De la 1° lecture, je soulignerai juste le zèle évangélisateur de Paul, bien accompagné par Barnabé. Vous avez entendu le texte nous dire qu’à Lystres, Paul s’est fait lapider, ce n’est quand même pas rien et qu’il a été trainé en dehors de la ville, laissé comme mort. Retrouvant ses esprits, il part se mettre au vert à Derbé, et, là, évidemment, pas question de repos, dès qu’il a récupéré, il évangélise faisant un bon nombre de disciples. Le plus incroyable, c’est la suite, dès qu’il se sent mieux, où est-ce qu’il va ? Je vous le donne en 1000, il retourne à Lystres, là-même où il avait été lapidé ! Il faut vraiment être intrépide ! Ensuite, on nous dit qu’il part pour Antioche de Pisidie, c’est à dire là où, après un début prometteur, ils avaient connu tant de problèmes ! Il faut le faire quand même !
Et le plus extraordinaire, c’est que, lorsqu’ils retournent à Antioche de Syrie, bouclant ainsi ce 1° voyage missionnaire, ce qu’ils racontent, ce ne sont pas les galères traversées, les épreuves endurées, mais ce que Dieu avait fait avec eux, par eux, pour ouvrir aux nations païennes la porte de la foi. Ce zèle évangélisateur, le pape François en expliquera la motivation essentielle dans Evangelii Gaudium en disant : « Avoir connu Jésus n’est pas la même chose que de ne pas le connaître, marcher avec lui n’est pas la même chose que marcher à tâtons, pouvoir l’écouter ou ignorer sa Parole n’est pas la même chose, pouvoir le contempler, l’adorer, se reposer en lui, ou ne pas pouvoir le faire, ce n’est pas la même chose. » Jésus a dit : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » Evangéliser, c’est donc vouloir offrir à chaque être humain cette possibilité d’accueillir, sans attendre l’au-delà, cette vie en abondance. C’est ce qu’ont fait Paul et Barnabé et tant d’autres missionnaires à leur suite. C’est ce que nous sommes invités à faire en devenant, à l’appel du pape François d’infatigables disciples-missionnaires.
Venons-en à l’Evangile, et cette parole de Jésus sur la paix que nous connaissons bien puisque nous l’entendons à chaque Eucharistie : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Quand Jésus ressuscité venait rejoindre ses disciples, la première parole qu’il leur disait, la plus fondamentale, c’était : La paix soit avec vous. Ici, dans ce texte, nous sommes quelques temps avant puisqu’il s’agit du discours d’adieu que Jésus adresse à ses disciples. Mais, déjà, là, il leur parle de la Paix comme le cadeau essentiel qu’il veut leur faire.
En disant cela, il me semble que Jésus veut nous dire que la paix, la paix intérieure, nous ne pourrons pas nous la donner nous-mêmes, nous ne pourrons pas nous la fabriquer. La paix, la paix intérieure, elle se reçoit et, pour nous les chrétiens, elle se reçoit de Jésus. C’est pour cela que Jésus insiste : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. La paix qui ne nous quittera pas, c’est la paix de Jésus, elle sera donc toujours à recevoir et à accueillir comme le don de son amour. Ce qui signifie que plus nous aurons besoin de paix et plus il nous faudra nous approcher de Jésus, demeurer dans son amour.
Quand nous pensons à la paix, habituellement nous pensons spontanément à la tranquillité. Dans les Ecritures, la paix n’est pas d’abord l’absence de problèmes, mais une plénitude, la plénitude de la présence du Seigneur en nos cœurs. Nous pouvons traverser des tempêtes, comme les apôtres ont traversé la tempête du lac, nous tiendrons bon si, comme eux, nous prenons Jésus dans la barque de nos vies. Lorsque nous le laissons demeurer dans nos cœurs, lorsque nous le laissons rejoindre et monter dans la barque de nos vies, il nous redit : n’ayez pas peur, je suis avec vous. C’est sa présence qui nous rassurera, pas l’absence de difficultés qui est finalement, un rêve impossible.
Ainsi donc, c’est paradoxal, mais nous pouvons traverser des difficultés, des tempêtes et rester dans la paix à condition de garder Jésus avec nous, de demeurer dans son amour. Certes, la tempête nous agitera et c’est bien normal, mais, comme la tempête n’agit pas dans les profondeurs de la mer, elle n’agira pas dans la profondeur de nos cœurs.
C’est la présence de Jésus qui nous apportera la paix. Là où est Jésus, là est la paix. C’est pour cette raison qu’il dit à ses disciples : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Comme les apôtres, nous pourrions croire, à certains moments que Jésus dort, qu’il ne fait plus rien pour nous. Mais comme à ses apôtres, il nous redit : pourquoi avoir peur, je suis là, avec vous, pour toujours. Ainsi donc, nous comprenons mieux pourquoi ces paroles, le prêtre les reprend au cours de chaque messe et il les dit juste avant de communier. C’est une invitation qui nous est faite à renouveler chaque jour notre foi pour croire toujours plus que, lorsque nous accueillons Jésus, il déposera sa paix dans nos cœurs.
Et, bien sûr, c’est en accueillant toujours plus cette paix, cadeau de Jésus, que nous pourrons l’offrir au monde, que nous pourrons nous engager à construire la paix autour de nous, et que cette paix deviendra contagieuse. Nous le constatons, il n’y a pas assez de paix dans le monde, avec cet Evangile, nous comprenons que la raison est assez simple : c’est parce qu’il y a trop peu de cœurs qui accueillent vraiment Jésus et qui demeurent en son amour qu’il y a trop peu de paix.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet demandons la grâce d’un renouvellement de notre foi pour que nous puissions croire qu’en accueillant Jésus et en demeurant dans son amour notre cœur sera établi dans la paix quelles que soient les tempêtes à traverser.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce d’être habités par un amour inconditionnel de nos frères, de tous nos frères pour déployer, à l’image de Paul, un zèle évangélisateur qu’aucune épreuve n’arrêtera. Demandons-lui d’accueillir la paix de Jésus pour la propager.