Au milieu de ce temps de l’Avent, l’Eglise nous invite à la joie, c’est le sens de ce dimanche qui porte précisément le nom de « Gaudete » qui, en latin, signifie se réjouir. Mais peut-on se réjouir comme ça, sur commande ? C’est sûr que dans les messes célébrées ce jour, à Mayotte, île dévastée par le cyclone chido, la joie ne sera pas exubérante. Chez tous ceux qui ont perdu un être cher ces derniers jours ou à qui on aura annoncé une maladie terrible, la joie aura du mal à s’exprimer. Par contre, la joie sera plus tangible en Corse qui jubile d’accueillir pour la 1° fois de son histoire un pape. On le sent bien, la joie est plus naturelle, spontanée, facile à exprimer quand ça va bien. Seulement cette joie-là ressemble plus à de l’euphorie qu’à la joie profonde à laquelle l’Eglise nous invite aujourd’hui. Ce dimanche du Gaudete va nous inviter à faire un travail intérieur pour découvrir les raisons profondes qui nous permettront de ne pas nous départir de la joie même quand ça ne va pas, même quand nous sommes très loin de l’euphorie. Cette joie à laquelle l’Eglise nous appelle n’est pas une joie qui dépend d’événements extérieurs, de réussites extérieures, elle est un don de Dieu, elle est liée à Dieu. Chacune des lectures va donc nous donner quelques bonnes raisons de vivre dans la joie, une joie profonde que nul ne pourra nous ravir comme le dit Jésus.
Dans la 1° lecture, le motif de la joie est répété par deux fois pour que nous ne puissions pas passer à côté. Le Seigneur est en toi dit le prophète Sophonie. Il le dit à un moment troublé, comme il y en a eu tant, de l’histoire du Peuple des hébreux. Que Dieu soit avec nous, mieux, qu’il soit en nous, ça n’est pas lié à des événements extérieurs, c’est la décision de Dieu et nous savons que ses décisions sont irrévocables. En disant que le Seigneur est en nous, Sophonie disait une prophétie, c’est-à-dire qu’il disait, sous l’onction de l’Esprit-Saint, une parole qui le dépassait complètement et dont il ne voyait pas la réalisation, sans même comprendre comment elle pourrait se réaliser. Il faudra évidemment attendre Jésus qui viendra au milieu de son peuple et qui, par l’Eucharistie, viendra en nous, accomplissant parfaitement la prophétie de Sophonie. Si le peuple Corse jubile en accueillant le pape chez lui, à combien plus forte raison pouvons-nous jubiler d’accueillir Jésus en nous à chaque messe. On ne comprend d’ailleurs pas pourquoi, il n’y a plus de monde aux messes. En Corse, tous les hôtels sont pleins, tous les moyens de transport ont été pris d’assaut pour s’y rendre. Mais si j’osais, je dirais que c’est quand même que le pape qui va en Corse. Ici, comme dans toutes les églises en ce dimanche, c’est Jésus, le patron du pape qui vient ! Voilà donc le 1° motif de joie, à chaque fois que nous participons à la messe, nous sommes bien plus privilégiés que les Corses qui, en ce jour, accueillent le Pape !
Je ne dirai rien sur le psaume car chaque strophe et même presque chaque verset nous donne de bonnes raisons de nous réjouir. Et cette joie à laquelle le psaume nous invite correspond bien à ce que je disais, c’est une joie qui ne dépend pas de nous, de nos états d’âme, de ce que nous vivons, mais une joie liée à ce que Dieu est.
La 2° lecture commençait par cette invitation forte : Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. Et le motif de cette joie à laquelle Paul appelle les chrétiens de Philippe est étonnant. Il annonce que le Seigneur est proche. Or, Paul écrit une soixantaine d’années après la venue de Jésus, comment peut-il dire qu’il est proche ? Eh bien il est proche parce qu’il veut venir aujourd’hui, dans nos cœurs, comme le dit le livre de l’Apocalypse, il frappe à la porte de notre cœur, c’est dire s’il est proche ! Et puis, les chrétiens attendent ce moment où il viendra dans la gloire siffler la fin de la partie de la vie du monde ouvrant à tous ceux qui en ont le désir les portes du Royaume de l’amour. Le Seigneur est proche, ça reste vrai quelle que soient les événements de notre vie. Comme je le disais dans le 1° point, si nous voulons goûter la joie, ouvrons-lui la porte de notre cœur, car, selon les paroles de Paul, il y plantera la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir.
Dans l’Evangile, il y a un triple motif de joie.
1° motif de joie : nous n’avons pas une religion compliquée ! Une question est posée à Jean-Baptiste : que devons-nous faire ? La réponse donnée est extrêmement simple et encourageante.
Jean-Baptiste ne dit pas que pour être un bon croyant il faut faire des choses impossibles, très compliquées, non ! A chacun, il répond : quel que soit ton métier, ta situation, fais bien ce que tu as à faire, accomplis le bien dans tout ce que tu dois faire ! Notre religion n’est pas compliquée, c’est tellement dommage de voir que ce sont les hommes qui, la plupart du temps, la compliquent ! Et il n’y a rien d’étonnant au fait que notre religion ne soit pas compliquée car Dieu, lui, il n’est pas compliqué. Il est amour, point final !
2° motif de joie. Jean-Baptiste annonce que celui qui vient, le Messie, Jésus, il est bien plus puissant que lui, puisqu’il baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. Jean-Baptiste baptisait dans l’eau, c’est-à-dire que tous ceux qui avaient pris conscience qu’ils devaient changer de vie venaient à lui, et symboliquement, il les trempait dans l’eau, comme pour noyer leurs péchés. Mais c’était juste symbolique ! Ils ressortaient avec la conviction claire qu’il leur faudrait changer de vie, mais ce baptême symbolique ne leur en donnait pas la force. Alors que Jésus, dit Jean-Baptiste, il anéantira vos péchés dans le feu de son amour et il vous donnera l’Esprit-Saint. L’Esprit-Saint, nous en avons reçu un acompte à notre Baptême et nous l’avons reçu pleinement à notre confirmation, mais est-ce qu’il ne serait pas comme certains cadeaux qu’on nous a fait et que nous rangeons sans les avoir déballés ou, si nous les avons déballés, nous nous en sommes très peu servis. C’est pour cela que la vie de tant de chrétiens est si laborieuse, c’est parce qu’ils ne font pas travailler le Saint-Esprit qu’ils ont reçu alors qu’il est la force des faibles, le Père des pauvres.
Enfin 3° motif, Jean-Baptiste annonce que Jésus va faire un grand ménage, c’est le sens des derniers versets de l’Evangile. Mais pas un ménage entre les bonnes et les mauvaises personnes, entre les bons et les mauvais croyants, non ! Il se propose de venir faire le ménage dans nos cœurs pour qu’ils soient débarrassés de tout ce qui n’a rien à y faire afin que, dans nos cœurs, il n’y ait de la place que pour l’amour.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de goûter pleinement à cette joie qui nous est proposée : le Seigneur est proche, lui ouvriras-tu ton cœur ?
Merci père pour vos éclairages sur ce chemin de l’Avent🙏🏼