9 mars : 1° prédication de carême au sanctuaire de Notre Dame de Laghet, vivre l’espérance avec Notre Dame de Laghet

1° prédication du Carême 2025

Vivre l’Espérance avec Notre Dame de Laghet

Introduction : Vivre l’espérance avec …

Comme cela vous a donc été annoncé, chaque dimanche du temps du carême, nous aurons, au cours des Vêpres une prédication sur le thème de l’espérance puisque c’est le thème choisi par le pape François pour ce jubilé. Chaque dimanche, nous interrogerons un grand saint, fondateur d’un ordre religieux, présent dans notre diocèse, pour lui demander de nous aider à vivre dans l’espérance. Vous avez le programme complet sur les dépliants de carême. La messe est donc retardée d’1/2 heure

Aujourd’hui, nous commençons la série de manière un peu particulière puisque c’est vers Notre Dame de Laghet que nous allons nous tourner pour qu’elle nous aide à vivre dans l’espérance. 

1. Marie, Mère de l’espérance

Avant de parler plus particulièrement de Notre Dame de Laghet, je voudrais évoquer le lien entre la Vierge Marie et l’espérance. Parmi tous les titres que la Vierge Marie a reçus, il y a ce beau titre de « Mère de l’espérance. » 

En écrivant ces quelques lignes, est remonté à ma mémoire le fait que j’avais commencé mon ministère de prêtre dans un sanctuaire marial de mon diocèse. Ce sanctuaire est maintenant tombé en désuétude, mais il a connu son heure de gloire. Et ce qui m’y a fait repenser c’est le vocable sous lequel est invoqué la Vierge Marie en ce lieu : elle est l’espérance des désespérés. Dans ce sanctuaire, un curé très audacieux a fait ériger une statue monumentale de la Vierge Marie de plus de 32 mètres de haut, à l’intérieur de laquelle on peut monter pour découvrir un beau panorama sur la région lyonnaise puisque le sanctuaire est aux portes de Lyon, mais dans le département de l’Ain. La statue a été commencée en 1938 et sera inaugurée en 1941, en pleine guerre, on imagine la prouesse que ça représente de réaliser une telle œuvre en pleine guerre.

Le financement a été assuré par une multitude de petits dons apportés par des personnes ayant un membre de leur famille qui avait été mobilisé et qui se retrouvait sur le front. En donnant ce nom de l’espérance des désespérés, le curé a su fédérer un grand élan. De toutes la France arrivaient des photos des personnes mobilisées et ces photos étaient affichées dans l’église paroissiale. A la Libération, beaucoup de ces personnes viendront en pèlerinage dans ce sanctuaire du Mas-Rillier, hameau de la commune de Miribel. Il se dit même qu’à Fourvière, on commençait à s’inquiéter de l’ampleur de ce pèlerinage qui risquait de faire de l’ombre au sanctuaire lyonnais ! Quand j’ai habité la cure de ce sanctuaire, tout était fini, les foules ne venaient plus, nous avons essayé, tant bien que mal, de lui redonner un peu de vigueur au plan local. Mais désormais la statue monumentale est plus une curiosité touristique qu’un lieu de pèlerinage.

Si j’ai développé cela, ce n’est pas pour jouer au guide touristique, mais bien parce que cette histoire nous dit le lien très fort entre la Vierge Marie et l’espérance. Dans tous les sanctuaires qui lui sont dédiés, d’une manière ou d’une autre, Marie représente bien l’espérance des désespérés, la Mère de l’Espérance. Et ce titre, elle le mérite parce que toute sa vie a été, comme le dira le Concile Vatican II, un pèlerinage dans la Foi. C’est-à-dire que rien n’a été vraiment évident sinon sa confiance indéfectible dans le Seigneur. Vous savez que le récit de l’Annonciation se termine par ces mots : et l’ange la quitta. J’aime bien commenter cette parole dans les retraites que je prêche car elle signifie que dans tout ce qu’elle aura eu à vivre, il n’y avait jamais d’ange qui lui soufflait ce qu’elle devait faire ou comment ça allait se passer. C’est pour cela que le concile a résumé sa vie dans cette très belle expression : un pèlerinage dans la foi. Marie a dû marcher en faisant confiance, même quand elle ne comprenait pas. Sa foi était nourrie d’espérance : le Seigneur qui l’a appelée ne la lâcherait pas. 

