résumé des épisodes précédents. En plus je suis bavard ! En effet, Depuis un peu plus d’une semaine la 1° lecture de la messe nous fait entendre le début du livre de la Genèse.
Voilà le résumé que je vous propose : Dieu a réalisé son œuvre magnifique de création et, au sommet de cette création, il a placé l’homme et la femme en leur donnant TOUT ce qu’il avait créé, TOUT sauf un arbre ! Seulement voilà, le serpent arrive. Et le serpent, la première chose qu’il a voulu faire c’est de semer le doute dans le cœur de l’homme et de la femme. Il a cherché à leur faire croire que Dieu n’était pas aussi bon qu’il le prétendait. Hélas, ça a très bien marché avec Eve puis Adam qui ont cru le serpent. Ils se sont mis à douter de la bonté de Dieu. Ils ont écouté le serpent qui leur disait que Dieu n’était pas vraiment bon puisqu’il n’avait pas tout donné, puisqu’il avait interdit un arbre en interdisant de manger le fruit de cet arbre. Le serpent leur dit : réfléchissez, si Dieu était vraiment bon, il aurait TOUT, TOUT donné sans rien interdire. Et eux ils ont cru le serpent, ils ont mangé du fruit défendu et ça a été le début d’une histoire très compliquée.
Imaginez un garagiste qui vous dise : je te donne toutes les voitures de mon garage, tous les 4×4, les grosses Mercédès, toutes ces voitures sont à toi, toutes sauf une et il vous la montre, c’est celle qui est garée dans un coin. Ce garagiste serait très généreux surtout s’il a beaucoup de voitures dans son garage. Et si, en plus, il vous explique que la voiture qu’il ne veut pas donner, c’est uniquement parce qu’elle n’a pas de freins, alors ça renforce encore sa générosité ! Mais un tel garagiste, hélas, ça n’existe pas ! Ça serait trop beau !
Oui, un tel garagiste n’existe pas dans le monde, mais, Dieu, lui, il existe et il est encore plus généreux que ce garagiste imaginaire ! Parce que Dieu a donné TOUS les fruits de TOUS les arbres sauf un qui n’était pas bon pour l’homme, un peu comme la voiture sans freins. Ce fruit, il n’était pas bon car il pouvait devenir dangereux : quand les hommes décident par eux-mêmes de ce qui est bien et de ce qui est mal, on va à la catastrophe et on le voit aujourd’hui où vous pouvez être condamné pour avoir tué un chat et décoré par les médias parce que vous avez tué votre grand-père devenu encombrant ! Le serpent, lui, il est donc venu et il a fait exprès de ne parler que du fruit défendu pour faire douter de la bonté de Dieu. Il n’a pas parlé de TOUT ce que Dieu avait donné et qui était si bon, il n’a parlé que d’une chose, le fruit défendu sans expliquer pourquoi ce fruit avait été défendu. Et c’est ainsi que le serpent a déployé sa grande stratégie : faire douter de la bonté de Dieu.
Adam et Eve sont tombés dans le piège, et nous aussi, nous tombons souvent dans le piège en nous mettant à douter de la bonté de Dieu. Quand nous lisons ces premiers chapitres de la Genèse, sans arrêt nous nous posons des questions qui montrent que nous doutons, nous aussi, de la bonté de Dieu. Nous nous demandons pourquoi Dieu a puni les hommes après le péché ? Pourquoi ne leur a-t-il pas tout pardonné pour recommencer à zéro ? Pourquoi Dieu a-t-il eu une préférence pour Abel ce qui a déclenché la colère meurtrière de Caïn ? Il faudrait reprendre les textes un à un pour répondre et prouver que Dieu est bon. Peut-être, un jour, je prêcherai une retraite sur ces textes !
Venons-en maintenant à la lecture que nous avons entendue aujourd’hui, je relis quelques phrases : Le Seigneur se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre ; il s’irrita en son cœur et il dit : « Je vais effacer de la surface du sol les hommes que j’ai créés – et non seulement les hommes mais aussi les bestiaux, les bestioles et les oiseaux du ciel – car je me repens de les avoir faits. » Alors, chers amis, il faut encore nous méfier parce que le serpent veut, ce soir encore, nous faire douter de la bonté de Dieu. Il nous dit à l’oreille : si Dieu était vraiment bon, il ne pourrait pas décider de supprimer tous les hommes et tous les animaux. Regardons pourquoi Dieu a eu ce projet de supprimer d’un seul coup sa création.
