Pèlerinage en Terre Sainte Deuxième semaine

Dimanche 9 juin

Ce matin, nous commençons la journée, fête de Pentecôte par un temps de prière puis nous visitons quand même les fouilles archéologiques de la maison.

Des historiens remettent en cause le fait que cette maison ait pu être la maison où Jésus a été présenté à Pilate … dans ce domaine, il y a ordre et contre-ordre, alors attendons la prochaine théorie qui rétablira les choses avant la suivante qui les démontera !
Ce qui est sûr, c’est que sous cette maison, il y avait une double piscine, nous n’en voyons qu’une mais il y a sa soeur jumelle à côté ! Vous savez que, dans ce pays, l’eau est un problème, alors, à l’époque, on a creusé des citernes un peu partout pour recueillir les eaux de pluie en hiver. Il y a avait bien sûr la nécessité d’avoir de l’eau pour boire, se laver, cuisiner, mais la ville était peuplée de romains qui aimaient aller aux thermes et on est tout près du Temple et il fallait laver les animaux avant les sacrifices et laver le sang en suite.

La piscine
Les explications

Ensuite, nous arrivons au fameux lithostrotos : le dallage sur lequel Pilate aurait présenté Jésus à la foule en disant : Ecce Homo. Il y a une partie de dallage qu’on pourrait qualifier de trottoir et une autre pour les chars, les pierres sont striées pour que les chevaux ne glissent pas.

Les pierres striées

A cet endroit a été retrouvé une pierre gravée, les spécialistes ont reconnu « le jeu du roi » les soldats romains (nous sommes sur le site de la forteresse Antonia) s’amusaient avec les prisonniers condamnés à mort, il faisaient d’eux les rois d’un jour pour mieux se moquer d’eux … c’est ce qui est arrivé à Jésus !

la pierre gravée avec le jeu du roi

Je ne vous ai encore pas montré de photos de notre groupe, en voici quelques unes

Au fond à droite Laurent-Marie et en tournant par la gauche, Laurent, Aliénor, derrière elle qui tourne le dos, Anne, Baptiste, Gaëtant, Aude, sa femme de dos, Lysanne de dos qui donne les explications et Jacques
les mêmes mais ailleurs !
Et vous n’aviez encore pas vu Agnès, notre responsable et guide du trek au 1° plan

Nous sommes allés ensemble au St Sépulcre … noir de monde ! Et nous avons commencé la visite par la terrasse supérieure (enfin pas tout à fait en haut qui n’est accessible que pour les moines orthodoxes !) qui conduit à la chapelle des éthiopiens. Nous sommes au-dessus de la chapelle de Ste Hélène pour ceux qui connaissent. Par la suite, je ferai une explication détaillée du St Sépulcre !

La terrasse avec la coupole de la chapelle Ste Hélène, le haut est en réparation

L’après-midi, nous allons à l’église de la dormition, proche du Cénacle et au Cénacle … comme j’ai déjà mis des photos, je n’en remets pas !

Le soir, nous allons à la messe avec les syriaques catholiques, messe présidée par leur évêque … dépaysant !!!

L’évêque syriaque catholique

Mgr Sabah, l’ancien patriarche de Jérusalem était là, on le voit quand il sort appuyé sur sa canne… je lui ai rappelé sa visite à Ars, il s’en souvenait très bien !

Mgr Sabbah, l’ancien patriarche de Jérusalem

Le coucher ne se fait pas trop tard car demain, il faut prendre la route !

Lundi 10 juin

Nous prenons le petit déjeuner vers 6h du matin pour nous rendre assez tôt à la gare routière. Bus de ligne pour Ramallah puis Naplouse et Jennin. Tout cela nous prend 2 bonnes heures.
Nous commençons donc notre marche pour rejoindre Burqin, le lieu où Jésus a guéri les 10 lépreux. Il fait déjà bien chaud !

Devant l’église orthodoxe de Burqin en attendant qu’elle ouvre
L’intérieur de l’église
Une des icônes qui « raconte » le miracle

Nous prenons le repas dans la cour de l’église et nous partons ensuite. Il faut marcher sous un soleil de plomb … heureusement, c’est assez plat (ça ne sera pas toujours comme ça !). Nous traversons donc la Samarie avec des paysages très arides.

