17 novembre : 33° dimanche ordinaire. Deux très bonnes nouvelles pour nous !

Vous savez, il y a des dimanches où les prédicateurs doivent beaucoup prier pour ne pas céder à la tentation ou du moins à une tentation très précise, celle de commenter le texte le plus facile ! Je n’ai pas l’habitude de prêcher sur le psaume, c’est peut-être dommage d’ailleurs, mais je peux vous dire que, ce dimanche, ça m’aurait bien arrangé de le choisir comme texte-cible de ma prédication ! Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. Tu m’apprends le chemin de la vie :devant ta face, débordement de joie ! À ta droite, éternité de délices ! Mon Dieu que c’est beau et tellement plus attirant que ce verset de la 1° lecture : vous allez vivre un temps de détresse comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent, jusqu’à ce temps-ci. Ou encore ce verset de l’Evangile : après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors, pour ne pas céder à la tentation, j’ai prié et le Seigneur m’a exaucé !

C’est vrai que ces deux versets que j’ai extraits de la 1° lecture et de l’Evangile ne sont pas très réjouissants. Remarquez ce qu’ils décrivent, ce n’est ni plus ni moins terrible que ce que vous lisez dans le journal ou ce que l’on vous donne à voir à la télé. Hier, on annonçait que c’était le millième jour de guerre entre l’Ukraine et la Russie, c’est guère plus réjouissant ! Les étoiles qui tombent du ciel, nous avons assisté à ça dans l’Eglise, Jean Vanier, l’abbé Pierre et tant d’autres qui étaient comme des étoiles sont tombés. Ces annonces catastrophiques, finalement, nous y sommes habitués, mais il faut vite dire que les Ecritures ne font pas que nous répercuter des promesses anxiogènes. En effet, tant dans la 1° lecture que dans l’Evangile, il y a, en même temps, l’annonce d’une très bonne nouvelle.

La bonne nouvelle de la 1° lecture, c’est que Dieu ne nous regarde pas nous débattre dans nos difficultés sans nous venir en aide. Ne retenons pas que l’annonce des catastrophes, mais accueillons cette promesse :   En ce temps-là se lèvera Michel, le chef des anges, celui qui se tient auprès des fils de ton peuple. Car ce sera un temps de détresse … Vous avez entendu, quand nous serons dans des jours de détresse, et ça ne vise pas que la fin des temps, le Seigneur va nous envoyer l’archange Michel, le chef des anges. Il ne nous envoie pas un petit fonctionnaire céleste chargé de mettre en place une commission d’enquête pour comprendre d’où viennent nos problèmes ! Non, il nous envoie ce qui se fait de mieux, l’archange Michel, chef des anges ! Et si nos problèmes, ce n’est pas nous qui nous les sommes créés en faisant n’importe quoi, eh bien, ceux qui en sont responsables peuvent commencer à trembler, si nous ne comptons pas que sur nos propres forces ! 

La bonne nouvelle de l’Evangile est de la même veine. Après avoir annoncé cette série de réjouissance concernant le soleil, la lune, les étoiles, l’Evangile disait : Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel. C’est-à-dire que l’histoire ne se terminera pas en queue de poisson, le mal et le Malin n’auront pas le dernier mot, Jésus l’a vaincu par sa vie donnée, par son sang versé.

Mais alors, pourquoi y a-t-il encore et y aura-t-il encore tant de problèmes, tant de souffrance ? Pour essayer d’en rendre compte, on peut donner une image empruntée à la guerre. Imaginez un pays qui, ayant déclaré la guerre à son voisin, avait pu avancer sur le territoire ennemi. Mais voilà que le vent tourne et qu’en de multiples lieux des régiments entiers essuient des défaites et sont décimés. Les responsables de ce pays finiront, discrètement, par donner l’ordre de se retirer. Les soldats, la mort dans l’âme, humiliés par cette défaite finiront par obtempérer pour ne pas tous finir prisonniers ou morts. Mais il y a bien des chances pour qu’en se retirant, ils vont pratiquer ce qu’on appelle la politique de la terre brûlée, c’est-à-dire qu’ils vont détruire tout ce qu’ils pourront sur leur passage. Il en va ainsi avec l’esprit du mal, il est vaincu, c’est fait, mais il déploie les dernières forces qui lui restent pour nuire un maximum avant de sombrer dans le néant car, lui, il ne passera pas les portes du Royaume des Cieux ! 

Mais, encore une fois, quand il se déchaine et quand il se déchainera de manière ultime, ne craignons pas, le Seigneur envoie Michel et, lui-même, quand ça deviendra vraiment trop dur, il viendra pour siffler la fin de la partie, pour mettre un terme à ce temps d’épreuves. Voilà ce que nous annonce ces textes et, vous le voyez, c’est plein d’espérance !

Maintenant, peut-être qu’en m’écoutant, certains se disent : oui, d’accord, Michel viendra et si c’est trop compliqué, Jésus, lui-même, reviendra pour siffler la fin de la partie, mais, moi, je n’ai pas envie que la partie s’arrête ! Au cours de l’office des Lectures de ce jour, nous avons entendu une très belle homélie de St Augustin qui posait une très bonne question : est-ce qu’on aime le Seigneur, lorsqu’on redoute sa venue ? Mes frères, est-ce que nous n’avons pas honte ? Nous aimons, et nous redoutons sa venue ! L’aimons-nous vraiment, ou est-ce que nous n’aimons pas davantage nos péchés ? Ces questions de St Augustin, nous ne pouvons pas na pas nous les poser : comment dire que nous aimons le Seigneur, si, en même temps, nous redoutons sa venue ? Comment dire que nous sommes heureux de le recevoir à la messe si nous ne désirons pas vraiment être avec lui pour toujours ? 

Je ne dis pas que nous avons à hâter ce moment où nous serons pour toujours avec lui, mais je dis que nous ne pouvons pas le redouter, surtout dans la perspective de la fin des temps. Parce que, aujourd’hui, ce qui nous fait souffrir avec la mort de ceux que nous aimons, c’est que nous, nous restons et nous nous trouvons bien désemparés sans eux. Mais comment redouter et même comment ne pas espérer le moment où tout sera fini pour tout le monde, en même temps, et qu’ensemble, nous serons invités à vivre une éternité d’Amour ?

Tout à l’heure au cours de l’anamnèse, après la consécration du pain et du vin, nous dirons : Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. Par l’intercession de Notre Dame de Laghet demandons que nos cœurs soient accordés à ce que dira notre bouche !

Laisser un commentaire