Ce dimanche je prêchais pour la rencontre des étudiants de Bujumbura. Ils étaient environ 300. Le matin, pour se préparer à la fête de l’unité nationale qui aura lieu le 5 février, il m’a été demandé de leur faire un enseignement sur le thème « que tous soient un ! » Et, voilà l’homélie à partir de la 2° lecture du jour qui est l’hymne à l’amour de la 1° épitre aux corinthiens ch. 12

Chez nous, dans un certain nombre de revues, il y a des tests que les lecteurs peuvent faire. Ça se passe de cette manière, l’auteur de l’article, aidé d’un psychologue, a préparé un certain nombre de questions sur un sujet et les lecteurs ont le choix entre deux réponses. Donc à chaque question, ils répondent 1 ou 2. Et à la fin du test, on leur demande de compter combien ils sont de 1 et combien de 2. Et alors, il y a une évaluation qui est proposée. Je vais donner un exemple dans les revues pour les femmes, il y a des tests : pourrez-vous devenir l’épouse idéale ; et dans les revues pour homme : pourrez-vous devenir l’époux idéal. Les gens répondent aux 20 questions et on leur dit si vous avez 10 réponses 1 et 10 réponses 2 vous êtes une épouse ou un époux moyen. Si vous avez entre 15 et 20 réponses 1 et donc entre 5 et 0 réponses 2, vous ne serez pas un bon époux ou une bonne épouse, restez célibataire, c’est préférable ! Par contre si vous avez entre 0 et 5 réponses 1 et entre 15 et 20 réponses 2, vous serez une épouse ou époux très recherché !

Eh bien, ce matin, chers jeunes étudiants, je voudrais vous proposer un test pour savoir si vous êtes une bonne chrétienne ou un bon chrétien. Pour cela, je vais être obligé de relire une partie du texte que nous avons entendu dans la 2° lecture, je vais le lire lentement parce qu’il faut que vous arriviez à retenir les 16 qualités de l’amour qui sont énumérées par St Paul. Je vais un peu le transformer pour que ça soit plus concret ! Mais attention, il ne s’agit pas de savoir si vous êtes d’accord avec ce que St Paul dit parce que je pense que tout le monde est d’accord sur tout ! Non, il s’agit de savoir si vous le vivez vraiment. Au fur et à mesure que je pose les questions, essayez dans votre tête de dire oui ou non et comptez le nombre de oui et le nombre de non. Si vous avez de quoi écrire, c’est encore plus simple !

1/ Est-ce que vous savez aimer les autres d’un amour patient ?

2/ Est-ce que vous rendez volontiers service à tous ceux qui vous le demandent ?

3/ Est-ce que vous êtes jaloux ?

4/ Est-ce que vous refusez de vous vanter, est-ce que vous refusez de chercher à vous mettre en avant pour que les autres vous admirent

5/ Est-ce qu’il vous savez renoncer à l’orgueil, est-ce que vous acceptez de ne pas avoir toujours avoir raison ?

6/ Est-ce qu’il vous refusez de faire des choses qui ne se font pas à ceux que vous aimez ou avec ceux que vous aimez ? Je ne fais pas la liste de ce qui ne se fait pas, ça serait trop long !

7/ Est-ce que vous savez aimer les personnes sans rechercher aucun intérêt en retour ?

8/ Est-ce que vous savez contenir vos énervements pour ne jamais vous mettre en colère ?

9/ Est-ce que vous pardonnez facilement ?   

10/ Est-ce que vous renoncez à toute forme de vengeance vis-à-vis de ceux qui vous ont offensés ?

11/ Est-ce qu’il vous savez vous réjouir de ce qui arrive de bien aux autres ?

12/ Est-ce que vous vous plaignez souvent et parfois pour pas grand-chose ?

13/ Est-ce que de manière assez spontanée, vous savez faire confiance aux autres ?

14/ Est-ce que vous êtes d’un tempérament plutôt optimiste ?