Le chemin avec Gaëtan, un peu distancé !
De temps en temps, il y a quelques plantations (pas ici !) et quelques troupeaux

Mardi 11 Juin

Aujourd’hui, étape très difficile ! Nous sommes partis de Araba après une bonne nuit reposante et un bon petit déjeuner préparé par la famille qui nous hébergeait. La marche est longue (30km prévus !) avec beaucoup de dénivelé : ce sont les collines de Samarie. On en monte deux assez importantes le matin qu’il faut redescendre ensuite ! À midi, nous nous arrêtons chez une femme extraordinaire que Lysanne et Agnès avaient déjà rencontrée dans le repérage. Elle nous fait entrer dans sa cour à l’ombre.

Une partie du groupe avec notre hôte si accueillante

Elle nous apporte de l’eau fraîche puis du thé, des gâteaux de sa fabrication. Nous sortons nos pique-niques, elle apporte des olives de leur production et du fromage puis du café ! Puis elle vient vers moi et explique en arabe (Baptiste et Lysanne comprennent un peu) qu’elle serait honorée si le « vieux » acceptait de faire la sieste sur son canapé… j’y vais en ayant pris un coup de vieux ! D’autres me suivront ! Après la sieste, nous célébrons la messe, la femme et sa fille assistent un peu à l’écart et intrigués !

Nous quittons cette merveilleuse femme si hospitalière ! Oui vraiment l’hospitalité orientale ce n’est pas un mythe ! Nous recommençons à grimper par un chemin très raide sous un soleil pas possible. Après deux heures environ, nous sommes au sommet, arrivé au sommet, l’un des jeunes me dit : j’espère qu’à votre âge, je serai capable de faire ce que vous faites … parce que je monte doucement mais régulièrement. Deuxième coup de vieux !

Au sommet de la colline … mais ça grimpait très raide, chemin sans lacets !

Nous redescendons par un chemin mal tracé dans les épines et la caillasse, descente éprouvante ! Au cours d’une pause, Baptiste en profite pour faire circuler le sang !

Baptiste en plein travail !

Le paysage toujours très aride est très beau, c’est très vallonné. Il fallait que Jésus ait la forme pour faire ce chemin qui était le plus court chemin pour aller de Galilée à Jérusalem. C’est vrai qu’à l’époque, la marche était le seul moyen de transport donc tout le monde était entrainé !

Paysage aride et vallonné

Gaëtan est très fatigué et moi aussi ! En plus je tombe sur ce chemin si mauvais, j’ai mal au genou et à la hanche. Nous arrivons sur la route, un monsieur avec un 4×4 BMW s’arrête et d’Eltsine on a besoin d’aide : quelle providence ! Agnès lui demande s’il peut nous prendre Gaëtan et moi, il est ok … j’en profite pour suggérer qu’elle demande s’il peut nous conduire au village étape, Sebastia, au début il dit oui, puis une autre voiture s’arrête et il va voir le chauffeur lui donne de l’argent et lui demande de nous conduire jusqu’à Sebastia ! Deuxième geste d’hospitalité et de générosité de la journée ! Nous arrivons à bon port, le gîte est très bien, douche bienfaisante et lessive. Nous avons quand même marché 7h30 ! Gaëtan qui est en contact avec ceux qui marchent m’annonce qu’ils n’arriveront pas avant 22h30  ! J’ai l’impression qu’il y a eu un souci dans le repérage ! Heureusement que nous ne sommes plus avec eux, moi, j’en serai mort !
Dans ma tête commence à germer le projet de partir, cette marche est trop dure pour moi … je verrai dans quel état je suis demain après ma chute !

Mercredi 12 juin

Lever difficile, mon genou me fait souffrir, la hanche aussi et j’ai un point dans le dos ! Pour moi, l’aventure du trek se terminera donc aujourd’hui. Je me suis levé trop cassé malgré deux anti-inflammatoires pris hier. Cette marche était trop dure pour moi, je dois le reconnaître humblement même si je suis assez content d’avoir déjà tenu les 7h30 de marche hier ! Tout le groupe était fatigué parce qu’ils sont arrivés à 22h30 hier soir ! Alors lever et petit déjeuner plus tardifs vers 8h30. 
Ensuite nous allons visiter les ruines de Sebastyia qui est en fait l’ancienne ville de Samarie capitale du Royaume du Nord au temps de la Bible. Hélas tout est un peu laissé à l’abandon, la situation, souvent difficile dans cette région fait qu’il y a peu de touristes ou pèlerins et donc pas d’incitation ni de moyens pour entretenir.

