Vous savez sans doute qu’il y a un domaine dans lequel, certaines entreprises florissantes et certains milliardaires investissent à fond, c’est tout ce qui touche à ce qu’on appelle « l’homme augmenté. » Peut-être n’en avez-vous pas entendu parler en ces termes, avec cette expression utilisée dans le monde scientifique, pourtant ce projet d’un « homme augmenté » qui est à l’origine de tant de recherches correspond bien à un désir très largement répandu. En effet, ils sont nombreux, celles et ceux qui rêvent de pouvoir augmenter considérablement leurs performances, leur nombre d’années à vivre en bonne santé, leurs capacités intellectuelles. Tout n’est pas mauvais dans ces rêves et donc tout n’est pas mauvais dans les recherches qui sont réalisées pour rendre possible ce rêve. Mais il y a aussi de lourdes questions qu’on peut résumer dans cette question : jusqu’où ne pas aller trop loin ? D’autant plus que chez certains financeurs, il n’est pas question de permettre à cette recherche d’aider la médecine à mieux soigner. Les malades puisqu’ils sont malades, ils sont faibles, laissons-les mourir et intéressons-nous aux bien-portants, pour eux, il y a un grand enjeu à augmenter encore leurs capacités. Si vous êtes intéressés, faites des recherches sur internet, vous lirez des articles qui vous font froid dans le dos, même si, encore une fois, tout n’est pas à jeter.
Eh bien, voyez-vous, dans ce discours dur le Pain de Vie que nous lisons pour le 4° dimanche, je crois que Jésus nous parle, à sa manière, de l’homme augmenté. C’est comme s’il nous disait : vous rêvez d’un homme augmenté, eh bien, je vais vous indiquer le chemin le plus sûr et le moins risqué pour parvenir à cet homme augmenté. Ce n’est pas la science où tant d’apprentis sorciers jouent avec le feu qui vous permettra de parvenir à cet homme augmenté, c’est le Pain de vie qui vous permettra d’augmenter toutes vos capacités, du moins les plus essentielles. Et quelles sont les capacités les plus essentielles qu’il serait merveilleux que nous puissions tous voir augmentées en nous ? Bien sûr, ce sont nos capacités à aimer, sans doute aussi à nous laisser aimer. Est-ce vraiment désirable pour nous et décisif pour le monde de pouvoir vivre jusqu’à 150 ans, même si on parvient à nous permettre de rester encore alertes ? Est-ce vraiment si désirable pour nous et décisif pour le monde de pouvoir courir 150 km sans se fatiguer ? Est-ce vraiment si désirable pour nous et décisif pour le monde de pouvoir passer une dizaine de nuits d’affilée sans dormir tout en étant en forme ?
Evidemment, il n’y a rien, mais vraiment rien de décisif dans toutes ces performances et tant d’autres qui font rêver les partisans de l’homme augmenté ! En revanche, il serait vraiment décisif que nos capacités à aimer puissent être vraiment augmentées. Avec des capacités d’amour augmentées, il n’y aurait plus d’enfants qui mourraient de faim, qui subiraient la violence des adultes. Avec des capacités d’amour augmentées, il n’y aurait plus d’êtres humains qui profiteraient de leur pouvoir ou de leur argent pour exploiter d’autres êtres humains. Avec des capacités d’amour augmentées, il n’y aurait plus de personnes seules, tentées d’en finir tellement leur vie n’a plus de sens. Je pourrais continuer encore longtemps cette litanie de tout ce qu’un amour augmenté permettrait et de tout ce qu’il éliminerait de manière définitive.
Oui, je pense que la plupart des êtres humains rêvent d’un amour augmenté, mais ce rêve leur parait totalement inaccessible. Beaucoup font des efforts et finissent par se décourager devant le peu de progrès qu’ils voient, beaucoup d’efforts, peu de résultats ! J’aime bien citer Annie Cordy et sa célèbre chanson sur la bonne du curé : j’voudrais bien, mais j’peux point ! Oui, c’est vrai que par nos seuls efforts, nous allons vite plafonner, pourtant une solution existe. Dans l’Evangile, nous avons entendu Jésus dire : Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. Jésus nous rappelle donc que participer à l’Eucharistie, recevoir le Pain de Vie, c’est accueillir sa vie donnée par amour. Ce Pain est chargé de la plus haute puissance d’amour puisque Jésus nous l’a donné juste avant de mourir, disant : ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne. Y a-t-il plus grand amour ? Non ! Jésus le dira : il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Jn 15,13
J’avais un ami qui disait toujours qu’il aimait bien boire les liqueurs préparées par les moines parce qu’elles étaient chargées de toutes leurs prières ! Eh bien, c’est encore plus vrai, pour l’Eucharistie, le Pain de Vie, qui est chargé de tout l’amour du Christ.
Quand je dis cela, peut-être que certains se posent des questions en disant : depuis le temps que je viens à la messe, que je communie en recevant ce Pian chargé de tout l’amour du Christ, je ne vois pourtant pas de progrès foudroyants dans ma manière d’aimer ! A ceux-là, j’aurais d’abord envie de dire : imaginez ce que vous seriez devenus si vous n’aviez pas reçu ce Pain de l’Amour … sans doute seriez-vous bien pire encore ! Et puis, à eux, comme à moi, je pose cette question : est-ce que vous vous laissez vraiment travailler par ce Pain de l’amour ou est-ce que, la messe finie, vous reprenez toutes vos vieilles habitudes ?
Si nous comprenions vraiment la puissance de Pain de Vie, si nous réalisions de quel amour il est chargé, c’est sûr que nous ne raterions plus une seule messe, nous ne participerions plus distraitement à la messe, nous ne viendrions plus communier par routine. L’enjeu est grand, Jésus l’a précisé en disant : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Il ne veut pas dire que la communion va augmenter notre durée de vie, mais elle va augmenter notre capacité à aimer : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra vraiment, c’est-à-dire qu’il vivra dans l’amour et un amour qui ne mourra jamais puisqu’il est appelé à se déployer pour l’éternité.
A la fin du dialogue entamé avec la samaritaine à qui il proposait l’eau vive de son amour, elle lui disait : Seigneur donne-moi de cette eau toujours, c’est ce que nous pourrions, nous aussi dire : donne-moi de ce pain toujours, le Pain chargé de ton amour ! C’est ce que nous demandons par l’intercession de Notre Dame de Laghet !