11 octobre : vendredi 27° semaine ordinaire. Grâce et loi, quel équilibre ? Exorcisme mode d’emploi !

Hier, dans l’extrait de la lettre aux Galates que nous lisions, nous avons entendu « le savon » que passait Paul aux Galates. Il ne les reprenait pas parce qu’il aurait été habité par une mauvaise humeur passagère, non, c’était très sérieux ! Eux qui avaient expérimenté la puissance de la grâce étaient revenus en arrière, pensant que, seuls les efforts qu’ils feraient pour respecter le plus scrupuleusement possible la Loi les conduiraient au Salut. C’est un peu comme si, lui, Paul, après avoir expérimenté la puissance de la grâce qui l’avait rendu juste, alors qu’il était un persécuteur, s’était remis à prêcher ce qu’il enseignait dans le judaïsme : à savoir que c’est le respect scrupuleux de la Loi qui conduit au Salut. Les Galates avaient fait ce retour en arrière à cause de la venue parmi eux de certains chrétiens qu’on appelait « les judaïsants » et qui accordaient une place trop grande au respect de la Loi.

Dans le passage d’aujourd’hui, Paul va expliquer, dans un développement théologique, pourquoi c’est si grave de revenir à la Loi après avoir connu la puissance de la grâce. Ces versets sont presque un copier-coller de la réflexion exigeante qu’il mènera dans l’épitre aux Romains. J’explicite et résume ce que Paul veut dire quand il cherche à montrer les limites de la Loi. En effet, si la Loi dit admirablement bien ce qu’il faut faire, elle ne donne pas la force de l’accomplir. Grâce à la loi, je sais très bien ce qu’il faut faire et ne pas faire, mais je n’ai pas forcément la force de l’accomplir parce qu’il y a des désirs désordonnés en moi. Dans l’épitre aux Romains, il résumera cela dans cette formule si juste : le bien que je voudrais faire, trop souvent, je ne le fais pas et le mal que je ne voudrais pas faire, trop souvent, je le fais ! 

Mais alors, est-ce à dire que la Loi est abolie ? Non ! Jésus lui-même l’a dit : je ne suis pas venu abolir la loi, mais l’accomplir. Et, ici, au sanctuaire de Laghet, on ne peut pas oublier cette parole puisque c’est celle qui est écrite dans le livre des Ecritures que Jésus tient ouvert dans les bras de Marie, comme nous le montre la statue derrière moi et qui est bien plus lisible sur la grande icône du cloitre. Alors comment comprendre ? Eh bien dans ce grand débat sur respect de la loi et accueil de la grâce, il y en a un qui peut vraiment nous aider, c’est St Augustin qui a fort justement dit : La loi a été donnée pour que soit recherchée la grâce et la grâce a été donnée pour que soit observée la Loi. Quel équilibre merveilleux dans cette formule que je redis : La loi a été donnée pour que soit recherchée la grâce et la grâce a été donnée pour que soit observée la Loi.

Venons-en à l’Evangile où Jésus fait face à l’une des pires calomnies qui puisse être prononcée contre lui : Jésus qui est venu combattre le mal et mener une guerre sans merci à l’encontre des démons, en fait, c’est avec le pouvoir que Béelzéboul, le prince des démons, lui aurait donné qu’il les chasse. Avouez qu’il faut déjà être tordu pour penser des choses comme cela. Jésus le fera remarquer en disant que si Béelzéboul donne du pouvoir à quelqu’un pour chasser les démons à son service, c’est que ce Royaume du mal est profondément divisé et qu’il ne pourra pas tenir. Au-delà de la calomnie, je voudrais retenir 3 points dans ce que Jésus dit.

1° point, il concerne le chef des démons, Béelzéboul. Il y a quelques temps, j’ai appris la signification de ce nom hébreu et ça m’a beaucoup intéressé. La meilleure manière de traduire Béelzéboul, ça serait « prince des mouches ». Le diable est le prince des mouches ! S’il était le prince des tigres ou des hyènes, on devrait le redouter, mais le prince des mouches, c’est dérisoire. Ce nom si peu glorieux lui a été donné pour bien manifester qu’en fait, il n’a que le pouvoir que nous lui donnons et si nous ne lui donnons rien, il n’a aucun pouvoir. Oui, mais ce nom indique aussi qu’il est comme une mouche, vous le chassez et 10 secondes après il revient sans que vous ne puissiez l’arrêter. C’est par ce pouvoir de harcèlement qu’il obtient le plus souvent ses victoires ; fatigués de lutter, de le repousser, nous finissons par accepter ses suggestions.

2° point, il concerne l’utilisation étonnante de cette expression « le doigt de Dieu » pour désigner la force avec laquelle Jésus expulse les démons. Jésus dit : En revanche, si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous. Que veut dire Jésus en parlant du doigt de Dieu ? 

Je n’ai pas le temps, dans cette homélie, de vous le démontrer, mais croyez-moi, le doigt de Dieu désigne le Saint-Esprit. D’ailleurs, dans la prière du Veni Creator, le Saint Esprit est désigné par cette expression : Toi le doigt qui œuvres au Nom du Père. Le Saint-Esprit est le doigt de Dieu et c’est en utilisant sa puissance que Jésus chasse les démons. Nous serions bien inspirés de l’imiter et de demander l’assistance du St Esprit dans les combats que nous avons à mener contre le Prince des mouches !

Enfin, 3° point, il concerne la petite histoire que Jésus raconte à la fin du texte. Cette histoire raconte donc les mésaventures d’une personne dont l’âme a été nettoyée de la présence d’un démon et va se retrouver infestée par la présence du démon chassé qui revient et de 7 autres démons encore plus méchants qu’il a invités. Cette histoire nous parle de tous ceux qui demandent des prières de libération pour être débarrassés d’un problème mais qui ne veulent pas ensuite entrer dans un véritable chemin de foi pour que leur cœur ne reste pas vide et donc « squattable » par d’autres démons. Le cœur libéré, il faut l’emplir de la présence de Jésus, de l’amour du Père et de la puissance du St Esprit, autrement, non seulement la prière de libération ne sert à rien, mais la situation peut être pire après qu’avant. Et c’est ainsi qu’on voit des personnes courir de prêtre en prêtres en disant : avec le père Untel, ça n’a pas marché ! La plupart du temps, le problème ne vient pas de celui qui a prié, mais de celui ou celle qui a reçu la prière sans entamer un chemin spirituel de conversion sérieuse.

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce d’être fortifiés dans les combats que nous avons à mener.

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