Le théâtre de Sebastyia

Il reste quand même les vestiges d’un beau théâtre romain. Et sous les ruines d’une église byzantine, il y a une crypte dédiée à Jean-Baptiste, j’ai fait une photo avec Baptiste, non pas à cause de son nom, mais parce que St Jean-Baptiste est le patron de notre diocèse et que Baptiste est de notre diocèse !

Baptiste dans la crypte dédiée à St Jean-Baptiste
Un peu plus loin, il y aurait même le tombeau de Jean-Baptiste

Nous relisons les textes de la Bible concernant l’institution de ce Royaume du Nord avec le schisme politique qui le sépare de Jérusalem et donc le schisme religieux.Ensuite, nous rentrons au gîte et célébrons la messe dans une des cours de ce gîte. Et nous partons, en voiture, pour Naplouse. Quand nous arrivons devant l’église qui abrite le puits de la Samaritaine, c’est fermé ! Nous faisons une pause sandwich sur place. Un monsieur qui parle très bien français va nous acheter des falafels sandwichs. C’est le « jambon-beurre » oriental ! Il est fait avec une pita (pain rond et plat) dans lequel, il y a des crudités et des boulettes de pois chiches.

Les jeunes attendent la livraison des Falafels
Et les moins jeunes aussi !

A l’ouverture, nous entrons, l’accueil dans ces sites orthodoxes est souvent musclé et change de l’accueil dont nous avons bénéficié hier de la part des musulmans ! Nous lisons le texte de la Samaritaine sans avoir le droit de faire des photos, j’en vole quand même deux !

Aliénor lit le texte de la rencontre de Jésus avec la samaritaine devant le puits

Les puits dans la Bible jouent un rôle important, tout le monde est obligé d’y passer pour boire et faire boire les troupeaux … il y aura souvent des conflits entre les bergers … mais aussi des mariages ! Je me souviens qu’un exégète disait que le puits dans l’Ancien Testament c’était un peu l’équivalent de l’application Meetic !!!Puis nous partons, toujours en voitures, rejoindre le lieu d’hébergement du groupe, ça sera une nuit à la belle étoile dans un jardin mis à disposition. Je quitte le groupe pour rentrer avec l’un de nos chauffeurs qui doit me ramener à Naplouse pour que je prenne le bus pour Ramallah puis Jérusalem. Mais ça ne sera pas aussi simple !
Pour aller déposer le groupe, nous avons dû passer un ckeckpoint et le soldat en faction a gardé les passeports palestiniens de nos deux chauffeurs en disant qu’il leur rendrait au retour. Mais au retour, il nous arrête, je ne comprends pas tout mais je vois qu’il y a un problème ! Le soldat demande d’arrêter les moteurs, de ne pas descendre et de mettre les clés sur le toit par la fenêtre ouverte … un vrai film ! Nous attendons plus d’une demi-heure et, à chaque fois que le chauffeur palestinien pose une question, il lui est demandé de se taire. Au bout d’un moment, il vient chercher mon passeport et téléphone pour avoir des renseignements sur moi et finalement il me le rend en me disant (je comprends comme je peux !) que je dois partir en taxi car les voitures et les chauffeurs restent là et eux ne savent toujours pas pourquoi on les bloque. Le soldat refuse que le chauffeur m’appelle un taxi, je récupère mes affaires, je laisse un billet à mon chauffeur pour le dédommager et je pars… Vous comprenez facilment que je n’ai pas essayé de faire de photos ! Un taxi passe, je l’arrête, difficile de se faire comprendre mais on finit par y arriver, il me conduit à Naplouse pour prendre le bus pour Ramallah. C’est dans ce bus que j’écris cette aventure ! En repassant devant le checkpoint, les voitures étaient toujours là. Mon Dieu que la vie est difficile dans ces conditions, qu’elle vienne la paix sur cette terre que Tu as bénie en venant l’habiter.

