12 avril : mercredi dans l’Octave de Pâques. C’est tellement mieux qu’on ne sache pas où se trouve réellement Emmaüs !

C’est la saison des grandes premières pour Pierre ! Il vient de prononcer sa 1° prédication et ça s’est bien passé puisqu’elle a provoqué 3000 conversions … pas mal pour une première prédication, n’importe quel prédicateur aguerri en pâlit de jalousie ! Et aujourd’hui, c’est son premier miracle qui nous est raconté. Miracle, pas mal réussi pour un novice qui n’a suivi aucune session de formation à la guérison ! Ce qui me plait, c’est la manière dont Pierre va amener cette guérison : « De l’or et de l’argent, je n’en ai pas, mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche ! » J’aime cette parole de l’Ecriture et j’aurais trop aimé être avec eux pour voir la tête de Jean et de Pierre quand cette parole est sortie des lèvres de Pierre. La tête de Jean d’abord parce qu’il a dû se demander quelle mouche avait piqué ce pauvre Pierre pour qu’il ose parler comme Jésus ? Et la tête de Pierre également car il a dû se demander si ça allait marcher ! Pierre ne fanfaronne plus, comme il l’avait fait dans la barque quand il avait dit : si tu m’appelles, je suis cap de marcher sur les eaux ! Là, il s’appuie sur sa foi, sur la puissance du nom de Jésus qui est invoqué pour sauver ce pauvre homme. 

C’est vrai, la parole de Pierre est une parole complètement folle selon la rationalité, mais il n’a pas peur de la prononcer car il ose croire que la puissance par laquelle Jésus accomplissait des miracles, toute la puissance de Dieu est désormais entre leurs mains à eux, les apôtres. C’est la fameuse parole de Paul que je trouve tellement extraordinaire : « Dieu déploie pour nous, les croyants, une puissance incomparable : cette puissance incomparable, c’est l’énergie, la force, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux. » Eph 1,19-20 Vous imaginez la puissance qu’il a fallu pour ressusciter Jésus ? Eh bien, cette puissance, dit Paul, elle est désormais entre nos mains. Et, c’est bien parce que cette puissance est entre nos mains que Pierre peut oser prononcer cette parole complètement folle : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche !

Du coup, nous sommes obligés de nous interroger : Est-ce qu’il nous arrive de poser de vrais actes de foi ? Je ne dis pas que nous sommes tous obligés d’essayer de faire des miracles, mais est-ce que nous croyons vraiment que la puissance que Dieu a déployée pour ressusciter Jésus, il la met à notre disposition. Est-ce que nous le croyons et est-ce que nous osons, à notre mesure, prononcer des paroles de foi à la manière de Pierre dans cette lecture ?

Venons-en à l’Evangile bien connu des disciples d’Emmaüs. Pour vous en parler, j’aimerais commencer par évoquer une particularité géographique qui n’a rien à voir avec Emmaüs, mais vous comprendrez vite pourquoi je l’évoque ! 

Quand on va voir la source de la Loire, c’est un peu loin d’ici, il y a un truc étonnant ! On arrive au pied d’une montagne, le Mont Gerbier des Joncs et là on se retrouve face à un vrai problème, il n’y a pas un seul lieu qui permettrait de voir les débuts de ce grand fleuve, mais trois lieux. Chacun a d’ailleurs reçu un nom qui tend à prouver qu’il est bien le véritable emplacement de la source, on a un panneau indiquant qu’ici se trouve « la source géographique », un 2° panneau à quelque distance indique « la source authentique » et un 3° encore un peu plus loin, « la source véritable » ! 

Eh bien, quand on va faire un pèlerinage en Terre Sainte, on est un peu confronté au même problème avec le village d’Emmaüs. C’est un des rares lieux bibliques qu’on ne peut pas situer avec exactitude. Actuellement, il y a au moins trois lieux qu’on peut visiter et qui sont tous présentés comme le véritable village d’Emmaüs. On pourrait, comme pour les sources de la Loire, les baptiser : Emmaüs géographique, Emmaüs authentique et Emmaüs véritable ! D’ailleurs, la liste pourrait s’allonger car d’autres lieux prétendent aussi être l’Emmaüs des Évangiles. Cette difficulté de localisation est parfois passée sous silence par les guides qui laissent croire que le lieu où ils nous conduisent est le bon et que, par conséquent, il ne peut pas en exister d’autres. 

