21 septembre : Fête de St Matthieu. Notre Seigneur est incorrigiblement miséricordieux !

Vous connaissez peut-être cette histoire que le pape François aime bien raconter et que j’ai citée plusieurs fois, mais, ce qu’il y a de bien, ici, c’est que les participants à la messe ne sont jamais les mêmes, on peut donc raconter plusieurs fois les mêmes histoires sans donner l’impression de gagater ! Le pape François raconte donc que, lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires, il y avait un prêtre qu’il admirait beaucoup parce qu’il était tellement plein de miséricorde que tout le monde venait se confesser à lui et que, un peu à l’image du curé d’Ars ou du Padre Pio auprès de qui nous avons commencé notre prière de guérison, il passait ses journées, enfermé au confessionnal. Un jour ce prêtre est venu le voir très soucieux en lui disant : Père, j’ai peur d’être trop miséricordieux et de donner trop facilement le pardon du Seigneur à ceux qui viennent me trouver. Le pape raconte qu’il lui a alors demandé : et que fais-tu quand tu es pris par ce genre de scrupules ? Le prêtre lui a répondu : je vais devant le St Sacrement et je dis à Notre Seigneur : c’est de ta faute, c’est toi qui m’as donné le mauvais exemple !

Oui, c’est sûr que l’exemple que Jésus nous a laissé, c’est l’exemple d’une miséricorde infinie. La fête de St Matthieu que nous célébrons aujourd’hui l’atteste. Ce texte d’Evangile que nous venons d’entendre, vous savez qu’il a été magnifiquement représenté par le célèbre peintre Le Caravage dans un tableau que l’on peut admirer à l’église St Louis des Français à Rome. Sur ce tableau, on voit Matthieu installé à son bureau de collecteur d’impôts avec des pièces de monnaie soigneusement empilées et Jésus qui le montre du doigt comme pour lui dire : suis-moi !  Matthieu est tellement surpris qu’avec son doigt, il se désigne comme pour dire à Jésus : tu as dû te tromper, ça ne peut pas être moi que tu appelles ! 

En effet, rien ne prédisposait Matthieu à devenir apôtre ! Mais la miséricorde du Seigneur se fiche pas mal des prédispositions comme des convenances d’ailleurs car l’appel de Matthieu sera très mal accepté par les autres apôtres qui auront sans doute beaucoup de mal à comprendre Jésus sur ce coup-là. Son appel sera aussi très mal accepté par tous les bien-pensants de l’époque. Mais, encore une fois, la miséricorde se fiche pas mal des convenances et Jésus l’a montré tant de fois.

Devant cet état de fait, une question nous brûle les lèvres : pourquoi Jésus semblait-il prendre un malin plaisir à défier tous les pronostics en appelant précisément ceux qui, selon nos critères, n’auraient jamais dû être appelés ? Parce qu’il faut bien le reconnaître, dans sa bande d’apôtres, il n’y en a pas un pour racheter les autres ! Pierre, vous m’excuserez l’expression était un fort en gueule, pas fiable pour un sou. Jacques et Jean étaient des ambitieux, rêvant des meilleures places et n’hésitant pas à faire intervenir leur mère pour les leur demander. L’autre Simon était un révolutionnaire. Judas était attiré par l’argent, l’autre Judas fricotait avec les terroristes. Je ne les passe pas tous en revue d’autant plus que sur certains, et c’est pas mieux, nous ne savons rien, signe qu’ils ne brillaient pas tellement. Oui, pourquoi Jésus a-t-il pris un malin plaisir à défier tous les pronostics en appelant des personnes si peu fiables ? Il y a sans doute plusieurs réponses, en tout cas, dans ma méditation, il m’en est venues deux.

  • La 1°, c’est que Jésus a appelé des pauvres types pour que, jamais, ils ne soient tentés de s’annoncer eux-mêmes, pour que jamais ils ne soient tentés de braquer les projecteurs sur eux. St Paul le dira de fort belle manière affirmant que les apôtres ne sont que des poteries sans valeur pour que nul ne regarde la poterie mais le trésor qu’il contient. Tous ceux qui l’ont oublié, dans l’Eglise, en acceptant que les projecteurs soient braqués sur eux, se sont brûlés les ailes, les douloureuses révélations concernant l’abbé Pierre viennent le confirmer. Leurs pauvretés, les apôtres ne les ont jamais cachées ; les Evangiles qu’ils ont écrits ou qui ont été écrits à partir de leurs souvenirs ne dissimulent aucune de ces pauvretés, comme pour mieux nous dire : ne vous attachez pas à nous, mais au Seigneur.
  • La 2° raison pour laquelle Jésus a déjoué tous les pronostics, c’est qu’il a voulu montrer clairement qu’aucun d’entre nous n’est disqualifié pour devenir son apôtre pour aujourd’hui. Aucune de nos pauvretés, qu’il connait pourtant si bien, ne le décourage ! C’est donc vers chacun de nous que son doigt se tend aujourd’hui et, même si, comme Matthieu, nous lui montrons notre étonnement en lui laissant comprendre qu’il a dû se tromper, que ce n’est pas possible qu’il nous appelle, nous, il confirme : oui, c’est bien toi que je veux !

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de nous émerveiller devant la miséricorde sans limite du Seigneur. Et demandons-lui surtout la grâce de devenir, à notre tour miséricordieux. En effet, si le Seigneur accepte nos pauvretés, comment pourrions-nous, nous, ne pas accueillir les pauvretés de nos frères et sœurs ?

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