Je voudrais m’arrêter en ce jour, puisque c’est sa fête, sur la figure de Barnabé. Barnabé, on nous le présente comme le compagnon de Paul, mais il serait plus juste de dire qu’il est le maître de Paul. En effet, c’est lui qui va l’accueillir lorsqu’il viendra à Jérusalem, après sa conversion et qui lui fera faire ses premiers pas dans le ministère apostolique.
La 1° lecture nous racontait l’envoi de Barnabé pour encourager la jeune communauté d’Antioche. On peut dire qu’encourager les chrétiens, c’était le charisme de Barnabé. C’est d’ailleurs le sens de son nom, Barnabé, ça se traduit par « fils d’encouragement ». D’ailleurs, Barnabé, ce n’était pas son nom ! Au chapitre 4 du livre des Actes, il est dit que son nom était « Joseph », mais qu’il était surnommé « Barnabé » par les apôtres. On lui avait donné ce surnom de « Barnabé », c’est-à-dire fils d’encouragement, précisément parce que son grand charisme, c’était d’encourager les chrétiens.
Je l’ai déjà mentionné, c’est lui qui a encouragé Paul, après sa conversion, alors que les débuts de sa vue d’apôtres étaient difficiles. En effet, son passé de persécuteur n’encourageait pas les communautés à lui faire confiance. Et sans doute, aussi, son grand enthousiasme et la puissance des charismes qu’il avait reçus devaient en agacer plus d’un ! Barnabé sera toujours à ses côtés pour l’encourager.
A partir de là, à chaque fois qu’il y aura besoin d’aller prodiguer des encouragements à une communauté, c’est lui qui sera choisi. La 1° lecture nous l’a montré partant pour Antioche pour encourager cette toute jeune communauté qui venait d’être fondée par des chrétiens qui s’étaient dispersés suite à la persécution, lancée après le meurtre d’Etienne. Une communauté, lorsqu’elle vient d’être fondée a besoin d’être accompagnée parce que, forcément, quand on démarre dans la foi, tout n’est pas encore ajusté. Mais les apôtres n’envoient pas quelqu’un pour rectifier, redresser les erreurs, ils envoient celui qui leur semble le meilleur pour cette situation, Barnabé, parcequ’il a reçu le charisme d’encouragement.
Après l’assemblée de Jérusalem, ce 1° concile de l’histoire de l’Eglise, c’est encore Barnabé qui sera envoyé avec Paul et d’autres compagnons pour annoncer les décisions de cette assemblée. Les questions débattues dans cette assemblée et tranchées par elle étaient importantes. Il s’agissait de savoir si, pour devenir chrétien, il fallait passer obligatoirement par le judaïsme. L’assemblée dira que non, tous les païens auront donc libre accès à la foi, moyennant le Baptême. Cette décision aurait pu provoquer des divisions car certains étaient farouchement contre. Les apôtres ont bien senti le problème, aussi, pour annoncer cette décision, ils envoient Barnabé. Avec son charisme d’encouragement, ils savaient qu’il saurait préserver l’unité, encourageant chacun à travailler pour le bien commun, aidant à chacun à ne pas interpréter cette décision comme une défaite ou une victoire mais comme un appel de l’Esprit à ouvrir les portes de l’Eglise.
Son compagnonnage avec Paul va se terminer de manière douloureuse. Il y avait eu une brouille entre Paul et Marc et Marc avait quitté l’équipe d’évangélisateurs, comme quoi, même les plus grands ne sont pas à l’abri des mesquineries ! A un moment donné, Marc demande à être réintégré, mais Paul ne veut pas en entendre parler. Barnabé va essayer de montrer à Paul qu’il a tort, mais Paul n’en démord pas, il ne reprendra pas Marc. Alors, Barnabé décide de quitter Paul pour lui montrer sa désapprobation. Mais, parce qu’il est un fils d’encouragement, il va faire en sorte que cette situation compliquée puisse tourner à l’avantage de l’évangélisation. En effet, deux équipes d’évangélisateurs seront créées, l’une avec Paul et l’autre avec Barnabé. Et Barnabé veillera à ce que jamais ces deux équipes ne jouent l’une contre l’autre.
Comme vous pouvez le constater, ce Barnabé est une très belle figure des Actes des Apôtres. En ce jour où nous le fêtons, nous pouvons facilement comprendre que sa mission de fils d’encouragement peut et doit nous inspirer pour notre mission, aujourd’hui. Nous sommes, nous aussi, appelés à devenir des fils d’encouragement.
Notre Eglise a vraiment besoin de fils d’encouragement. Nous devons prier pour que beaucoup de chrétiens reçoivent ce charisme d’encouragement, pour que tous les ministres ordonnés aient ce charisme d’encouragement. Il y aurait tellement de raisons de se décourager quand on voit les problèmes qui agitent le monde, il y aurait tellement de raisons de se décourager quand on voit les difficultés que traverse l’Eglise. Et, nous le savons, le découragement est l’arme favorite, utilisée par le diable, il cherche, par tous les moyens à nous désespérer pour que nous baissions les bras et arrêtions d’évangéliser. Dans ce contexte, plus que jamais, la mission a besoin de fils d’encouragement.
Sénèque, le célèbre philosophe de l’Antiquité, aimait dire : Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ! Soyons des fils d’encouragement qui, avec la grâce de Dieu, rendent possible ce qui semble impossible. C’est ce que nous demandons par l’intercession de Notre Dame de Laghet.