J’ai essayé de faire un peu plus court puisque l’évangile a été long, mais ça sera juste un peu plus court ! J’aimerais, quand même, vous partager 3 points !
1° point, ce dimanche, la liturgie lui a donné comme nom : dimanche des Rameaux et de la Passion. On nous supprime pas mal les Rameaux, il reste donc … la Passion ! Ce mot français, il est très intéressant en raison de son ambivalence. Quand je dis passion, vous pouvez entendre « souffrance » ou « amour » mieux, vous entendez, à la fois, « souffrance » ET « amour. » Entrer dans la semaine sainte, c’est nous préparer à recueillir les fruits de la passion, c’est-à-dire les fruits de l’amour fou de Jésus vécu jusque dans les souffrances les plus terribles. La passion, c’est l’amour déraisonnable, le cœur a ses raisons que la raison ignore. Nous contemplerons encore une fois jusqu’où Jésus nous a aimés, reprenant avec gratitude ce cri d’émerveillement de Paul : « Le Seigneur m’a aimé et il s’est livré pour moi. »
Même si nous n’avons pas eu le signe liturgique des Rameaux, je voudrais quand même y faire allusion et ça sera les deux points suivants.
– 2/ D’abord pour évoquer un souvenir du Burundi. Au Foyer de Bujumbura, dans un espace finalement assez petit, il y a souvent des messes avec 5, 10, 15 000 personnes et même plus, alors, très souvent, il y a une procession du Saint Sacrement, c’est-à-dire qu’on va au milieu des gens passant vers toutes tentes, sillonnant toutes les allées avec le Saint-Sacrement pour bénir les gens. Je me rappelle particulièrement cette nuit du 31 décembre au 1° janvier, les 15000 hosties préparées n’avaient pas suffi ! La communion avait duré pas mal de temps, car, devant cette pénurie, des prêtres ou religieuses étaient allés réquisitionner toutes les réserves eucharistiques des environs ! Au moment de la procession du Saint Sacrement dans les allées, j’avais été frappé par ce geste des femmes. Elles étaient en tenue de fête c’est-à-dire qu’elles avaient une belle robe africaine avec un pagne en bandoulière. Reproduisant le très beau geste de la foule à Jérusalem, elles se bousculaient pour mettre leur très beau pagne par terre afin que le célébrant qui portait le St Sacrement puisse marcher dessus. Il avait pas mal plu dans la journée précédant la messe, le terrain était boueux, mais peu importe, elles voulaient emmener dans leur maison ce pagne sur lequel Jésus avait marché. J’ai été touché, renouvelé par leur foi en la présence eucharistique de Jésus. J’ai aussi été interpelé car je me disais : si c’est le scénario des Rameaux qui se renouvelle, alors rappelle-toi, Roger, que toi, puisque tu portes Jésus tu n’es qu’un âne … mais un âne dont le Seigneur a vraiment besoin ! Jeudi dans la fête de l’institution de l’Eucharistie nous prierons pour les prêtres afin qu’ils restent ces bons bourricots disponibles et obstinés dans l’annonce de la Bonne Nouvelle.
– 3/ Enfin un petit mot, une petite notice historique sur ce qui s’est passé au cours de l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem. Hier, comme j’avais un peu de temps, j’ai écouté le début d’un enseignement du père Nicolas Buttet, je voulais commencer à préparer mon cœur pour entrer dans la semaine sainte … et pourquoi pas, je le reconnais humblement, lui piquer aussi quelques idées !
Je ne suis pas allé très loin car ce qu’il a dit m’a poussé à faire pas mal de recherches sur internet. En effet, il faisait le lien entre cette entrée solennelle de Jésus acclamé par la foule qui brandissait des palmes et qui criait Hosanna avec la fête juive de soukkot, fêtes des tentes, fête des cabanes. Je vous ai parlé la semaine dernière de cette fête qui invite à vivre une semaine dans une cabane pour se rappeler qu’au désert, quand on n’avait rien, on ne manquait jamais de l’essentiel puisque le Seigneur nous accompagnait.
Le dernier jour de la fête, le grand prêtre allait à la source de Siloé, la seule source jaillissante de Jérusalem, tout le reste, c’était des citernes et il puisait un pichet de cette eau qu’il portait en procession au Temple pour arroser l’autel demandant au Seigneur une pluie de bénédictions à la fois spirituelles mais aussi réelles car soukkot était une fête d’automne, cette saison qui ouvre la saison des pluies et il faut que ces pluies soient abondantes puisque pendant les 2/3 de l’année, il ne pleuvra plus une goutte. Quand le grand prêtre allait de la source de Siloé au Temple, il était accompagné par la foule qui criait : « Hocha Na » Hocha, ça signifie « sauve-nous » et na, ça signifie, s’il te plait, de grâce. Donc les gens criaient au Seigneur : « De grâce, sauve-nous ! » Sauve-nous en nous accordant cette pluie de bénédictions. Et ils rajoutaient même en direction du grand prêtre qui accomplissait tout ce rituel en faveur du peuple : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Mais ce n’est pas tout, pour soutenir les acclamations, chaque membre de la foule brandissait un bouquet préparé à l’avance, le loulav, composé de 4 branches, je n’ai pas le temps de détailler la composition pourtant elle est intéressante ! Parmi ces 4 branchages, il y avait des palmes.
Vous voyez tout de suite le lien. Quand la foule voit Jésus arriver, monté sur cet âne, le St Esprit inspire à ces braves gens de reproduire le rituel de soukkot, mais comme, ils n’ont pas eu le temps de préparer le bouquet de 4 branchages, ils prennent ce qu’ils trouvent sur le chemin, l’un des 4 branchages, les palmes et ils crient : Hocha na, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Cette manifestation spontanée est d’une richesse étonnante ! En reprenant le rituel de soukkot et en l’appliquant à Jésus qui entre à Jérusalem et qui va donner sa vie pour le Salut du monde, le St Esprit a suscité dans les cœurs de ces braves gens une manifestation de foi lumineuse : Jésus est le vrai, l’unique grand prêtre qui, seul, peut faire pleuvoir sur l’humanité une pluie de bénédictions. Mais pour que cette pluie coule en abondance, sans interruption dans l’histoire et pour tous les peuples, il devra y mettre le prix. Attention, le prix n’a pas été fixé par Dieu, mais par l’amour car, on ne peut pas aimer vraiment sans se donner totalement. Et s’il a fallu que Jésus subisse autant de souffrances, encore une fois, ce n’est pas Dieu qui l’a exigé mais, c’est le péché des hommes qui en est la cause.
Quelques jours plus tard, cette même foule criera : à mort, crucifie-le ! Mais, là, elle sera manipulée par les responsables religieux livrés au pouvoir des ténèbres. C’est quand elle se laisse inspirer par le St Esprit que la foule est belle et devient capable de poser des gestes et des paroles de foi. Nous pouvons toujours décider librement par qui nous voulons nous laisser inspirer … si c’est par le St Esprit, nous aussi cette semaine, nous serons capables de belles attitudes de foi !