15/ Est-ce que vous arrivez à supporter les autres, les situations compliquées ?

16/ Est-ce que vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour que l’amour, l’amitié dure ?

Bon, très bien, je vais donner les résultats !

Si vous avez 16 oui, vous êtes déjà une sainte et un saint, enfin, à condition que vous ayez répondu de manière tout à fait vrai parce que, en vous regardant, je ne vois aucune auréole sur aucune tête ! Et vous avez remarqué qu’il n’y en a pas non plus sur ma tête !

Si vous avez 8 oui, vous êtes un chrétien moyen !

Si vous en avez 12, vous êtes un chrétien acceptable !

Si vous avez 4 oui, vous avez une grande marge de progression et il serait temps de vous prendre en main !

Si vous avez 16 non : il faut de toute urgence vous confesser, vous inscrire à une retraite et décider de changer de vie parce que vous allez rester seul toute votre vie !

C’est sûr que nous aimerions tous avoir 16 ! Et je peux vous dire que l’objectif de Jésus, c’est que nous parvenions à 16, il ne veut ni des chrétiens moyens, ni des chrétiens acceptables encore moins des chrétiens qui soient nuls, il veut des chrétiens performants !

Jésus est un maître exigeant, mais s’il est exigeant, c’est parce qu’il sait que, seul l’amour, peut sauver le monde. Les personnes qui rayonnent l’amour sont des personnes avec qui on aime se retrouver. Elles arrivent à faire changer les choses autour d’elle. C’est ce que demandait mère Térésa, la grande sainte de Calcutta en Inde qui recueillait et aimait tous les pauvres. Elle donnait comme consigne à ses sœurs : « Ne laissez personne venir à vous et repartir sans être plus heureux. » Et nous le savons bien quand nous rencontrons quelqu’un de vraiment bon, qui est vraiment rempli d’amour, nous repartons meilleur d’une rencontre avec lui, avec elle. C’est l’amour qui transforme le monde, c’est pour cela que Jésus veut que nous devenions des chrétiens excellents.

Et il nous met en garde à travers ces paroles de St Paul. Attention ! Il ne suffit pas de faire des choses admirables pour être un chrétien excellent. Et il cite des exemples concrets de choses absolument admirables qui peuvent être nulles aux yeux de Jésus.

Par exemple distribuer toute sa fortune aux affamés, ou accepter de se faire brûler vif, c’est-à-dire accepter de donner sa vie. Ce n’est quand même pas tout le monde qui est prêt à faire ça ! Mais St Paul dit : ces choses admirables, si elles sont faites sans amour, juste pour briller aux yeux des autres, ça n’a aucune valeur.

Et on le voit bien, par exemple avec les terroristes, ils acceptent de mourir en se faisant exploser avec une bombe, ils acceptent de donner leur vie mais ça n’a aucune valeur puisque c’est fait sans amour, c’est, au contraire la haine qui les anime. Chez les chrétiens, les martyrs, eux ils donnent leur vie par amour et pas pour tuer les autres, ce sont eux qui acceptent de donner leur vie pour que les autres vivent mieux ! Sur la fortune donnée aux pauvres. Parfois, chez nous, il y a des grandes émissions à la télé au cours desquelles on invite les téléspectateurs à donner de l’argent pour soutenir telle ou telle cause. Et on voit des gens très riches, des chanteurs, des acteurs de cinéma, des sportifs, tous des gens très très riches venir donner en direct une grosse somme d’argent. Et tout le monde s’émerveille devant leur générosité. Mais ils ont souvent fait ça pour se faire admirer et puis ce qu’ils ont donné en comparaison de ce qu’ils ont gardé n’est rien ! S’ils avaient voulu faire un vrai don, il fallait le faire sans le faire savoir à tout le monde et donner en proportion au moins autant que les pauvres qui se privent pour faire un don.

St Paul a raison, il ne suffit pas de faire des choses admirables pour être un chrétien excellent. Tout ce que l’on fait doit être fait par amour et avec amour.