Jeudi 13 juin

Ce matin, je célèbre la messe pour la communauté en la fête de St Antoine de Padoue. Je pense souvent que tous ceux qui l’invoquent parce qu’ils ont perdu leurs clés, leur portefeuille feraient mieux de l’invoquer parce qu’ils ont perdu la foi ou pour ceux qui ont perdu la foi !Ensuite, après avoir vidé mon sac à dos et ranger mes affaires, je suis parti pour l’esplanade des mosquées qui était inaccessible la semaine dernière à cause des fêtes liées à la fin du ramadan. Encore beaucoup de monde, en passant au mur puisque c’était à nouveau jour de Bar Mitsva. Peu de monde faisait la queue pour monter à l’esplanade, c’est une chance !

Le mur avec ceux qui viennent y prier vu d’en haut de la passerelle qui conduit à l’esplanade des mosquées
La passerelle qui conduit à l’esplanade des mosquées et qui surplombe le mur

Pour ceux qui ne connaissent pas, je rappelle que l’esplanade est juste au-dessus du mur et donc sur l’emplacement de l’ancien Temple. On comprend que tout cela soit source de tensions. Mais ce matin, c’était très calme.Je suis resté un bon moment sur l’esplanade puisque ceux qui ne sont pas musulmans ne peuvent entrer dans les mosquées.
J’en ai profité pour prier le chapelet en marchant. Cette esplanade est aussi le lieu que la tradition a retenu pour situer le sacrifice d’Isaac … qui n’a pas eu lieu puisque Dieu a empêché Abraham de faire ce qu’il ne lui avait sûrement pas demandé ! Oui, Dieu voulait qu’Abraham puisse offrir Isaac parce qu’il devait trop le « couver » ! Il était le fils de la promesse, l’unique fils donné dans sa vieillesse, alors il ne devait pas le lâcher d’une semelle pour être sûr que rien ne lui arrive et que la promesse d’une descendance aussi nombreuse que les étoiles puisse s’accomplir. Je crois que dans la démarche que Dieu lui propose, Abraham est invité à la confiance, Dieu gère ! Alors s’il lui demande de prendre un couteau, ce n’est pas pour tuer son fils mais pour couper ce lien qui empêche Isaac de vivre, de grandir. En fait, ce texte est plus le sacrifice d’Abraham, le sacrifice de sa paternité étouffante que le sacrifice d’Isaac. La lecture des psychanalystes, sur ce sujet, est très intéressante !

L’entrée de la mosquée El Aqsa
La même mosquée vue de côté
La mosquée du Dôme de la Roche
La même mosquée avec un autre point de vue
Il y a aussi dur cette esplanade un très joli jardin des Oliviers !

Puis je suis allé à nouveau à Ste Anne, cette magnifique basilique qui est territoire français. C’est donc le lieu présumé de la naissance de la Vierge Marie puisque dans la crypte, on pense être sur le lieu de la maison d’Anne et Joachim, les parents de Marie.

L’intérieur de la basilique Ste Anne

Il y a une acoustique extraordinaire dans cette église, si vous voulez en avoir un aperçu, allez voir et écouter les vidéos postées sur Facebook ! Après une heure dans l’église, je suis monté au carmel du Pater, ce lieu où l’on trouve le Notre Père dans toutes les mangues puisque c’est là que Jésus a « enseigné » cette prière à ses apôtres selon l’évangile de Luc au chapitre 11. En voici quelques exemplaires et vous comprendrez pourquoi je les ai sélectionnés : le français (mais il y a aussi la version basque, bretonne, corse …) Alors, bien sûr, c’est l’ancienne version !

Le wallisien et le futunien en signe d’amitié avec nos amis de l’autre bout du monde évangélisé par le bressan Pierre Chanel, j’avais eu l’occasion de m’y rendre en 1998 !

Et bien sûr en kirundi, la langue de mes frères du Burundi !