C’est dommage d’agir ainsi car, finalement, cette impossibilité de localiser avec certitude Emmaüs peut aussi être riche de sens, c’est d’ailleurs ce que suggérait le pape Benoît XVI dans une petite homélie, je le cite : La localité d’Emmaüs n’a pas été identifiée avec certitude. Il y a différentes hypothèses, et ceci n’est pas dépourvu de signification, parce que cela nous fait penser qu’Emmaüs représente en réalité chaque lieu : le chemin qui y conduit est le chemin de chaque chrétien, bien plus encore, de chaque homme. Sur nos chemins, Jésus ressuscité se fait compagnon de voyage, pour rallumer dans nos cœurs, la chaleur de la foi et de l’espérance et rompre le pain de la vie éternelle. Plutôt que de commenter ce texte qu’on connait bien et qui a été évoqué dans le chapelet d’hier, je veux développer 3 conséquences de cette affirmation de Benoit XVI qui dit que : le chemin qui conduit à Emmaüs est le chemin de chaque chrétien.

1° conséquence : Aujourd’hui encore, le Christ veut nous rejoindre quand nous sommes découragés. Avez-vous remarqué comment s’y prend Jésus avec ces deux hommes ? Il ne leur fait pas la leçon, il ne leur dit pas : allez secouez-vous ! Il les écoute vider leur sac. Puisqu’ils ont beaucoup souffert, Jésus les laisse beaucoup parler. Ceux qui sont confrontés à un profond découragement qui les plonge dans une douloureuse désespérance ont besoin de trouver une oreille attentive qui les écoute jusqu’au bout. Toutes ces idées noires font une œuvre de destruction, il faut pouvoir les sortir. Mais peut-être avons-nous fait cette douloureuse expérience qu’il n’est pas si facile que ça de trouver des oreilles vraiment attentives et bienveillantes capables d’écouter jusqu’au bout. Ce n’est pas facile non plus de devenir ces oreilles qui écoutent sans se lasser et qui ne cherchent pas à tout expliquer. A chaque fois que nous y parvenons, nous sommes vraiment à Emmaüs !

2° conséquence : Aujourd’hui encore, le Christ veut ouvrir notre esprit à l’intelligence des Écritures. Je ne pense pas que Jésus ait fait une leçon de catéchisme aux disciples découragés. Quand on est découragé, désespéré, les leçons que nous font les autres ont bien du mal à passer. Je pense plutôt que ce recours à l’Écriture lui a permis de chercher du sens avec eux. En faisant appel à l’Écriture, Jésus leur montre que les épreuves n’ont pas manqué dans l’histoire du peuple juif, elles ont même souvent été rudes. Mais, au cours de cette histoire douloureuse, jamais on n’a pris Dieu en défaut. Il a toujours été présent, accompagnant son peuple et réalisant même des coups d’exploit pour les sortir de situations impossibles. Jésus leur explique sans doute que ce que Dieu a fait hier, il peut et il veut le faire aujourd’hui. En parlant de Dieu en ces termes, Jésus a opéré un miracle extraordinaire : il a permis au cœur de ces deux hommes de devenir à nouveau des cœurs brûlants de foi et d’espérance. Ce n’est pas si facile que ça de trouver des personnes capables de réchauffer nos cœurs, de susciter à nouveau, pour ne pas dire ressusciter en nous la foi et l’espérance. Ce n’est pas facile non plus de devenir ces personnes. A chaque fois que nous y parvenons, nous sommes à Emmaüs !

