Homélie 5/11 Grâce et commandements

Pour lire, mais surtout pour écouter avec profit le passage de la lettre aux Romains (Rm 12, 5 -16) que nous venons d’entendre, il est bon de connaitre sa grande structure. Vous allez vite comprendre que ce que je veux vous dire est extrêmement concret. 

C’est vrai que cette lettre n’est pas facile, mais quand on a compris les grandes articulations, il est plus facile d’en accueillir le message. On peut dire qu’il y a deux grandes parties et à chacune de ces parties, les spécialistes donnent un nom savant : la première partie qu’on appelle kérygmatique, c’est-à-dire qui présente le cœur de la Foi des chrétiens et la deuxième partie qu’on appelle parénétique, va nous présenter comment vivre en chrétien de manière assez concrète. Au centre, il y a comme une charnière qui permet de passer de l’une à l’autre et qui est une belle catéchèse sur l’Esprit-Saint et la vie dans l’Esprit. La lecture de ce matin se trouve au tout début de la 2° partie, vous avez entendu qu’elle était faite d’un grand nombre de recommandations qui nous disent précisément comment, de manière très concrète, il nous faut vivre si nous voulons être dignes de ce titre de chrétien. Et toutes les consignes de Paul, entendues ce matin, nous pourrions les relire plusieurs fois dans cette journée pour qu’elles nous aident à rectifier le tir tout au long de la journée.

Mais attention, il ne faut surtout pas oublier ce que j’ai dit de la structure de la lettre. Nous ne pouvons pas accueillir le message de la 2° partie de la lettre, si nous n’avons pas intégré le message de la 1° partie et de la charnière centrale. En effet, avant de nous dire ce qu’il faut faire, c’est la 2° partie de la lettre, Paul nous dit ce que Dieu a fait pour nous en Jésus-Christ, c’est la 1° partie que j’appelais kérygmatique, c’est-à-dire qui nous livre le cœur de la foi chrétienne.

Le père Cantalamessa, prédicateur de la maison pontificale depuis tant d’années a une merveilleuse formule, assez facile à retenir, pour résumer ce qui fait le cœur de la foi chrétienne. Il dit : « Toutes les religions vous diront ce que vous devez faire pour parvenir au Salut, à l’Illumination, le christianisme est la seule religion qui nous dit ce que Dieu a fait pour nous en Jésus-Christ » Voilà qui est très important. Paul ne commence pas par détailler tous les devoirs du chrétien, ces devoirs, dans la lecture d’aujourd’hui, nous en avons une belle liste, mais il commence sa lettre en parlant de la grâce, du don de Dieu en Jésus-Christ et de la puissance de l’Esprit-Saint.

Paul sait que nous sommes tous des pauvres. Et il le sait très bien car il s’est bien rendu compte que lui-même était un pauvre, lui qui a tant persécuté les chrétiens. L’expérience de sa pauvreté, il l’a formulée de manière si lumineuse au chapitre 7 en disant : le bien que je voudrais faire, je ne le fais pas assez souvent et le mal que je ne voudrais pas faire je le fais trop souvent. Nous pouvons tous nous reconnaître dans cette expérience. Nous sommes des pauvres, habités par un grand désir de faire du bien mais souvent incapables de le réaliser. 

L’évangile, à travers la parabole que racontait Jésus, nous rappelait cette pauvreté qui est la nôtre. Pourtant, malgré notre pauvreté, le Seigneur ne rabaisse pas les exigences de la vie chrétienne. Il ne dit pas : ils ont de bonnes intentions, mais puisqu’ils sont faibles, je vais leur en demander un peu moins ! Non ! La liste que nous avons entendue de ce que Paul nous demande d’accomplir pour vivre en chrétien est impressionnante. 

Le Seigneur ne rabaisse pas les exigences, il nous donne sa grâce, il a livré sa vie pour nous et nous donne l’Esprit-Saint. Il ne nous faut donc ni renoncer devant la liste des exigences de la vie chrétienne, ni penser que nous parviendrons à l’accomplir en comptant sur nos forces et devenir ainsi de véritables pharisiens. 

La seule manière de parvenir à mener une vie chrétienne, une vie vraiment chrétienne, c’est d’accueillir la grâce ; c’est d’accueillir le don que Jésus nous fait de sa vie et c’est bien pour cela que nous venons à la messe puisque dans chaque messe, c’est ce don qui se réactualise pour nous. Et, ayant accueilli cette grâce de nous appuyer tout au long de la journée sur l’Esprit-Saint qui a été répandu dans nos cœurs. Puissions-nous, aujourd’hui, vivre en chrétiens authentiques sans jamais rabaisser le niveau des exigences de cette vie chrétienne mais en comptant sur la grâce. Nous l’avons demandé et nous ne cessons de le demander en priant l’Angelus, quand nous le supplions de répandre sa grâce en nos cœurs.

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