Et puis, je suis descendu dans la crypte qui est sous les vestiges de l’église byzantine. Je rappelle que les églises byzantines ont été construites sur les lieux où il s’est passé quelque chose de l’évangile. Donc s’il y a eu une église byzantine construite ici, c’est parce que c’est bien ici que Jésus a enseigné le Notre Père et l’église a été construite au-dessus du lieu précis qui est donc une crypte aujourd’hui.

la crypte
idem sous un autre angle

J’étais bien installé dans cette crypte et j’ai bien entendu taper dans les mains pendant un moment sans imaginer que ça voulait dire que les portes allaient être fermées … ce qui fut fait. J’étais enfermé et seul quelle aubaine ! Je suis donc resté deux heures, seul, dans cette crypte à méditer et prier en reprenant aussi les intentions qui m’étaient confiées. Quel temps béni !
Le monsieur chargé de la surveillance du site a été étonné de me trouver là juste avant qu’il n’ouvre, mais j’ai réussi à lui faire comprendre que j’étais prêtre et que je voulais prier, il n’a donc rien dit !
Ensuite, je suis monté à la chapelle de l’Ascension qui est désormais un lieu musulman, vous allez vous en rendre compte sur la photo en voyant le mihrab, cette niche qui indique l’orientation de la Mecque.

La chapelle de l’Ascension avec le Mihrab

Dans cette chapelle, il y a une pierre qui est considérée comme la pierre à partir de laquelle Jésus se serait élevé dans les cieux. Il parait qu’on voit son empreinte qui s’est imprimée dans la pierre tellement il a pris un appui fort … moi, je ne vois rien !

La fameuse pierre !

En redescendant, il y a toujours la belle vue sur l’esplanade des mosquées et on voit bien la fameuse porte dorée qui est fermée et dont je parlais samedi.

La porte dorée qui est fermée (elle est plus haute que le mur) et par laquelle le Messie entrera à Jérusalem

Je rentre après avoir flâné dans les souks … qu’est-ce que c’est agréable d’avoir le temps !
Puis, le soir, il y a, comme tous les jeudi dans les communautés du Chemin Neuf, un temps de prière pour l’unité des chrétiens.

Vendredi 14 juin

Ce matin, je pars pour Bethleem, bus 231 … je deviens un pro ! Je m’étonne moi-même car d’une part, je ne suis pas aventurier dans l’âme et, d’autre part, je n’ai que quelques mots d’anglais à ma disposition, mais j’y arrive ! C’est vrai que, le fait de ne jamais avoir fait d’anglais est un handicap.
Dans le bus, je prie le bréviaire et la lecture du jour est tirée du chapitre 2 de la lettre aux Ephésiens : « Maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple ; par sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine. » Et, en fait, nous nous apprêtons à passer le fameux mur de séparation !!! Seigneur, tu as fait tomber tous les murs par ta vie donnée mais, hélas, nous ne cessons d’en reconstruire… pardonne-nous !
En arrivant à Bethléem, le bus nous laisse avenue Paul VI, la Terre Sainte fut l’un des premiers voyages d’un pape sinon le premier !

je passe évidemment sur la place de la mangeoire que l’on voit puisque c’est par cette place qu’on accède à la basilique de la nativité par cette porte si basse qui avait pour but d’empêcher les animaux d’entrer mais qui est si symbolique de l’abaissement de Dieu quand il vient dans notre monde. J’ai pu faire des photos dans la journée à un moment où il y avait moins de monde.

Comme Dieu, il faut s’abaisser !

En parlant de monde, il y en a beaucoup ! Plusieurs heures de queue pour parvenir à la grotte de la nativité, je renonce pour le moment !

Il faudra patienter pour les derniers parce qu’il faut ensuite remonter toute la nef latérale et passer une 1° porte, traverser un espace et descendre et la file, ce n’est pas l’un derrière l’autre, mais 6 à 8 de front !

La basilique a été restaurée, ce n’est pas fini mais c’est déjà beau et bien mieux qu’avant ! Tout le tour, on voit, sur la partie supérieure des murs, des mosaïques représentant les débats des premiers conciles (réunion des évêques) qui ont dû réfléchir et trancher sur les grandes questions concernant la foi. Car il n’est pas simple de croire que Jésus est vraiment Dieu et vraiment homme ! Il y a eu beaucoup d’hérésies, ces déformations de la foi qu’on peut résumer dans cette formule : humanité truquée (il fait semblant d’être homme) ou divinité tronquée (il n’est pas parfaitement Dieu) ! Pas étonnant donc que, dans cette basilique où, précisément, nous vénérons le lieu où Dieu s’est fait homme, nous trouvions un écho de ces débats.

