De la 1° lecture que nous avons entendue, une lecture pas spécialement facile, j’aimerais que nous retenions une invitation qui pourrait grandement nous aider quand nous traversons des épreuves. Paul nous invite à lire ces épreuves comme un travail d’enfantement. La femme qui enfante connait d’intenses douleurs et si sa vie s’arrêtait au moment de ces douleurs, elle pourrait dire : mais quel est le sens de douleurs aussi grandes ? Pourquoi Dieu m’inflige-t-il de telles douleurs ? Mais, quand elle accueille dans ses bras le bébé qui vient de naître, elle comprend tout et même elle va vite tout oublier ! Tout prend sens, c’était pour que cette vie nouvelle puisse advenir qu’elle a tant souffert, le jeu en valait la chandelle !
Eh bien, nous dit Paul, quand vous êtes dans l’épreuve, vous ne voyez pas l’issue, vous ne comprenez pas le sens de ces souffrances, mais dites-vous que c’est un travail d’enfantement qui s’opère en vous, qu’une vie nouvelle va advenir qui donnera sens à tout ce que vous avez dû endurer et supporter. Cette image que Paul développe nous invite à demander un surcroit de foi confiante. Demandons à être établis dans cette certitude de foi que ce n’est jamais le Seigneur qui nous fait souffrir pour payer je ne sais quelles erreurs du passé. Les souffrances de ces épreuves, elles peuvent parfois s’expliquer quand elles sont la conséquence de nos mauvais choix ou quand elles sont la conséquence de la méchanceté des autres. Mais, dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas Dieu qui fait souffrir, ce sont les autres ou c’est la conséquence logique de mes choix tordus. Mais parfois, elles ne peuvent pas s’expliquer, c’est un grand mystère, je ne comprends pas pourquoi tant de malheurs s’abattent sur moi, oui, c’est l’un des plus grands mystères que cette souffrance injuste de celui qui cherche, autant que faire se peut, à mener une vie droite.
La Bible est remplie de ces cris douloureux tournés vers Dieu et qui lui demandent sur tous les tons : pourquoi ? A cette question, Dieu ne répond pas parce qu’il sait que, lorsque nous sommes en proie aux souffrances, broyés par les épreuves, ce n’est pas d’explications dont nous avons besoin, mais de consolations et, ça, nous pouvons être sûrs qu’il nous l’apporte. Sa manière de faire, habituellement, c’est de nous envoyer des frères des sœurs qui vont arriver pile au bon moment, qui nous envoient un message quand nous en avons besoin. Accueillons ces personnes comme des anges de la consolation que Dieu nous envoie comme il avait envoyé un ange de la consolation à Jésus dans son agonie à Gethsémani, comme le rapporte l’Evangile de St Luc. Demandons aussi la grâce de pouvoir devenir, nous aussi, ces anges de la consolation, envoyés auprès de ceux qui souffrent trop.
Allons un peu plus loin, si Dieu ne répond pas à question : pourquoi ? Il répond à la question pour quoi ? A l’oral, vous n’avez pas entendu la différence, mais sur mon texte, il y a une différence ! Dieu ne répond pas à la question pourquoi je souffre, il préfère m’apporter la consolation, c’est dont j’ai le plus besoin, mais il répond à la question : « pour quoi » en 2 mots, c’est-à-dire « en vue de quoi » ? Et c’est, notamment, par ce passage de St Paul que Dieu répond en nous disant que ces souffrances, nous devons les lire comme un travail d’enfantement qui s’accomplit en nous. Croyons que, de ces souffrances, de ces épreuves qui ne viennent pas de lui, Dieu saura faire advenir une vie nouvelle. Et ça c’est le grand génie de Dieu que d’être capable de faire surgir du bien, du bon, du beau, de quelque chose de négatif comme la souffrance. Juste après le passage que nous avons lu, Paul aura cette formule si belle qui résume si bien tout cela : Dieu fait tout concourir au bien pour ceux qui l’aiment. Rm 8,28. Nous n’entendrons pas ce passage car la fête de la Toussaint et la commémoration des fidèles défunts vont interrompre notre lecture de la lettre aux Romains. Mais retenons cette Parole : Dieu fait tout concourir au bien pour ceux qui l’aiment. De tout mal, de toute épreuve, il peut faire surgir du bien, advenir une vie nouvelle.
Venons à l’Evangile qui, lui, nous parait bien plus simple. Ces deux petites paraboles de la graine de moutarde et du levain ne posent pas trop de problèmes de compréhension. Maintenant, ce n’est pas parce qu’on a compris le texte qu’on vit forcément ce qu’il nous propose de vivre ! Et ce que nous proposent, comme attitudes de vie, ces deux paraboles, je le résumerai autour de 3 mots : foi, patience et humilité. Regardons-les rapidement l’un après l’autre.
- Foi : Un enfant peut légitimement avoir des doutes quand vous lui dites : plante cette graine et il poussera un arbre ou mets ce levain qui est comme une pourriture dans cette pâte et tu pourras manger un bon pain ! Il n’y a aucune commune mesure entre le grain semé et l’arbre qui pousse et dans lequel les oiseaux feront leur nid, entre le levain mis dans la pâte et le pain croustillant que nous mangerons. Oui, cela exige une grande foi. Demandons cette foi pour croire que Dieu saura faire grandir ce que nous semons si petit et si peu extraordinaire. La croissance, c’est la mission de Dieu ! Faire en sorte que ce que nous semons petitement, maladroitement puisse devenir grand, beau et bon, c’est le job de Dieu, faisons-lui confiance en sachant bien qu’il ne pourra rien faire si nous, nous n’avons pas semé, si nous, nous refusons de mettre la main à la pâte !
- Patience : une fois semée, la graine ne va pas pousser en une heure pour donner un arbre, personne ne voir grandir un arbre tellement il grandit lentement et pourtant il grandit bien ! Personne ne voir lever la pâte quand le levain est enfoui, d’ailleurs on met un linge pour recouvrir la pâte. L’arbre va pousser, la pâte va lever, mais lentement. Ainsi en va-t-il pour ce que nous semons, pour ce que nous cherchons à réaliser en mettant la main à la pâte. Il nous faut entrer dans la patience et respecter le temps de Dieu qui n’est pas le nôtre, tellement pas le nôtre qu’il se débrouille souvent pour que ce soit un autre qui récolte les fruits de ce que nous avons semé, qui mange le pain que nous avons pétri !
- Humilité : Oui, les deux exemples que donne Jésus nous invitent à l’humilité. Parce que la graine de moutarde ne deviendra jamais un très grand arbre ! Jésus a fait exprès de ne pas parler de graine cèdre, là, oui, il y a un très grand arbre qui pousse ! De même pour le levain, la pâte ne gonfle pas démesurément. Quand nous aurons eu suffisamment de foi pour oser semer et mettre la main à la pâte, quand nous aurons eu assez de patience pour laisser le temps à Dieu de rendre féconde notre action, il faudra encore rester dans l’humilité afin de ne pas attendre des résultats démesurés qui pourraient toujours nous rendre orgueilleux. Dieu sollicite notre collaboration mais, la plupart de temps, le résultat restera petit, modeste et c’est bien ainsi !
Demandons par l’intercession de Notre Dame de Laghet un surcroit de confiance pour croire que les souffrances liées à nos épreuves sont comme les douleurs d’un travail d’enfantement et que de ce mal, Dieu saura tirer un bien. Demandons encore, par l’intercession de Notre Dame de Laghet, d’accepter de collaborer à l’œuvre de Dieu en semant, en mettant la main à la pâte et demandons-lui la grâce de savoir le faire avec foi, patience et humilité.