Je ne peux pas reprendre tous les épisodes de la vie de Marie pour montrer de manière très concrète comment l’espérance nourrissant sa confiance a été le moteur de sa vie. J’évoque juste les événements de la passion. Le père Cantalamessa aime dire que Marie devait prier très fort pour que Dieu intervienne avant qu’il ne soit trop tard, pour sauver son Jésus de cette mort infâme. Quand elle reçoit le corps mort de son fils, détaché de la croix, elle a dû se demander comment ça allait pouvoir continuer. Mais à aucun moment, elle n’a douté, mettant, comme par avance, en application cette belle parole de St Paul : il est fidèle le Dieu qui nous a appelés. 1 Th 5,24. Comment Dieu s’en sortira, elle n’en a pas la moindre idée, mais elle lui fait encore et toujours confiance. Elle en est sûre : l’espérance ne déçoit pas.

2. Quelle déclinaison particulière au sanctuaire de Laghet ?

Après ces considérations générales sur le lien entre la Vierge Marie et l’espérance. J’aimerais, dans une deuxième partie, parler de l’espérance telle qu’elle se vit, ici, au sanctuaire de Laghet.

Vous connaissez tous comment tout a commencé dans ce vallon que rien ne prédisposait à accueillir des foules. Un ami me disait : c’est dommage qu’il n’y ait pas eu une chapelle au sommet du Mont Agel et que ce ne soit donc pas au sommet de ce mont qu’à l’intercession de la Vierge, Dieu ait accompli des prodiges ! Il rajoutait : un sanctuaire au sommet, avec de grands rassemblements, ça aurait de la gueule ! Oui, d’un point de vue humain, c’est vrai, mais avec Dieu rien ne va jamais comme nous l’imaginons. Et c’est sans doute l’une des raisons qui nous permet d’espérer.

Dieu n’a pas choisi le sommet du Mont Agel, mais cette minable chapelle délabrée au vallon de Laghet, bien désert à l’époque. C’est là qu’il a choisi d’écouter avec une bienveillance particulière les prières qui montaient vers lui, prières déjà adressées à Notre Dame de Laghet, qui devait être représentée par une statue bien commune. Et c’est ainsi qu’en cette année 1652, une personne lépreuse de Monaco a été guérie ; puis la prière d’une maman, également de Monaco, venue implorer la libération de son fils tombé aux mains des pirates, a été exaucée ; enfin c’est une jeune fille d’Eze, épileptique, possédée qui sera guérie, sauvée. Ce n’est pas depuis le sommet du Mont Agel que Dieu a voulu manifester sa puissance mais dans ce modeste vallon.

C’est la parole de St Paul qui s’accomplit encore : ce qu’il y a de fou dans le monde, ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi ! 1 Co 1,27-28. A Lourdes, Bernadette aimait dire que si la Vierge avait trouvé une jeune fille plus pauvre qu’elle, c’est elle qui aurait été choisie pour être témoin des apparitions qui ont eu lieu dans ce lieu tellement insalubre, à l’époque, de la grotte de Massabielle. Dieu est incorrigible : il choisit des personnes et des lieux sans renommée pour y accomplir de grandes choses. Et c’est sans doute l’une des raisons pour laquelle, les pèlerins se pressent dans les sanctuaires : ils savent que là, malgré leur petitesse, malgré leur vie pas toujours d’aplomb, malgré leurs difficultés, le Seigneur écoutera la prière qu’ils feront monter vers lui par les mains de la Vierge Marie.

Et c’est ainsi que depuis 1652, au sanctuaire de Laghet, construit dans ce vallon sans renommée, des merveilles s’accomplissent chaque jour. Quand je dis que « chaque jour » des merveilles s’accomplissent ici, ne pensez pas que je suis de Marseille ! Oui, chaque jour des merveilles s’accomplissent vraiment !

Les murs du cloitre, mais aussi ceux de la crypte, tapissés d’ex-voto en racontent un certain nombre, les plus spectaculaires, si je peux m’exprimer ainsi. Les ex-voto figuratifs qui racontent les grâces reçues nous laissent imaginer la joie de tous ceux qui ont vu leur prière exaucée. Les ex-voto marbre disent moins, mais sont quand même très parlants ; en effet, quand on regarde les dates, on se rend compte que les grâces reçues peuvent être très récentes, signe que Dieu ne cesse d’agir. C’est en les regardant que bien des pèlerins trouvent l’audace d’adresser leurs demandes en se disant : si eux ont été écoutés, pourquoi, moi, je ne le serai pas ? 

