30 janvier : jeudi 3° semaine du temps ordinaire. Jésus le Grand-Prêtre qui bouleverse tout

Hier, j’ai délaissé la 1° lecture pour commenter exclusivement l’Evangile du semeur, aujourd’hui, je voudrais commencer mon homélie en commentant le passage de la lettre aux Hébreux que nous venons d’entendre même s’il peut, à première écoute, nous sembler un peu compliqué. Le père Vanoye, exégète jésuite belge, créé cardinal par Benoit XVI, est le grand spécialiste de cet écrit. Lui, il appelle cette lettre le sermon sacerdotal. En effet, ce n’est pas une lettre, il n’y a que les 4 derniers versets qui pourraient laisser croire que c’est une lettre. C’est une catéchèse très bien construite qui vise à montrer en quoi le Christ mérite le titre de prêtre et même de grand-prêtre et en quoi consiste son sacerdoce. Et, si les destinataires nommés sont les Hébreux, c’est uniquement en raison des nombreuses allusions à la liturgie du Temple, c’est pour cela qu’il y a parfois des éléments qui peuvent nous paraître bien compliqués et c’est le cas aujourd’hui.

La lecture commençait par ces mots : Frères, c’est avec assurance que nous pouvons entrer dans le véritable sanctuaire grâce au sang de Jésus. On pourrait expliciter de cette manière : Jésus nous a donné libre accès au sanctuaire, c’est-à-dire à Dieu. Nous avons peut-être du mal à réaliser la révolution que représente ces paroles par rapport au système mis en place par le Judaïsme. Nous le savons dans la loi juive, seul le grand prêtre pouvait accéder au sanctuaire et seulement une fois par an ! Grâce à Jésus, nous avons tous, oui vous entendez bien, tous, prêtres et pas prêtres, libre accès et accès permanent à Dieu. C’est une première révolution extraordinaire qui ne peut que nous inviter à nous interroger : qu’est-ce que je fais de ce libre accès ? Comment j’en profite ?

Et il y a une 2° révolution, c’est l’énoncé des conditions pour accéder à Dieu. Jusque-là pour accéder au sanctuaire, le grand-prêtre devait opérer toute une série de purifications rituelles pour arriver dans un état de pureté le plus parfait possible parce que, bien évident, on pensait qu’on ne pouvait pas approcher de Dieu chargé du poids de ses médiocrités. Mais Jésus a fait voler tout cela en éclat. Avant lui, c’était l’impur qui contaminait le pur, c’est pour cela, par exemple, qu’il ne fallait pas s’approcher d’un lépreux, d’un collecteur d’impôts, d’un étranger, à s’approcher trop près, on contracterait son impureté ! Et finalement, c’était assez logique quand vous mettez de l’eau propre dans une bassine d’eau sale, c’est l’eau propre qui devient sale ! Mais Jésus a inversé le principe, avec lui, c’est l’inverse qui va se produire, c’est le pur qui contamine l’impur, c’est le pur qui purifie l’impur.

Voilà pourquoi nous avons libre accès à Dieu, par son sacrifice, Jésus a ouvert aux pécheurs impurs que nous sommes l’accès à Dieu et c’est en s’approchant de lui que nous serons purifiés. Le curé d’Ars a encouragé ses paroissiens à aller communier plus fréquemment à une époque où on ne s’approchait de l’Eucharistie qu’une fois par an en faisant ses Pâques. Il disait aux gens : quand je vous entends dire que vous n’allez pas communier parce que vous ne vous en sentez pas dignes, c’est comme si vous me disiez : je ne vais pas voir le médecin parce que je suis trop malade ! Comme il avait raison ! Nous avons libre accès au cœur de Dieu et c’est sa pureté à lui qui nous purifiera, mais encore faut-il que nous l’approchions. C’est encore ce que faisait le curé d’Ars qui expliquait que lorsqu’il venait de commettre un péché, il courait devant le Saint-Sacrement et disait au Seigneur : eh bien voilà que je viens encore de vous jouer un petit tour à ma façon ! Voilà la marque de la sainteté, ce n’est pas de ne plus commettre de péché, mais c’est, quand on a commis un péché, plutôt que de se morfondre dans la culpabilité, de nous approcher du Seigneur pour chercher ses bras qui nous relèveront.

Ceci dit, il faut être honnête, l’auteur de l’épitre aux Hébreux, dans ce passage, met quand même 3 conditions pour approcher Dieu, pour pouvoir bénéficier de ce libre accès. Je relis en faisant quelques coupures pour que ces 3 conditions apparaissent de manière plus claire : Avançons-nous donc vers Dieu avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi … continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance …   Soyons attentifs les uns aux autres pour nous stimuler à vivre dans l’amour et à bien agir. Vous avez entendu, il s’agit de la foi, de l’espérance et de la charité. 

Pour t’approcher librement de Dieu, il faut que tu croies, que tu croies qu’il a un cœur de Père ; il faut que tu espères car Dieu ne désespère jamais de toi ; et il faut que tu sois prêt à laisser passer l’amour que tu as reçu pour qu’il te rende toujours plus attentif aux autres. Mais vous constatez que ces 3 conditions n’ont plus rien à voir avec celles qui réglementaient l’accès au sanctuaire pour le Grand Prêtre en fonction une fois par an. 

Quelle libération nous apporte le christianisme ! C’est cette libération qu’il nous faut prêcher et c’est tellement lumineux qu’on comprend que Jésus nous supplie de ne pas laisser cette lumière sous le boisseau.

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