25 juillet : St Jacques : les apôtres, comme les chrétiens ne sont pas de la vaisselle de luxe !

C’est vraiment très beau que l’Eglise nous propose pour la fête d’un apôtre cette 1° lecture de Paul qui rappelle que tous les chrétiens, du plus anonyme au plus grand, nous ne sommes que des vases d’argile, d’autres traductions parlent de poteries sans valeur. Je me rappelle ce texte d’un pasteur protestant portant comme titre : les chrétiens ne sont pas de la vaisselle de luxe, pas de la porcelaine ! C’est bien vrai ! Et non seulement, nous ne sommes pas de la vaisselle de luxe, mais, en plus nous sommes souvent des poteries bien fêlées ! Un vase fêlé, on n’a qu’une envie, c’est de le remplacer, eh bien, ce n’est pas l’intention du Seigneur à notre égard : il n’a aucune envie de remplacer les poteries fêlées que nous sommes. Le dialoguiste Michel Audiard a inventé une béatitude pourquoi le Seigneur nous aime et tient à nous malgré nos fêlures, il aimait dire, en effet : Heureux les fêlés, ils laisseront passer la lumière !

Et puis le Seigneur aime pratiquer avec nous cet art japonais qui s’appelle le Kintsugi ! Cette technique est utilisée pour recoller un vase cassé. « Kintsugi », ce mot, on peut le traduire par « jointure à l’or. » Nous, quand on recolle un vase cassé, on veut faire disparaitre autant qu’il est possible les traces de la cassure en recollant le mieux possible. Au Japon, on recolle en utilisant l’or fondu comme colle. C’est-à-dire qu’on met en évidence les cassures mais, avec cette technique, plus un vase a été malmené et cassé, plus il devient précieux puisqu’il y a de plus en plus d’or quand il est recollé ! Ainsi en va-t-il pour nous puisque l’or de la miséricorde vient nous restaurer quand notre péché nous a cassé, brisé le cœur.

L’apôtre que nous fêtons aujourd’hui, comme tous les apôtres, il a bien été une poterie sans valeur, poterie fêlée. L’Evangile que nous venons d’entendre la montre si bien ! Jésus vient d’annoncer pour la 3° fois, qu’il va mourir et que cette mort ne va pas être simple. Jacques et son frère, ils se disent que c’est le moment de se placer ! Et, en plus, ils n’ont même pas le courage de demander cette faveur, ils font intervenir leur mère !

Les Evangiles semblent prendre un malin plaisir à montrer toutes les insuffisances des apôtres, tous leurs dérapages incontrôlés. Et, pourtant, ce sont bien eux que Jésus a choisis et je dirai qu’il les a choisis en connaissance de cause ! Tous, à un moment donné, ils montreront leur extrême fragilité et même le 1° d’entre eux, Pierre ! Ils illustrent parfaitement cette belle parole du curé d’Ars, parole pleine d’humour : les saints n’ont pas tous bien commencé, mais ils ont tous bien fini !

Tout cela, c’est plein d’espérance pour nous ! Ce n’est pas une invitation à nous complaire dans la médiocrité, mais c’est une invitation à nous laisser travailler par le Saint-Esprit. Et vous savez, le nom Esprit-Saint est une contraction de « Esprit qui fait les saints », en tout cas, c’est comme ça que j’aime expliquer ce nom ! On le voit bien avec les apôtres, il réussira à faire de ces apôtres peureux, gaffeurs, autocentrés, des saints, des témoins qui donneront, les uns après les autres, leur vie pour Jésus. Après la Pentecôte, après avoir reçu le Saint-Esprit, ils ne seront plus du tout les mêmes les mêmes !

La vie de Jacques, que nous fêtons aujourd’hui, l’illustre parfaitement ! Jacques n’a pas bien commencé, nous l’avons entendu, lui qui veut être premier, mais il aura bien fini puisque, de fait, il sera le 1°, parmi tous les apôtres, mais pas premier dans les honneurs, premier à mourir martyr, à imiter les Christ jusque dans le don suprême de sa vie. Il a fini en se donnant totalement, en n’étant plus du tout préoccupé de se faire une bonne place ! Le Saint-Esprit l’avait transformé

Et la maman Zébédée, c’est formidable, elle aura suivi, elle aussi ce merveilleux chemin. Elle devait être le prototype de la mère juive qui couve ses enfants, heureuse de leur ambition, c’est pourquoi elle n’a pas dû se faire prier pour aller plaider la cause de ses enfants. Comme une bonne mère juive, ce qui comptait, c’étaient d’abord ses enfants et les autres après ! Eh bien, elle aussi, elle aura fait son chemin puisqu’on la retrouve présente à la Croix ; là, elle n’est plus du tout préoccupée de placer ses fils, mais de soutenir Jésus, de l’accompagner jusqu’au bout … quel chemin !

Ce que l’Esprit-Saint a fait pour les apôtres, pour la maman Zébédée, il peut et il veut le faire pour nous ! Il veut nous accompagner sur notre chemin de conversion permanente. D’ailleurs, St Jacques, c’est l’apôtre du chemin, du chemin de Compostelle. Alors, en ce jour, nous demanderons particulièrement son intercession, unie à celle de Notre Dame de Laghet pour que nous acceptions de faire le chemin qui nous conduira à vivre paisiblement nos pauvretés en croyant que les fêlés peuvent, encore mieux que les autres, laisser passer la lumière.

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