Mais alors, quand on entend cela, on pourrait se mettre à désespérer : personne ne pourra devenir un chrétien excellent ! Avoir 16 sur 16 en permanence, ce n’est pas possible !

Si mes amis, c’est possible ! Jésus ne demande jamais des choses impossibles ! Pour comprendre comment c’est possible, comment on pourra parvenir peu à peu à nous rapprocher du 16/16, c’est assez simple.

En fait, ces 16 qualités de l’amour que St Paul a énoncées, elles sont les qualités de Jésus. Il n’y a que Jésus qui ait un amour parfaitement patient, rendant volontiers service à tous ceux qui le prient, un amour totalement désintéressé, il n’y a que Jésus qui soit parfaitement humble, miséricordieux … Je ne veux pas reprendre tout le texte, mais ce texte, on peut dire qu’il dessine le portrait de Jésus. Ces 16 qualités sont les qualités de Jésus, celles qu’il a en permanence et qu’il déploie pour nous.

Alors, si je veux devenir un chrétien excellent qui a 16 sur 16, je peux chercher à faire des efforts, mais nous le savons bien, souvent, nous faisons beaucoup d’efforts et nous obtenons peu de résultats !

La preuve, nous sommes obligés de nous confesser régulièrement !

Non, il y a un moyen plus sûr que les efforts, c’est de fréquenter Jésus le plus souvent possible. La devise de la mère Térésa est parfaitement vraie pour Jésus : Quand on vient à lui, on repart meilleur et plus heureux ! Il nous faut prendre Jésus comme compagnon de vie. Vous entendez bien, compagnon de vie, pas seulement le rencontrer à la messe le dimanche et une petite prière le matin et le soir ! Non ! Compagnon de vie. S’il devient notre compagnon de vie, alors nous pourrons dire comme St Paul : ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ! Et si c’est le Christ qui vit en moi, ses qualités deviennent les miennes et c’est ainsi que je me rapproche du 16/16 sans efforts … enfin, sans efforts, ce n’est pas tout à fait vrai, il y a un effort permanent, c’est de garder le Christ comme compagnon de vie.

Mais peut-être que certains ont peur en se disant : mais si j’accueille Jésus, je vais avoir une vie au ralenti, je vais avoir une vie de moine et moi, je ne veux pas être moine ! Benoit XVI, le pape précédent s’était adressé aux jeunes le jour de la messe d’intronisation, il avait dit : chers jeunes, n’ayez pas peur du Christ, il n’enlève rien, il donne tout ! Vous avez entendu, vivre avec le Christ, ça n’enlève rien, c’est un cadeau. En fait si ça enlève quand même quelque chose, mais ce que ça enlève, c’est le péché et le péché, c’est ce qui nous rend tristes, c’est ce qui nous salit et salit les autres ! N’ayez pas peur du Christ, il n’enlève rien, il donne tout ! Et quand vous pourrez dire : ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi, vous aurez 16/16, alors ça vaut le coup !

Mais pour cela, il faut vraiment que le Christ devienne notre compagnon de vie. Quand il le sera devenu, la question sur laquelle nous avons réfléchi ce matin est réglée : l’unité ne sera plus jamais un problème. Quand le monde vivra d’amour, quand tous les hommes vivront d’amour, l’unité sera là. Pensez-y le jour de la fête de l’unité nationale. Que ce soit l’occasion de prier pour que le monde puisse accueillir Jésus pour que tous les hommes progressent jusqu’à arriver au 16/16.

Vous savez que nous sommes 2,5 milliards de chrétiens dans le monde, c’est-à-dire que nous avons entre nos mains ou dans nos cœurs le pouvoir de faire basculer le monde dans l’amour et l’unité. Mais, hélas, sur ces 2,5 milliards, il y en a beaucoup trop qui sont tièdes, moyens. Ne soyez pas de ceux-là si vous voulez faire basculer votre pays dans l’amour et dans l’unité !