Lundi, quand nous avons ouvert le livre d’Osée, j’expliquais dans mon homélie que le prophète Osée vivait comme une communion de destin avec le Seigneur. Le prophète avait épousé une femme dont la fidélité n’était pas la qualité première et le Seigneur, lui, il avait épousé, passé l’alliance à un peuple dont la fidélité n’était pas non plus la qualité première. Cette communion de destin dans le malheur va permettre au prophète Osée de transcrire la souffrance de Dieu avec des accents de vérité absolument bouleversants. Avec Osée, le Seigneur est tranquille, le prophète ne va rien édulcorer, rien exagérer, il lui suffira de transcrire sa propre souffrance face à l’infidélité de son épouse pour laisser imaginer celle du Seigneur face aux infidélités répétées de son peuple.
C’est bien ce que nous avons entendu dans la 1° lecture d’aujourd’hui. Plus le Seigneur multiplie ses bienfaits qui permettent à son peuple de porter de beaux fruits et plus le peuple multiplie ses infidélités. Quelle ingratitude ! Osée connaitra la même ingratitude face à son épouse pour laquelle il multiplie les marques d’amour recevant en retour cette humiliation permanente de la voir courir après d’autres hommes. C’est bien ce que nous disait le début de la lecture : Israël était une vigne luxuriante, qui portait beaucoup de fruit. Mais plus ses fruits se multipliaient, plus Israël multipliait les autels ; plus sa terre devenait belle, plus il embellissait les stèles des faux dieux.
Entendons cette souffrance du Seigneur que notre péché blesse profondément. Quand nous péchons, nous ne nous faisons pas seulement du mal à nous ou aux autres, nous blessons le cœur de Dieu. C’est bien pour cela qu’il nous faut aller nous confesser et demander pardon à Dieu de péchés qui n’ont pas directement été commis contre lui, mais tout péché est une marque d’ingratitude. Alors qu’il nous entoure de son amour bienveillant, nous choisissons de ne pas répondre amour pour amour !
Tout cela est bien beau, mais comment comprendre la suite : Son cœur est partagé ; maintenant il va expier : le Seigneur renversera ses autels ; les stèles, il les détruira Normalement, quand on aime, on pardonne, on ne punit pas ! Je fais deux remarques :
- La 1° c’est que vous aurez remarqué que Dieu ne veut pas s’en prendre à son peuple mais à ce qui conduit son peuple à l’infidélité, au péché : c’est pourquoi il projette de renverser les stèles érigées en l’honneur des faux dieux qui conduisent le peuple à l’infidélité. Quand quelqu’un est malade, ce n’est pas à lui qu’il faut s’en prendre mais au mal qui le ronge et qui le rend malheureux. Le peuple est malade de ses infidélités, Dieu va s’en prendre à ce qui est à l’origine de son mal.
- 2° remarque, je le souligne souvent, mais il est toujours nécessaire d’y revenir. Le péché a forcément des conséquences, ces conséquences ne sont pas une punition de Dieu, mais l’effet boomerang du péché. Si je mange trop ou si je bois trop, je vais être malade, ce n’est pas une punition de Dieu, c’est la conséquence de mon péché. Même l’infinie miséricorde de Dieu ne peut empêcher le péché d’avoir des conséquences.
La fin de la lecture est merveilleuse, elle nous donne tout un programme pour guérir de l’infidélité et elle nous laisse entrevoir ce que nous pourrons devenir si nous entreprenons ce travail salutaire : Faites des semailles de justice, récoltez une moisson de fidélité, défrichez vos terres en friche. Il est temps de chercher le Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne répandre sur vous une pluie de justice.
Quant à l’Evangile, hier, nous entendions que la moisson était abondante et les ouvriers peu nombreux, alors fort logiquement, aujourd’hui, nous voyons Jésus choisir des ouvriers pour la moisson du Seigneur. Evidemment, ce qui doit nous interroger, ce sont les critères avec lesquels Jésus choisit ces ouvriers. Parce que la suite nous montrera qu’il n’y en a pas eu un qui ait donné pleine satisfaction !
Comme c’est l’été, les vacances, il faut aussi faire des homélies plus légères. C’est pourquoi je vous propose ce texte que vous connaissez peut-être. Il nous donne à entendre la réponse d’un cabinet de recrutement auquel Jésus aurait adressé la liste des hommes qu’il voulait appeler, demandant à ce cabinet de les recevoir q-pour qu’il donne son avis. Voilà leur réponse, ça ne manque pas d’humour !
Cher Monsieur Christ,
Merci de nous avoir confiés les curriculums vitae des douze hommes que vous avez choisis pour leur confier des postes de responsabilités dans votre nouvelle organisation. A présent, tous ont subi une série impressionnante de tests psychotechniques, les résultats ont été traités par ordinateur, et, pour chacun, nous avons en outre organisé un entretien individuel personnalisé avec notre psychologue et consultant en aptitudes pour le ministère.
Notre cabinet est arrivé à la conclusion que la plupart de vos candidats manquent d’expérience, qu’ils n’ont guère de formation et peu d’aptitudes pour le genre d’entreprise dans laquelle vous comptez vous lancer. Ils n’ont pas l’esprit d’équipe. Nous vous recommandons donc de continuer vos recherches en vue de découvrir des candidats qui aient de l’expérience dans la gestion des affaires et qui aient prouvé leurs compétences.
Simon Pierre est un instable émotionnel, en proie à des sautes d’humeur, André n’a vraiment aucun don pour assumer des responsabilités. Les deux frères Jacques et Jean, les fils de Zébédée, placent leur intérêt personnel au-dessus du dévouement envers la société. Thomas a tendance à discutailler, ce qui ne pourrait que freiner l’enthousiasme de l’ensemble de l’équipe.
Nous nous voyons dans l’obligation de vous faire savoir que Matthieu figure sur la liste noire de la « Grande Commission de Jérusalem pour l’honnêteté dans les affaires ». Jacques, fils d’Alphée, et Thadée ont indéniablement une tendance à la radicalisation, et tous deux ont atteint un score élevé sur l’échelle maniaco-dépressive.
Toutefois, un des candidats a de grandes possibilités…. Il est capable et imaginatif, a le contact facile et un sens développé des affaires, il ne manque pas de relations avec les personnalités haut placées. Nous vous conseillons de prendre Judas Iscariote comme votre administrateur et bras droit. Il est motivé, ambitieux et n’a pas peur des responsabilités. Les autres profils ne demandent pas de commentaires.
Nous vous souhaitons beaucoup de succès dans votre nouvelle aventure.
Seulement voilà et heureusement, Jésus n’est pas passé par un cabinet de recrutement, ni pour appeler ses apôtres, ni pour nous appeler. Jésus aime les pauvres et appelle des pauvres et il ne leur demande qu’une seule chose : sûrement pas d’être parfaits, mais d’être conscients de leur pauvreté et de compter sur sa puissance à Lui ! Demandons, par l’intercession de Notre Dame de Laghet que cette grâce nous soit accordée !