27 mai : samedi 7° semaine de Pâques. L’Esprit Saint donne le courage créatif pour transformer les difficultés en opportunités

Je ne commenterai pas l’Evangile, ce texte fait suite à celui d’hier que j’ai largement commenté. Bien sûr, vous les participants du week-end de Pentecôte, vous n’étiez pas là, mais si je me lance dans un résumé d’hier, absolument nécessaire pour comprendre le texte d’aujourd’hui, je n’aurai plus le temps de commenter la 1° lecture qui me semble être une merveilleuse ouverture pour notre week-end ! Les plus curieux pourront toujours lire mon commentaire sur mon blog !

Dans la 1° lecture, nous avons entendu les derniers versets du dernier chapitre du livre des Actes. Paul est arrivé à Rome puisqu’il a refusé d’être jugé à Jérusalem, faisant valoir son titre de citoyen romain qui lui permet d’en appeler à l’empereur pour être jugé en toute justice. Dans ce passage, j’ai repéré deux attitudes de Paul que j’aimerais développer parce qu’elles me semblent tellement justes.

La 1° attitude, c’est le fait que Paul ne lâche rien. Et on le voit de deux manières différentes. 

  • D’abord dans sa manière de se défendre, il est innocent de tout ce dont on essaie de l’accabler et il ne se lassera pas de le dire et de le redire. Il n’y a aucune raison de céder sur la vérité. C’est vrai que Paul aurait peut-être pu mieux s’en sortir s’il avait fait profil bas, mais, puisque l’enjeu, c’est la vérité, il ne lâche rien et tant pis s’il doit risquer sa vie.
  • Et puis, jusqu’au bout, il cherchera à rétablir le contact avec ses frères juifs. Car s’il est citoyen romain, et ça lui donne des droits, il est aussi, et avant tout, juif. C’est pour cela qu’arrivant à Rome, les premiers avec qui il cherche à entrer en contact, ce sont les notables juifs. C’est comme une ultime main tendue pour leur offrir la possibilité de comprendre l’endurcissement de leur cœur qu’il exprime en ces termes : c’est à cause de l’espérance d’Israël que je porte ces chaînes. Paul cherche encore à les convaincre que Jésus est celui qui accomplit l’espérance d’Israël.

J’aime cette attitude de Paul qui, jusqu’au bout, ne lâche rien, c’est une très belle qualité ! Mais, comme souvent les qualités ont un revers qui se transforme en défaut, on le dit régulièrement avec cette formule assez juste : il a les défauts de ses qualités. Ne rien lâcher, c’est une belle qualité, mais ça peut vite se transformer en défaut et ça s’appelle de l’entêtement. Or, vous le savez, l’entêtement, ça rend les personnes pénibles. C’est sûr, elles ne lâchent rien, mais ça finit par devenir fatiguant et contre-productif ! Ce n’est pas ainsi que Paul a agi. Certes, il ne voulait rien lâcher mais ça ne l’a pas conduit à l’entêtement, je voudrais vous montrer que ça a même été tout le contraire. Paul n’a pas gaspillé tout son temps à prouver qu’il avait raison. Il y avait des institutions pour établir la vérité, il leur a fait confiance. 

Certes, quand Paul rencontrait quelqu’un, si l’occasion, se présentait, il clamait son innocence, mais il n’a pas perdu son temps à vouloir la prouver. Il y avait dans les versets que nous avons entendus cette petite mention que je trouve tellement belle : « Paul demeura deux années entières dans le logement qu’il avait loué ; il accueillait tous ceux qui venaient chez lui ; il annonçait le règne de Dieu et il enseignait ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ avec une entière assurance et sans obstacle. » Paul sera emprisonné plus tard dans la fameuse prison Mamertine que l’on a retrouvée à Rome et que l’on peut visiter. Mais pas quand il est arrivé, pendant deux ans, il aura plutôt été comme « assigné à résidence » dans un logement qu’il avait loué. Et, là, qu’est-ce qu’il fait ? Il n’a pas passé pas son temps à chercher comment prouver qu’il est innocent, il a évangélisé ! Jésus lui avait dit : « le témoignage que tu m’as rendu à Jérusalem, il faut que tu me le rendes à Rome. » Je traduis autrement : Tu as été mon témoin à Jérusalem, sois mon témoin à Rome. Ou encore : à Rome, il faudra que tu acceptes de témoigner de ta foi. Et nous savons qu’en grec témoin et martyr, c’est un seul et même mot !