Je vais donc dans l’église Ste Catherine qui jouxte la basilique de la nativité, c’est d’ailleurs dans cette église qu’est célébrée la messe de minuit en présence des autorités et de tous les chanceux qui peuvent trouver une place ! En effet, la basilique étant confiée aux orthodoxes, il n’est pas possible pour nous d’y célébrer la messe ! Le « bambino » enfant de la crèche est aussi célèbre !

L’église Ste Catherine
Le bambino !

Sous cette église, il y a quelques grottes qui sont contiguës à la grotte de la nativité. St Jérôme a rendu ces grottes célèbres puisque c’est là qu’il a décidé de s’installer pour accomplir la mission que le pape lui avait confiée : traduire la Bible dans la langue du moment, le latin. C’est là où le Verbe, la Parole s’est fait chair qu’il a voulu s’installer pour que son travail sur la Parole soit le plus fécond.

La plaque indiquant que le verbe s’est fait chair, en allemand, l’incarnation, c’est saisissant de réalisme : il s’est fait viande !

St Jerôme est toujours représenté avec un crâne car, la tradition disait qu’il travaillait avec un crâne posé sur son bureau. Il y avait une double signification. D’abord, même si le travail était très important et allait lui donner une belle renommée, pour rester dans l’humilité, il voulait se rappeler qu’il finirait comme tout le monde ! Et puis, ce crâne lui rappelait que la vie est courte et son travail colossal, il ne fallait donc pas qu’il perde de temps ! Peut-être, devrions-nous l’imiter !!!

Dans ces grottes, je peux rester un bon moment à prier car il n’y a personne pendant 1/2 heure.

une des grottes
une autre à côté

Toujours autant de monde à la basilique, je décide donc d’aller à la grotte du lait qui n’est pas très loin.

On l’appelle ainsi car c’est là que la Ste Vierge se serait cachée avec Joseph et Jésus pendant le massacre des Sts Innocents. Si la fin de la vie de Jésus fut très douloureuse, le début n’a pas été simple non plus ! Dans cette église, il y a de belles et émouvantes statues de Marie donnant le sein à Jésus.

Marie donnant le sein à Jésus
la fuite en Egypte

Beaucoup de couples chrétiens ou musulmans qui ne peuvent avoir d’enfants sont venus ici implorer la Ste Vierge et ont été exaucés. Je pense que j’y retournerai pour intercéder de manière encore plus forte pour ceux qui m’ont confié ce type d’intention. Le lieu est très propice pour prier, il y a même dans l’enceinte une chapelle avec exposition du St Sacrement.

Le St Sacrement est exposé dans une très belle chapelle

Ensuite je retourne à la basilique, c’est midi, il y a moins de monde ! Après une demi-heure de queue, je peux pénétrer dans la grotte. Hélas le lieu n’est pas très recueilli et pour s’imaginer comment c’était il faut fermer les yeux, car, ce qu’on voit est quand même très loin de ce que c’était !

On voit la porte d’entrée de la grotte en contrebas, je suis proche !
J’y suis ! L’étoile marque l’emplacement de la naissance de Jésus

Après mon passage, je sors pour prendre un taxi afin de me rendre au champ des bergers. C’est un lieu où l’on fait mémoire des bergers dans les champs qui reçoivent l’annonce des anges. Ce lieu est constitué aussi de grottes qui ont été aménagées pour célébrées la messe. A l’Ecce homo, on m’a déconseillé d’y aller à pieds. Il vaut mieux prendre un taxi et le faire patienter pendant qu’on est sur le site et lui demander ensuite de nous conduire à l’arrêt de bus pour rentrer à Jérusalem. Le problème, c’est que lorsque je sors, c’est le prêche à la mosquée retransmis par haut-parleurs. Tout s’est donc arrêté et les gens écoutent, plus de taxi  alors qu’en arrivant je me suis fait accrocher par 20 chauffeurs au moins ! On voit tout le monde assis qui écoute, je n’ai pas voulu faire trop de photos, mais c’était vraiment étonnant !

