27 avril : Samedi 4° semaine de Pâques. Ne jamais s’entêter devant une porte fermée !

Le lectionnaire nous joue encore des tours ! Vous avez entendu, la lecture commençait par ces mots : Le sabbat qui suivait la première prédication de Paul à Antioche de Pisidie, presque toute la ville se rassembla pour entendre la parole du Seigneur. Quand les Juifs virent les foules, ils s’enflammèrent de jalousie ; ils contredisaient les paroles de Paul et l’injuriaient. Ça veut donc dire qu’une semaine après, Paul et Barnabé sont retournés à la synagogue d’Antioche et qu’ils ont, à nouveau pris la parole. Mais c’est dommage que le lectionnaire ne nous ait pas fait entendre que Paul et Barnabé sont venus et ont parlé, enfin surtout Paul, parce que la semaine précédente, on le leur avait demandé, je lis le verset qui a été sauté et qui aurait pu conclure la lecture d’hier : À leur sortie de la synagogue, les gens les invitaient à leur parler encore de tout cela le prochain sabbat. V. 42. Si j’ai tenu à rajouter ce verset, c’est parce que vous constatez qu’il y a eu un revirement de situation terrible : on les supplie quasiment de revenir parler la semaine suivante et c’était forcément les autorités qui les supplient et quand ils le font, leur parole suscite, de la part de ces autorités, une levée de boucliers : Quand les Juifs virent les foules, ils s’enflammèrent de jalousie ; ils contredisaient les paroles de Paul et l’injuriaient.

Qu’est-ce qui a pu provoquer ce revirement de situation ? On peut sans doute trouver deux explications qui d’ailleurs ne s’excluent pas l’une l’autre :

  • La 1° raison, c’est celle qui est énoncée, c’est la jalousie. Les autorités juives se rendent compte qu’il y a beaucoup de monde qui sont venus écouter Paul et Barnabé. Ils avaient parlé la semaine précédente et le bouche à oreilles a bien marché, ceux qui étaient là ont invité leur entourage en leur disant : venez les écouter, ça vaut le coup ! D’habitude quand c’est l’un des représentants de l’autorité qui parle, il n’y a pas ce même battage, il n’y a pas autant de gens qui reviennent la semaine suivante … donc jalousie !
  • 2° raison, ça pourrait aussi être la peur. La peur de voir la doctrine chrétienne se répandre. Car, dans les versets que nous n’avons pas lus, il y avait aussi cette mention qui nous indique qu’une fois l’invitation lancée à revenir la semaine suivante, Paul et Barnabé ne sont pas restés inactifs attendant le rendez-vous de la semaine suivante ! Le livre des Actes disait : Une fois l’assemblée dispersée, beaucoup de Juifs et de convertis qui adorent le Dieu unique les suivirent. Paul et Barnabé, parlant avec eux, les encourageaient à rester attachés à la grâce de Dieu. V.43. A travers ces paroles, on entend bien où va se situer la peur des autorités, Paul et Barnabé n’encouragement pas les juifs à rester attachés à la Loi, mais à la grâce. Ça ne veut pas dire que pour Paul et Barnabé la loi n’a plus d’importance, mais ils savent que, sans la grâce, nul ne peut accomplir la loi. J’ai cité aux retraitants cette si belle parole de St Augustin : « La loi a été donnée pour que soit recherchée la grâce et la grâce a été donnée pour que soit observée la Loi. » La loi met la barre tellement haute que St Augustin a raison de dire que la loi a été donnée pour que soit recherchée la grâce, je me sens tellement incapable d’accomplir tout ce que me demande la loi et à fortiori la loi nouvelle énoncée par Jésus que je ne peux que demander la grâce. Mais ayant reçu la grâce, alors, je peux accomplir la loi. « La loi a été donnée pour que soit recherchée la grâce et la grâce a été donnée pour que soit observée la Loi. » Les autorités juives sentent bien que dans cette prédication de Paul et Barnabé, il y a comme une bombe à retardement qui, quand elle explosera leur fera perdre tout contrôle. En effet, en cherchant à rester attachés à la grâce, tôt ou tard, les gens s’attacheront à celui qui la communique, c’est-à-dire Christ. Et, ça, pour eux, c’est absolument intolérable, alors ils réagissent comme ils peuvent en contredisant les paroles de Paul et l’injuriant.

Et c’est là que la réaction de Paul et Barnabé va être exemplaire. En effet, devant cette porte qui est en train de se fermer, ils n’en veulent ni à ceux qui les contredisent, ni à ceux qui, par peur, restent silencieux sans les défendre, ni à Dieu qu’ils pourraient accuser de ne pas faire grand-chose pour les aider. Si cette porte se ferme, c’est alors le signe qu’il faut aller en ouvrir une autre ! 

« C’est à vous d’abord qu’il était nécessaire d’adresser la parole de Dieu. Puisque vous la rejetez et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien ! nous nous tournons vers les nations païennes. » J’avais déjà souligné cette belle attitude, mardi, de la part des chrétiens anonymes qui avaient fondé l’Eglise d’Antioche. A plusieurs reprises, cette belle attitude, on la retrouvera dans le livre des Actes et on peut vraiment la demander pour nous : ne pas ressasser nos échecs, nourrir de l’amertume et de la rancune, mais voir les portes qui se ferment comme autant d’invitations à aller voir ailleurs, plus loin, aux périphéries si d’autres portes ne seraient pas en train de s’ouvrir.

D’autre part cet événement attire aussi notre attention sur un point particulier concernant Paul et sa mission. Nous le savons Saul a été choisi pour être l’apôtre des nations, autrement dit des païens. Mais quand on regarde les débuts du ministère de Paul, on est étonné de voir qu’il a commencé sa mission en allant prioritairement parler aux juifs. On le voit bien, dès qu’il arrive, dans une ville, c’est dans une synagogue qu’il va pour parler aux juifs pratiquants. Et, à chaque fois, c’est le même scénario, ça ne se passe pas bien, comme ici, à Antioche de Pisidie. En partant, Paul dit qu’il a retenu la leçon et que, désormais, c’est vers les païens qu’il va se tourner. Oui, c’est ce qu’il dit, mais ce n’est pas ce qu’il fait ! Dans la ville suivante, il retourne à la synagogue et, comme disent les jeunes, il prend un nouveau râteau et décide de se tourner vers les païens, le scénario s’est répété bien des fois. J’en tire la conclusion que Paul a été long à habiter la mission qui lui avait été confiée. Lui, le grand St Paul, il lui a fallu du temps, alors ne nous étonnons pas que nous qui sommes bien moins grands que lui, il nous faille aussi du temps pour habiter les missions qui nous sont confiées, pour oser nous aventurer dans l’inconnu. Ce sont les événements, et particulièrement les échecs qui vont le conduire à enfin habiter sa mission, à se tourner enfin vers les païens. Que l’Esprit-Saint nous aide à lire les appels qu’il nous adresse au cœur des événements et même des événements les plus douloureux comme nos échecs.

Quant à l’Evangile, si j’avais une phrase à retenir, ça serait la demande de Philippe : Montre-nous le Père et ça nous suffit ! Comme elle est belle cette demande, comme j’aimerais pouvoir dire en vérité à Jésus : montre-moi le Père et ça me suffit, montre-moi le Père et je serai comblé ! Que l’Esprit-Saint nous aide progressivement à pouvoir le dire en vérité et à entendre la réponse de Jésus : qui me voit, voit le Père !

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