26 janvier : 3° dimanche du Temps ordinaire C : Dimanche de la savoureuse Parole !

N’avez-vous jamais envié les deux disciples d’Emmaüs surtout à cause de ce qu’ils se disent quand Jésus les quitte et qu’ils l’ont reconnu dans le partage du pain : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » Lc 24,32. Nous le savons, quand Jésus les rejoint sur la route de leur démission, après les avoir longuement écoutés, après leur avoir permis de vider leur sac, Jésus va encore plus longuement leur expliquer les Ecritures. Quel dommage qu’aucun des deux n’ait eu le réflexe de mettre en route le dictaphone de son téléphone portable à ce moment-là ! Ce qu’il a fait pour les deux disciples d’Emmaüs, en chemin, Jésus le refera pour ses disciples rassemblés, lors de sa 1° apparition, Luc note en effet : Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Lc 24,45 C’est à cette expérience que s’est référée le Pape François dans le texte par lequel il a institué ce 3° dimanche du Temps Ordinaire, Dimanche de la Parole.

Pour Jésus, il était absolument vital qu’avant qu’il ne les quitte, ses apôtres, tous ses apôtres et même le cercle de ceux qui les entouraient puisse entrer dans cette intelligence des Ecritures. C’est donc ce qu’il a fait dans ces apparitions que je viens d’évoquer, laissant au Saint-Esprit le soin de parfaire ce qu’il avait commencé. Et ça a très bien marché puisque le Saint-Esprit, à peine reçu, Pierre se met à annoncer la Parole, résultat 3000 conversions … et vous connaissez la boutade : Pierre, une homélie, 3000 conversions ; nous, 3000 homélies, une conversion ! Redevenons sérieux et admirons la puissance de la Parole quand elle est annoncée par des cœurs, conscients de leurs insuffisances, mais remplis du Saint-Esprit. Un dimanche par an, le Pape a voulu que nous puissions reprendre conscience de cette puissance pour que, tous les dimanches, nous puissions mieux l’accueillir et laisser la Parole accomplir son œuvre en nous. 

Ce dimanche de la Parole est un peu le parallèle du dimanche de la Fête du Corps et du Sang du Christ qu’on appelait avant la Fête-Dieu qui donnait lieu à de grandes et belles processions du Saint-Sacrement. Ici, le Saint-Curé s’y entendait dans l’organisation de ces processions, allant même jusqu’à distribuer des pétards aux jeunes pour les encourager à venir en leur demandant d’honorer le passage du Seigneur en les faisant péter ! Un dimanche où la messe est à l’honneur pour mieux en vivre tous les dimanches ! Un dimanche où la Parole est à l’honneur pour mieux nous laisser travailler tous les dimanches par sa puissance. Faire ce rapprochement n’est pas iconoclaste puisqu’il n’est finalement qu’une belle illustration de cette parole du Saint-Curé que nous fêtons en cette année de jubilé : « Notre Seigneur qui est la vérité même ne donne pas moins d’importance à sa Parole qu’à son Corps. Je ne sais pas si c’est plus mal d’avoir des distractions pendant la messe que pendant les instructions, je ne vois pas de différence. »

Et nous pouvons reconnaître que la liturgie nous a gâtés pour ce dimanche de la Parole avec les textes qui nous étaient proposés pour chacun desquels je ne vais retenir qu’un point.

La 1° lecture a mis sous nos yeux cette magnifique et grandiose liturgie de la Parole. Pour la goûter vraiment, il est nécessaire de connaître un peu le contexte. Le peuple est revenu d’Exil, il est revenu en chantant, mais s’est installé en déchantant ! Revenir était le grand rêve des exilés, mais quand ils sont arrivés, ils ont trouvé un pays dévasté, temple détruit, murailles détruites, ville saccagée, maisons squattées. Tout a été reconstruit, mais le Temple est moins beau, la ville est moins belle, plus rien n’est comme avant. C’est alors que le gouverneur Néhémie et le prêtre Esdras décident d’organiser cette liturgie de la Parole. Quand on a le moral dans les chaussettes, rien de tel que la Parole pour se rebooster ! C’est pourquoi Esdras, dans son homélie, dira : Ne vous affligez pas : la joie du SEIGNEUR est votre rempart ! C’est-à-dire : quand vous ne pouvez plus trouver la joie en vous, dans ce que vous vivez, protégez-vous du désespoir en vous enfermant dans la joie du Seigneur ! Car le Seigneur, lui, il est toujours dans la joie puisqu’il sait qu’au terme, c’est son amour qui l’emportera et qui aura raison de nos médiocrités.

Je n’ai pas le temps de commenter le psaume, je vous laisserai le faire ! La 2° lecture de St Paul nous parlait de l’heureuse diversité du Corps du Christ qu’est l’Eglise, diversité unifiée par l’Esprit. En ce dimanche de la Parole, comme nous y invite Paul, bénissons le Seigneur pour cette diversité qui fait que, dans la profusion des charismes distribués largement, ce que, moi, je ne sais pas bien faire, d’autres sauront le faire ; ceux que, moi, je ne sais pas bien rencontrer, évangéliser d’autres sauront les rencontrer, les évangéliser ! Mais évidemment tout cela n’est possible que si nous formons vraiment un corps, que si nous acceptons de ne plus jamais jouer « perso » comme on dit dans le sport.

Venons-en à l’Evangile dans lequel Jésus fait la plus courte homélie de toute l’histoire, une seule phrase, mais quelle phrase ! Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. Il aurait pu longuement développer, il y avait matière à partir de ce texte d’Isaïe qu’il venait de lire en expliquant dans un discours programmatique comment il allait libérer, guérir, sauver, évangéliser. Il a choisi de prononcer cette seule parole en guise de commentaire : Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. Désormais, ce petit mot « aujourd’hui » deviendra le maitre-mot de la vie chrétienne. C’est aujourd’hui qu’il me faut demeurer chez toi, dira Jésus à Zachée. Désormais, c’est à nous d’annoncer cette Bonne Nouvelle : c’est aujourd’hui que le Seigneur veut s’occuper de toi ! Quelle bonne nouvelle face à tous ceux qui ne sont capables de promettre qu’une chose : demain, on rase gratis ! Et on sait ce que valent ces promesses.

Mais, évidemment, personne ne pourra croire en cette bonne nouvelle si nous ne pouvons pas donner le témoignage que c’est bien vrai, chaque jour, quand on laisse la grâce du Seigneur venir nous parfaire, nous devenons meilleurs. Car dimanche de la Parole ne signifie pas dimanche du baratin ! Nous connaissons tous cette merveilleuse parole du Pape Paul VI qui, valorisant la Parole en actes, disait : l’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maitres ou s’il écoute les maitres c’est parce qu’ils sont aussi des témoins. C’est pour cela que les foules venaient à Ars, elles entendaient un prêtre qui faisait ce qu’il disait, c’est ainsi qu’un des paroissiens résumera la vie du Saint-Curé quand il sera invité à témoigner au procès de canonisation : notre curé, il faisait ce qu’il disait ! Qu’il intercède pour nous et plus particulièrement pour les diacres permanents et leurs épouses ainsi que pour les catéchistes au jour de leur jubilé !

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