Toute le monde écoute assis dehors car j’imagine que c’est plein de dedans !

Comme je ne sais pas combien de temps va durer le prêche, Je décide d’y aller à pieds et je suis vite rassuré puisque je trouve la rue du Champ des bergers. Oui, mais assez vite, il n’y a plus d’indications, je pense qu’ils le font un peu exprès pour oblat prendre un taxi ! Sans m’en rendre compte, je vais marcher une quinzaine de kilomètres (application podomètre de mon iPhone !) en tournant, revenant et repartant… sans trouver ! Je ne devais pas être loin, la décoration de ce rond point le prouve !

Les berges dans leur champ déco plus esthétique pour le rond-point que celle des gilets jaunes !

Je suis fatigué, mon genou me refait mal, un taxi passe, je lui demande de me conduire à l’arrêt du bus pour rentrer à Jérusalem ! Je reviendrai et j’irai au Champ des bergers et à la Grotte du lait pour intercéder pour tous ceux qui ne peuvent avoir d’enfants et qui m’ont confié ou qui vont me confier cette intention pour eux ou leurs connaissances.
Je retrouve le bus 231 bien fatigué et bien content de rentrer !
Passage du checkpoint sans problème.
Pendant l’heure d’adoration à l’Ecce Homo, j’avoue avoir piqué du nez à certains moments !
Ce soir j’ai des nouvelles de la troupe qui finit le trek, ils sont arrivés à Taybeh, tout s’est bien passé, je célébrerai la messe pour eux à 18h demain à leur retour.
Et maintenant, dodo !

Samedi 15 juin

Ce matin, après la messe et le petit déjeuner, je suis de « service communautaire » (mercredi et samedi) je vais aider Pierre, le mari de Corinne qui est la directrice de la maison, lui, il s’occupe de l’intendance. Nous vérifions l’état des fruits et légumes dans les frigos en éliminant les pourris. Puis nous rangeons tout ce qui arrive des achats en fruits et légumes. Les cartons ne doivent pas rentrer dans les frigos donc il faut mettre dans des caisses.
Je fais deux lessives … l’avantage, c’est que, ici, ça sèche très vite !
Ensuite je me repose un bon moment et vers 14h30, je remonte au Carmel du Pater car, Jean-Jo, le prêtre sénégalais qui venait l’été à Bellegarde voulait le Notre Père en wolof.

En Wolof

Et bien sûr, j’avais oublié de faire une photo de l’original dans la langue de Jésus !

Je me suis amusé à compter les marches, il y en a 500 exactement si je ne me suis pas trompé ! Bonne transpirée que de monter par cette chaleur ! Je discute avec un couple de volontaires, ils sont du Jura et connaissent bien Ars.
En redescendant, je m’arrête un moment à Gethsémani pour prier.

Je redescends et vais m’acheter mon jus de carottes quotidien ! J’ai trouvé un marchand à 5 shekel le verre soit 1,25 €. Il y a aussi des jus d’orange, de grenade …
En arrivant je prépare une petite homélie à laquelle j’avais pensé dans la marche vers le Carmel du Pater, puisque le groupe du trek va arriver et nous célébrerons la messe anticipée du dimanche à 18h.
Suite à ma proposition, relayée sur Facebook, de retourner à Bethléem à la grotte du lait pour intercéder en faveur des couples qui ne peuvent avoir d’enfants, j’ai de très nombreuses demandes que je note.
En fait, je ne ferai pas cette homélie car il est prévu un temps de relecture après l’évangile, beau partage.
Nous prenons le repas ensemble et ensuite encore un petit temps de partage et d’infos et je rédige blog et article Facebook avant de prier le bréviaire et de me coucher … journée calme et reposante !

Cette publication a un commentaire

  1. DUBOURGNOUX LUCIENNE

    Merci Père Hébert pour tout ce partage malgré votre souffrance (j’espère que vous allez bien mieux), c’est avec une très grande émotion que je revoie ces lieux grâce à vous. Je prie pour vous !

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