Nous continuons la lecture du livre d’Ezéchiel, commencée hier, dans mon homélie, j’ai donné quelques points de repères pour introduire le livre d’Ezéchiel, je les résume rapidement pour ceux qui n’étaient pas là.
Ezéchiel était un prêtre du Temple de Jérusalem, il a fait partie du 1° convoi des déportés, avec l’élite du pays, en 597. Quatre ou cinq ans après son arrivée à Babylone, dans une grande vision, le Seigneur l’appelle à être prophète. Ainsi, Ezéchiel réalise que Dieu n’est pas présent qu’à Jérusalem, dans le Temple puisqu’il se révèle à lui en terre d’Exil. Cette vision majestueuse lui permet aussi de comprendre que Dieu n’a rien perdu de sa puissance et que, si le peuple est en Exil, ce n’est pas de la faute de Dieu, mais de la faute des dirigeants et du peuple lui-même qui n’a pas suffisamment réagi face à leurs mauvais choix. Voilà pour le résumé !
En ce 2° jour, nous avons entendu ce très beau texte que j’avais choisi pour mon ordination diaconale. Le Seigneur se manifeste, à nouveau, à Ezéchiel, décidément, nous voyons que sur cette terre d’Exil le Seigneur reste proche de son peuple puisqu’il se manifeste de manière si sensible à Ezéchiel. Aujourd’hui, ce n’est plus une vision grandiose, comme hier, pourtant c’est une manifestation qui sera décisive pour qu’Ezéchiel puisse accomplir son ministère de prophète. Je vous rappelle que prophète, en grec, signifie « porte-parole ». Le Seigneur va donc indiquer de manière extrêmement forte et symbolique à quelle condition, il pourra être son porte-parole. Des conditions, il y en a deux, je les reprends rapidement.
- 1° condition : ne sois pas rebelle ! Et si vous préférez une formulation positive : sois docile. Autrement dit, le Seigneur prévient Ezéchiel qu’il ne lui demande pas de dire au peuple ce que lui, Ezéchiel pense, comment lui, il voit l’avenir, ce que, lui, il conseille au peuple. Non, le prophète, le vrai prophète, c’est celui qui parle et agit au nom du Seigneur. Alors, nous comprenons bien cette invitation à la docilité.
- 2° condition. Le Seigneur dit à Ezéchiel : si tu veux être mon porte-parole, il faut que tu te nourrisses de ma parole. Et pour qu’Ezéchiel soit vraiment rempli de la Parole du Seigneur, pour que ça soit la Parole du Seigneur et non la sienne qui jaillisse de ses lèvres, le Seigneur lui propose, de manière très réaliste, de manger un rouleau de la Parole. Et apparemment, le passage qu’il doit manger n’est pas simple puisque le texte nous dit qu’il est rempli de lamentations, plaintes et clameurs.
Ces deux conditions, vivre dans la docilité et se nourrir de la Parole, nous n’avons pas de peine à entendre qu’elles s’adressent à nous. Car nous aussi, sans avoir la prétention d’être des prophètes labellisés, nous voulons accomplir cette mission de porte-parole du Seigneur. Il arrive, parfois, que des personnes nous disent : votre parole m’a fait du bien, nous, si nous avons suffisamment d’humilité et de clairvoyance, nous savons bien que ce n’est pas notre parole qui leur a fait du bien ! Si nous avons été capables de faire du bien, c’est parce que nous avons dit la parole que le Seigneur nous a inspiré de dire. D’où la nécessité de la docilité pour être à l’écoute et la nécessité de méditer sans cesse la Parole, de nous en nourrir pour qu’elle puisse jaillir de manière spontanée de nos lèvres. Pour autant, le Seigneur ne nous demande pas d’être parfaitement transparents, invisibles, il espère bien que chacun, en fonction de ses charismes, de sa sensibilité puisse donner du relief, une coloration particulière à la Parole qu’il nous aura inspirée.
Venons-en à l’Evangile et regardons rapidement les 2 parties. 1° partie, l’invitation à redevenir comme des enfants et 2° partie, la parabole de la brebis perdue dans un troupeau de 100 !
1° partie, l’invitation à redevenir comme des enfants. Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas
pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Qu’ont-ils donc de si particulier, les enfants, pour que Jésus nous invite à réinitialiser notre logiciel de vie spirituelle pour redevenir comme eux ? On entend parfois dire que les enfants représentent l’innocence, la pureté, non, ce n’est pas vrai ! Même tout petit, un enfant est capable d’horribles caprices. Non, aux yeux de Jésus, la plus belle qualité d’un enfant, c’est la confiance.
Un enfant, il ne se lève pas le matin avec mille questions angoissantes : qu’est-ce qu’on va manger, est-ce que j’aurais assez d’argent, est-ce que j’arriverais à faire tout ce que j’ai à faire … ? Sa grande question, quand il se lève, c’est : à quoi je vais jouer ? Pour le reste, il fait entièrement confiance à ses parents ! Puisque ses parents l’aiment, il ne se fait pas de soucis ! Eh bien, voilà en quoi nous devons imiter les enfants, il ne s’agit pas, vous l’aurez compris de vivre dans l’insouciance, mais dans la confiance. Puisque Dieu est un Père très aimant, il prendra soin de nous.
2° partie, la parabole de la brebis perdue dans un troupeau de 100 ! Cette parabole, elle n’arrive pas à ce moment de l’Evangile comme un cheveu sur la soupe ! Elle vient justement nous dire pourquoi nous pouvons avoir totalement confiance en notre Père du ciel. Aucun homme ne fonctionnerait comme ce berger, osant laisser son troupeau de 99 brebis pour tenter d’en récupérer une qui s’est perdue. Eh bien, Dieu, lui, c’est comme ça qu’il agit ! Nous sommes tellement précieux à ses yeux que pour nous retrouver, quand nous nous sommes perdus, il est capable des pires folies, alors confiance absolue !
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons cette grâce de vivre toujours plus dans la docilité à l’égard du Seigneur et de pouvoir nous nourrir de sa Parole, demandons aussi la grâce de la confiance absolue à l’égard du Seigneur.