Et puis, il y a les temps de prière de guérison, chaque 3° samedi du mois au cours duquel, le Seigneur agit, touchant les cœurs, les corps, les âmes, les psychismes. Comment ne pas parler des nuits d’adoration au cours desquelles le Seigneur accomplit son œuvre de restauration dans les cœurs de ceux qui sont là et dans les cœurs de ceux qui lui sont présentés. Et, bien sûr, le Seigneur agit de manière souverainement libre … et il n’y a pas que lui qui est libre, ici, les pèlerins le sont aussi ! Chacun a son lieu de prédilection, certains se promènent dans le vallon, d’autres vont directement à Notre Dame des Grâces ou vers l’icône de la Vierge au manteau ; d’autres encore vont prier devant la statue de la chapelle ou vers l’une des statues du cloitre, sans compter ceux qui descendent à la crypte ou dans la chapelle du vallon. 

Dans ce sanctuaire, chacun trouve sa place, chacun sent qu’il a une place … un peu comme dans le Temple de Jérusalem. J’ai pensé à cela ces derniers jours : le Temple a été bâti de manière à ce que chacun puisse trouver une place et soit bien à sa place. Dans une famille, donner la place à chacun et permettre à chacun d’être vraiment à sa place, c’est la mission de la maman. C’est, au quotidien, ce que fait Notre Dame de Laghet dans ce sanctuaire et c’est sans doute ce qui fait ce que les gens se sentent tellement bien ici et qu’ils repartent avec le cœur rempli d’espérance. A l’inverse du monde dans lequel nous vivons, ici, il n’y a pas de compétition ; ici, selon le célèbre slogan de Mac Do, on peut venir comme on est, montrer ses fragilités. Et c’est tellement bienfaisant qu’on comprend que le sanctuaire soit comme une oasis d’espérance.

Le bureau d’accueil où 7 heures par jour, 7 jours sur 7, 365 sur 365 se trouve un prêtre pour écouter, bénir, réconcilier avec le Seigneur est un des lieux déterminants du sanctuaire.  Mais je pourrais dire la même chose pour les sœurs dans leur mission d’accueil et d’écoute vécue de manière souvent informelle, inattendue. Je ne peux pas trop entrer dans les détails pour ne pas casser la confidentialité des rencontres que nous vivons ici, mais je le redis, chaque jour, des personnes viennent en portant de très lourds fardeaux et repartent restaurées, consolées parce qu’accueillies, écoutées et portées dans la prière. Toutes les intentions de prière déposées par les pèlerins en témoignent, les appels au secours y côtoient les mercis, toutes ces intentions sont rédigées avec une confiance inébranlable : la Vierge nous écoute, elle fait monter nos demandes vers le Seigneur, alors restons dans l’Espérance. C’est pour cela que j’aime mettre en valeur le geste de l’offrande de ces intentions, chaque semaine à la messe du dimanche à 11h.

Conclusion : Ici, l’espérance coule à flots !

Il est temps que j’en arrive à ma conclusion. Vous connaissez l’inscription qui se trouve vers la fontaine, à côté du musée où les sœurs accueillent désormais fidèlement les pèlerins qui passent. Je la retranscris en langage plus simple : ici, il y a deux sources qui coulent, l’une vient de la montagne et l’autre vient du ciel, pèlerin, désaltère-toi à l’une et à l’autre. Je ne sais si tous les pèlerins qui passent ici se désaltèrent à la source venant de la montagne, mais je suis sûr que la quasi-totalité des pèlerins se désaltère à celle venant du ciel, chacun le fait à sa manière, à partir de là où il en est dans sa foi dans des expressions qu’on qualifie de piété populaire ! Mais, puisque cette source vient du ciel, nous pouvons dire sans nous tromper qu’ici, au sanctuaire de Laghet, l’espérance coule à flots. 

Très prochainement, puisque le sanctuaire de Laghet a été désigné par notre évêque comme l’un des 3 lieux jubilaires du diocèse, nous vous proposerons de faire un parcours, adaptable en fonction du temps dont vous disposez, qui vous permettra de renouveler votre espérance en la puisant dans la foi pour qu’elle débouche sur une vie de charité plus active.

Que Notre Dame de Laghet, Mère de l’Espérance, nous accompagne dans ce temps du carême et dans ce temps du Jubilé.

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