Ne rien lâcher, évangéliser jusqu’au bout, ça je crois que c’est le fruit du travail de l’Esprit-Saint dans le cœur de Paul. Paul aurait pu considérer son arrestation et sa détention comme une tuile et encore plus comme une injustice. Il s’était dépensé sans compter pour le Seigneur et voilà la récompense que le Seigneur lui accorde, tout va se terminer en eau de boudin ! 

Il aurait pu se révolter à la manière de Thérèse d’Avila qui disait : Seigneur, si c’est ainsi que vous traitez vos amis, ne vous étonnez pas de ne pas en avoir plus ! Mais non, Paul a su transformer cette difficulté en opportunité. Il est arrêté, mais comme on ne le prive pas totalement de sa liberté, il décide d’évangéliser. Plutôt que de passer son temps à se plaindre, à se révolter, il met ses dernières forces et les derniers mois qui lui restent à vivre à évangéliser. Cette attitude, on peut la définir par un verbe, c’est consentir. Consentir, c’est refuser de se révolter contre le réel de notre vie auquel on ne peut pas échapper, ce qui finira par nous épuiser, nous désespérer et voir comment il est encore possible de transformer les difficultés en opportunités. C’est ce que les psychologues appellent la résilience, c’est à cette attitude qu’ils aimeraient conduire les patients en grande souffrance qu’ils rencontrent. Oui, bien sûr, mais où trouver cette énergie qui permettra de transformer les difficultés en opportunités alors que les difficultés, les souffrances nous broient ?

Eh bien, nous les chrétiens, nous croyons que celui qui nous en donne la force, c’est l’Esprit-Saint. Tout au long de ce week-end nous verrons de multiples facettes de l’action de l’Esprit-Saint. Concernant l’Esprit-Saint, les Ecritures ne nous orientent pas vers une réflexion de type ontologique, c’est-à-dire qu’elles ne nous invitent pas à disserter à l’infini sur qui il est, mais elles nous présentent ce qu’il fait. Et c’est à partir de ce qu’il fait qu’on pourra comprendre qui il est. Parmi toutes les actions du Saint-Esprit que nous découvrirons ce week-end, je suis heureux que nous puissions commencer par celle-là : comme Paul et tant d’autres dont Marthe Robin, l’Esprit-Saint nous donne la capacité, la force, le désir, le courage de transformer les difficultés en opportunités.

Cette expression, « transformer les difficultés en opportunités » elle n’est pas de moi ! C’est le pape François qui l’a utilisée dans le très beau texte qu’il a écrit à propos de St Joseph pour lancer l’année qu’il lui a dédiée à l’occasion du 150ème anniversaire de la proclamation de saint Joseph comme Patron de l’Église universelle, c’était en 2020-2021. Dans ce texte, au 5° paragraphe, il parle de Saint Joseph comme un homme au courage créatif, capable de transformer les difficultés en opportunités. J’aime beaucoup cette formulation, notamment l’association de ces deux mots de courage et de créatif. Le courage évoque une décision de notre part : rien ne se passera si nous ne décidons pas de demander la grâce pour arrêter tout vain gémissement. Oui, il nous faudra la grâce pour y arriver, mais c’est à nous de le décider et sans cette décision, encore une fois, rien ne se passera. Quand nous serons devenus courageux, alors, nous serons étonnés de voir toutes les possibilités qui s’ouvrent devant nous. Alors que l’horizon semblait complètement bouché en raison de nos épreuves, le courage devient créatif un peu dans la perspective de cette belle parole de St Vincent Depaul qui disait : l’amour est imaginatif à l’infini. 

Voilà donc ce que permet le courage créatif, capable de transformer les difficultés en opportunités. Ce courage créatif a été l’un des fruits du travail de l’Esprit-Saint dans le cœur de Joseph. Vous savez que Joseph a reçu ce très beau titre de « juste » précisément parce qu’il s’est laissé « ajuster » à la mission que le Seigneur voulait lui confier. L’ajusteur, dans la Trinité, c’est l’Esprit-Saint ! Et alors, quand nous le laissons agir dans nos cœurs, quand nous le laissons nous ajuster, nous n’en finissons pas d’être émerveillés de voir tout ce qu’il est capable de faire, d’imaginer. Parmi toutes ces merveilles, il y aura le don du courage créatif pour transformer les difficultés en opportunités. On le voit à l’œuvre dans la vie de Joseph, de Paul et de tant d’autres témoins qui ont décidé de consentir au réel de leur vie, sans se révolter inutilement contre ce qu’ils ne pouvaient pas changer, sans rêver un avenir tout rose tellement improbable. Si nous nous décidons de nous livrer au travail de l’Esprit, il nous emplira, nous aussi, de ce courage créatif qui nous rendra capables de transformer toutes les difficultés de nos vies en opportunités.

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Consentir au réel de notre vie…
    Merci.

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