3° conséquence : Sur le chemin d’Emmaüs, il est venu rejoindre ces deux hommes en grande difficulté, mais il ne pourra pas revenir de cette manière à chaque fois que des personnes en difficulté auront besoin d’être réconfortées. C’est pour cela que Jésus a institué l’Eucharistie, c’est pour qu’il puisse rejoindre tous les hommes, de tous les temps, sur toute la terre et apporter le soutien de sa présence à tous ceux qui sont découragés. Mais ce n’est pas si facile que ça de vivre toutes les messes avec une telle foi pour reconnaître Jésus qui nous rejoint et qui vient ressusciter l’espérance en nos cœurs. Quand on y parvient, on expérimente encore la paix et la joie d’Emmaüs.

Finalement, c’est bien qu’on n’ait pas pu identifier avec précision où se trouvait Emmaüs. Ainsi nous comprenons mieux que l’Emmaüs géographique, l’Emmaüs authentique et l’Emmaüs véritable sont chez nous, ici à Tressaint et à l’hôpital de la Croix Rousse et encore à Notre Dame de Laghet ! Ce qui signifie que c’est à nous aujourd’hui que Jésus veut faire vivre l’expérience des cœurs brûlants pour nous faire sortir de toutes les idées noires que nous pouvons broyer, de toutes les déceptions que nous pouvons vivre.

Cet article a 3 commentaires

  1. Franchellin Jean Marc

    Je pense notamment, en méditant cette homélie, aux livres de Oral Roberts, dont celui du Miracle de la graine de foi. Ça date déjà (1970)mais toujours d’actualité.
    Chez les Catholiques, nous sommes un peu plus « réservés » voir timide..
    Dieu ne demande pas des gens capables, Il les rend capables.

  2. Adéline

    Amen ! 🙂

    Cela me fait aussi penser à « la Galilée »… L’endroit où la bassesse est la plus grande : Jésus y retourne !

  3. ANGE Barbara

    Je me régale père Roger avec vos homélies lumineuses,vivantes et concrètes…
    Pour vous remercier voici en partage une perle du Coeur de Jésus à Luisa Piccarreta…et chacun de nous..

    livre du Ciel tome 11, 25 septembre 1913
    « Ma fille, Je me tiens au centre de votre âme pour que la sainteté soit facile à réaliser et pour qu’elle soit accessible à tous, dans toutes les conditions, dans toutes les circonstances et n’importe où. C’est vrai que la sainte Eucharistie est aussi au centre. Mais qui l’a instituée ? Qui a contraint mon Humanité à s’enfermer dans une petite hostie ? N’est-ce pas ma Volonté ? Ma Volonté a la suprématie sur tout. Si tout se trouvait dans l’Eucharistie, les prêtres qui me font venir dans leurs mains à partir du Ciel et qui, plus que quiconque, sont en contact avec ma Chair sacramentelle ne devraient ils pas être les plus saints et les meilleurs ? Cependant, plusieurs sont les pires. Pauvre de Moi, comment me traitent ils dans la sainte Eucharistie ! Et les nombreuses âmes qui me reçoivent, même tous les jours, ne devraient elles pas être toutes des saintes, si l’Eucharistie était suffisante. En réalité, et cela est à faire
    pleurer, beaucoup de ces âmes restent toujours au même point : vaines, irascibles, pointilleuses, etc. Pauvre Eucharistie, comme elle est déshonorée ! Par contre, on peut voir des mères qui vivent dans ma Volonté, sans pouvoir me recevoir chaque jour à cause de leur condition, non pas qu’elles ne le désirent pas, elles sont patientes et charitables, et dégagent la fragrance de mes vertus eucharistiques. Ah ! C’est ma Volonté en elles qui compense pour mon très saint Sacrement ! En fait, les sacrements produisent des fruits selon que l’âme est ajustée à ma Volonté. Et si l’âme n’est pas ajustée à ma Volonté, elle peut recevoir la communion et rester l’estomac vide, aller à
    confesse et rester sale. Une âme peut venir devant ma Présence sacramentelle, mais si nos volontés ne se rencontrent pas, Je serai comme mort pour elle. Ma Volonté seule produit tous les biens. Elle donne Vie aux Sacrements eux-mêmes. Ceux qui ne comprennent pas cela montrent qu’ils sont des bébés en religion. »

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