Tout le monde était dans l’admiration devant tout ce qu’il faisait, c’est par ces mots que commençait l’Evangile que nous venons d’entendre. Jésus aurait pu profiter de cette admiration pour séduire définitivement les foules. Mais, non ! Jésus ne s’appuiera jamais sur l’effet merveilleux que pouvaient produire ses guérisons et ses miracles. Il ne recherchait pas l’enthousiasme des foules, ce qui l’intéressait, c’était la conversion, le changement de vie de ceux qui l’écoutaient et le voyaient agir.
Et c’est donc au moment où tout le monde s’émerveillait des œuvres qu’il accomplissait que Jésus leur révèle ce qui va devenir un scandale pour leur foi : Le Fils de l’Homme va être livré aux mains des hommes. Cette annonce qui nous paraît si claire, à nous, reste pourtant impossible à comprendre pour les auditeurs de Jésus, notamment ses disciples. Comment le Fils de l’Homme, c’est-à-dire Jésus pourrait-il être livré ? L’utilisation de ce terme de Fils de l’homme rend la réalisation de l’annonce encore plus improbable. En effet, le prophète Daniel, quand il évoque cette figure du Fils de l’homme prend bien soin de préciser que ce Fils de l’homme était très proche de Dieu, qu’il avait ses entrées auprès de Dieu, comme on dit aujourd’hui ! Alors, comment pourrait-il être abandonné par Dieu et se retrouver impuissant, livré aux mains des hommes ?
Tout cela restait pour eux une énigme et on peut le comprendre ; mais le drame, c’est qu’ils ont eu peur de l’interroger sur ce point. C’est toujours un grand malheur d’avoir peur de Dieu, et c’est encore ce qui handicape tant de personnes. Quand nous ne comprenons plus la conduite de Dieu, ses décisions, quand les chemins qu’il trace pour nous, nous semblent tellement étranges, il nous arrive de nous recroqueviller, de nous taire comme devant une fatalité.
Quand il a annoncé ce qui était si difficile à comprendre, Jésus aurait tant aimé que ses disciples l’interrogent ! il aurait tant voulu les aider, les prendre par la main pour qu’ils puissent entrer dans ce grand mystère. Si les disciples avaient osé l’interroger, il leur aurait parlé de l’amour du Père, de sa propre mission, telle qu’il la comprenait, et du sens qu’il allait donner à sa mort. Mais ils ont eu peur de l’interroger. Les psalmistes et les prophètes, tous les grands priants ont posé des questions à Dieu parce qu’ils ne voulaient pas que l’image de leur Seigneur soit abîmée par ce qu’ils n’arrivaient pas à comprendre.
Notre tristesse pourrait souvent s’arrêter si nous osions dire simplement au Seigneur, comme un ami parle en confiance à un ami : « Jésus, explique-moi. Bien sûr, il ne faudra jamais attendre une réponse immédiate, mais la guetter patiemment, car, un jour, elle nous sera donnée.
Dans le livre des Psaumes, nous entendons cette belle prière : Envoie ta lumière et ta vérité : qu’elles soient mon guide et me ramènent vers ta sainte montagne, vers le lieu de ta demeure ! (Ps 43, 3) Pour nous, disciples de Jésus, cette prière se change en appel à l’Esprit-Saint, puisque c’est lui qui a la charge de nous conduire vers la vérité tout entière.
Quand les épreuves s’accumulent dans nos vies, quand, à certaines heures, la passion se fait proche et douloureuse, quand la Parole du Christ reste voilée pour nous, le Seigneur n’attend de nous qu’une demande exprimée dans la confiance, pour nous donner l’enseignement intime de son Esprit. Mais, pour cela il nous faut oser l’interroger. Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons que cette confiance nous soit accordée.