15 novembre : vendredi 32° semaine ordinaire : fraternité et vigilance !

Nous avons terminé la lecture suivie des lettres de Paul et nous n’y reviendrons pas avant l’année prochaine. Jusqu’à la fin de l’année liturgique, dans un peu plus de 15 jours, nous lirons des écrits johanniques, aujourd’hui et demain, des extraits de la 2° et de la 3° lettre et, à partir de lundi, la lecture de très larges extraits du livre de l’Apocalypse.

Dans la 1° lecture, nous entendions Jean se présenter comme un vieil homme, un ancien, aux deux sens du mot pour les Ecritures, c’est-à-dire responsable de communauté, mais aussi homme âgé. Il écrit pour une Dame élue, belle expression pour désigner une Eglise locale. Comme toutes les personnes âgées qui sentent leur fin approcher, Jean écrit pour transmettre ce qui lui semble le plus important. Il n’a plus de temps à perdre pour rectifier des broutilles, il ne veut plus que les chrétiens perdent leur temps dans des querelles stériles, alors il transmet ce qui lui parait essentiel et, dans cet extrait, l’essentiel va tourner autour de 2 points, l’amour fraternel et la rectitude de la foi.

  • L’amour fraternel, c’est le refrain qu’il reprend quasiment en boucle dans ses lettres. Il est d’ailleurs bien conscient que ça doit apparaître aux yeux de ses lecteurs comme du rabâchage, c’est pourquoi il prend bien soin de préciser : Ce que je t’écris là n’est pas un commandement nouveau, nous l’avions depuis le commencement. Le commandement de l’amour fraternel n’est pas nouveau, mais il est toujours à reprendre !
  • La rectitude de la Foi.  Beaucoup d’imposteurs se sont répandus dans le monde,
    ils refusent de proclamer que Jésus Christ est venu dans la chair. 
    Nous sommes à la fin du 1° siècle et une hérésie se répand, le gnosticisme. Dans ses lettres, St Jean va lutter contre la gnose en invitant à revenir au plus fondamental de la foi, à savoir : Jésus s’est véritablement incarné pour nous révéler le Père. Et ça ne sera pas seulement en écoutant Jésus qu’on apprend qui est Dieu, mais c’est aussi le regardant vivre concrètement que nous apprendrons qui est le Père : qui me voit, voit le Père, dit Jésus ! 

Venons-en à l’Evangile. J’ai annoncé que, lundi, nous entrerons dans la lecture suivie de l’Apocalypse, l’Evangile nous en donne comme un avant-goût en nous plongeant dans ce qu’on appelle le style apocalyptique. Le mot Apocalypse, dans le langage habituel, il est synonyme de catastrophe. Mais, en grec, apocalypse signifie non pas catastrophe, mais dévoilement, c’est-à-dire que le voile est levé pour voir Dieu qui agit. Mais ce qu’on voit nous semble tellement contraire à ce qu’on s’attendait à voir qu’on a de la peine à croire que, dans ce qu’on voit, c’est Dieu à l’œuvre qu’on voit. L’apocalypse, ce n’est donc pas la catastrophe, c’est le dévoilement de l’action de Dieu qui manifeste sa présence et son amour salvateur au cœur des catastrophes.

Déjà au temps de Jésus, mais encore bien plus au moment où St Luc écrit, on est convaincu qu’une catastrophe se prépare, de fait, elle arrivera en 70 avec la chute de Jérusalem et la destruction du Temple. Jésus veut donc aider le peuple des croyants à poser un regard de foi sur ces événements. Un regard superficiel ne verra que la catastrophe, c’est-à-dire, l’effondrement, un regard de foi pourra discerner que cet effondrement prépare un avènement, l’avènement de quelque chose de nouveau, de plus beau, de plus vrai. 

Toutefois, il convient d’entendre la mise en garde de Jésus quand il parle de ceux qui sont accrochés à ce qu’ils considèrent comme des bienfaits qu’ils ne sont pas prêts à lâcher. Vous avez entendu, ce n’est pas à des péchés qu’ils sont accrochés, mais à des réalités de confort : manger, boire, acheter, vendre, planter, bâtir … Si ces activités de confort sont les seules activités qui te mobilisent, alors, dans la catastrophe, tu ne verras qu’une catastrophe qui perturbe ce confort routinier dans lequel tu t’étais installé. Mais si tu es capable d’un sursaut en comprenant que tu t’étais laisser anesthésier par ces activités en y mettant ton cœur plus que de raison, alors, tu pourras te réjouir, non pas des catastrophes, mais de l’avènement qui va surgir sur la place libérée par ces effondrements multiples. 

C’est sans doute pour nous une invitation à vérifier avec le plus de lucidité possible ce à quoi nous nous sommes mis à tenir et qui pourrait nous anesthésier. Car l’Evangile nous met en garde : deux personnes seront dans le même lit : l’une sera prise, l’autre laissée, deux femmes seront ensemble en train de moudre du grain : l’une sera prise, l’autre laissée. Il ne s’agira pas d’un choix arbitraire, mais seuls ceux qui tiendront à l’essentiel ne s’effondreront pas.

Et Jésus conclut en citant sans doute un proverbe de son époque : « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours. » Ce n’est pas un dicton à la Nostradamus ! Jésus dit clairement : Quand vous voyez des vautours, c’est un signe qui ne trompe pas, il y a des cadavres ! Eh bien les catastrophes, signes annonciateurs de l’avènement ne tromperont pas, quand elles arriveront, ceux qui se seront laissé anesthésier risquent de s’effondrer. Ne perdons donc plus de temps !

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet demandons la grâce de vivre dans l’amour fraternel et la rectitude de la Foi et qu’elle nous aide à discerner tout ce que nous sommes invités à lâcher pour mieux accueillir la nouveauté que le Seigneur veut faire surgir.

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