La lecture nous donne la réponse à cette question, mais pas toute la réponse ! C’est donc parce qu’il a vu ce que les hommes faisaient, et à quoi les hommes pensaient toute la journée que Dieu s’est mis en colère et a décidé de tout supprimer. Et qu’est-ce qu’il a vu ? Le texte le dit : il a vu que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que toutes les pensées de son cœur se portaient uniquement vers le mal à longueur de journée
Mais dans cette phrase, nous n’avons qu’une partie de la réponse, pour avoir toute la réponse, il faut lire dans la Bible quelques versets avant que la lecture ne nous l’a pas fait entendre ! Voilà ce qui est écrit, c’est au verset 1 et 2 du chapitre 6 : Lorsque les hommes commencèrent d’être nombreux sur la terre et que des filles leur furent nées, les hommes trouvèrent que les filles étaient belles et ils prirent pour femme toutes celles qui leur convenait. Ce qui a mis Dieu encolère, c’est que les hommes, les mâles, ne se comportaient pas bien à l’égard des femmes. Les hommes regardaient les femmes avec un regard qui n’était pas du tout ajusté : ils les regardaient comme des objets qu’ils aimeraient bien mettre dans leur lit pour assouvir leurs désirs sexuels. Et ça, Dieu ne peut pas le supporter parce qu’en agissant ainsi l’homme est en train de détruire la beauté de la création. Dieu avait créé l’homme et la femme pour vivre dans l’harmonie de l’amour, mais le péché a cassé cette harmonie. Et désormais, l’homme ne respecte plus la femme comme la plus belle des créatures de son Dieu, il la regarde comme un objet. L’harmonie créée par Dieu est brisée. Cette harmonie devait s’exprimer de la plus belle des manières dans l’exercice de la sexualité, or la sexualité devient un lieu de domination. Et ça, Dieu ne peut pas le supporter.
Et quelle est la 1° réaction du Seigneur face à ce péché qui dure et qui fait tant de dégâts ? Nous le savons en lisant le verset 3 du chapitre 6. Dieu dit : Dans ces conditions mon Esprit ne demeurera pas dans le cœur de ces hommes. Autrement dit, ceux qui vivent dans ce péché de domination, ne doivent pas s’étonner d’avoir une vie spirituelle aussi plate que l’électro-encéphalogramme d’un mort ! Leur vie spirituelle est morte puisque l’Esprit-Saint restera retiré d’eux tant qu’ils ne décideront pas de sortir de ce péché.
Puisque le cœur de Dieu est plongé dans un profond chagrin quand il voit la sexualité dénaturée, ce déluge qui suit, est-ce qu’on ne pourrait pas l’interpréter comme les larmes du chagrin infini de Dieu qui se déversent sur la terre ? Quand Dieu est inconsolable, Dieu pleure. Et quand Dieu pleure, comme son amour est infini, sa tristesse aussi est infinie et ses larmes sont donc infinies. J’aime imaginer que sont ces larmes infinies de l’infinie tristesse de Dieu qui provoquent comme un déluge quand elles se répandent sur la terre. Ce déluge ne serait donc pas le signe de la colère dévastatrice de Dieu, mais le signe de son chagrin infini.
Dieu ne voulait pas détruire le monde avec ce déluge de larmes. Il voulait juste noyer le péché, faire disparaitre le mal. Mais voilà, certains pécheurs étaient tellement attachés à leurs péchés qu’ils ne voulaient pas les lâcher, ils ont donc été noyés avec leurs péchés ! Mais, je vous annonce une bonne nouvelle : le déluge n’a pas eu le dernier mot. En effet, sur la terre, il y avait un homme, Noé, cet homme juste, qui a trouvé grâce aux yeux de Dieu. En consolant le cœur de Dieu, il a pu faire arrêter ce déluge de larmes de tristesse. Noé était un homme juste, or, dans la Bible, le juste, c’est celui qui se laisse ajuster à Dieu. St Joseph a reçu le titre de juste parce qu’il s’est laisser ajuster à Dieu en renonçant à tous les projets qui auraient été bons pour lui. Noé était un homme juste parce qu’il a accepté de renoncer à son projet de se comporter comme les autres hommes, il a accepté que son cœur soit totalement harmonisé au cœur de Dieu. Plus notre cœur est harmonisé au cœur de Dieu, moins on fait le mal, moins on fait le mal, plus on peut consoler le cœur de Dieu.
C’est merveilleux de constater qu’il a suffi d’un seul juste, Noé, pour arrêter le déluge en consolant le cœur de Dieu. Noé, le juste, annonce un autre juste mais qui lui sera parfaitement juste, parfaitement harmonisé au cœur de Dieu et qui pourra donc parfaitement consoler le cœur de Dieu. Evidemment, je veux parler de Jésus. C’est lui que nous nous apprêtons à recevoir dans cette Eucharistie, il nous justifie, il nous ajuste au cœur de Dieu, qu’il soit béni.