Hier, nous avions arrêté la lecture avec la 1° mention du nom de Tobie et de l’archange Raphaël voulant guérir et Tobith et Sarra. Aujourd’hui, nous retrouvons Tobie et Raphaël, tout se suit ! Enfin, pas tout à fait car hier, la lecture se finissait au chapitre 3 et celle d’aujourd’hui commence au chapitre 6 … il faut donc commencer par résumer ce qui s’est passé entre temps !
Au chapitre 4, Tobith fait venir son fils Tobie et lui exprime ses dernières volontés, rappelons-nous qu’il avait demandé à mourir. Si jamais Dieu le prenait au mot, il faudrait qu’il soit prêt ! Ce chapitre 4 est magnifique, c’est vraiment un bon père qui transmet à son fils ce qui lui tient le plus à cœur. Et à la fin du chapitre 4, Tobith révèle à son fils qu’ils sont pauvres depuis que ses biens ont été confisqués, mais, avant qu’ils ne le soient, il avait pu déposer, il y a plus de 20 ans, une belle somme d’argent chez un certain Gabaël. Tobith invite donc son fils Tobie à aller la chercher pour qu’il soit à l’abri du besoin.
Au chapitre 5, Tobith demande à son fils de se faire accompagner pour ce voyage par un homme de confiance. Et c’est là que, Tobie, en sortant va tomber sur un homme qui lui parait tout à fait convenir à cette mission, un homme très bien sous tout rapport … de fait, il était diffcile de trouver mieux puisqu’il s’agissait de l’archange Raphaël, lui-même, qui avait pris apparence humaine, mais Tobie ne le savait pas. Tobith voudra vérifier par lui-même si cet homme est sûr et, pleinement rassuré, il envoie son fils. Mais sa femme en est profondément chagrinée, elle a peur de perdre son fils et fait la leçon à son mari : Pourquoi vouloir de l’argent, et encore de l’argent ? Cela ne vaut rien en comparaison de notre fils ! 5,19. Pour la rassurer Tobith lui dit : n’aie pas de crainte pour eux, ma sœur : un bon ange l’accompagnera ! Il ne pensait pas si bien dire !
Au début du chapitre 6 que nous n’avons pas lu, nous assistons au départ des deux hommes qui se font accompagner d’un chien, ils sont assez rares dans la Bible, ces chiens de compagnie, c’est pourquoi ce passage est très aimé par ceux qui ont un fidèle compagnon ! Et puis il y a cette histoire rocambolesque de Tobie qui veut aller se laver les pieds mais qui a failli se faire avaler le pied par un gros poisson que le compagnon, Raphaël lui demande d’attraper et de sortir de l’eau car, avec cette pêche, il pourra soigner et guérir Sarra et Tobith. Je lis ces versets qui seront importants pour la suite : Tobie interrogea alors l’ange : « en quoi le cœur, le foie et le fiel du poisson sont-ils un remède ? » L’ange lui répondit : « Si tu fais brûler le cœur et le foie du poisson devant un homme ou une femme, attaqués par un démon ou un esprit mauvais, l’agresseur s’enfuit au loin, et ses victimes en seront délivrées pour toujours. Quant au fiel, si tu l’appliques sur les yeux d’un homme atteint de leucomes et si tu souffles dessus, les yeux seront guéris. » 6,7-9 Et c’est là que nous en arrivons à la lecture d’aujourd’hui avec cet épisode merveilleux de l’union de Sarra et Tobie, une union vécue dans l’abandon à la volonté du Seigneur, un texte qui est proposé, comme lecture, dans les livrets de préparation de mariages, mais qui est rarement pris, sinon chez des jeunes extrêmement branchés cathos !
Le problème, c’est que la lecture nous a fait sauter pas mal de versets et c’est dommage parce que ces versets sautés enlèvent tout réalisme à cette histoire, risquant de la transformer en conte de fée ! En effet, tout n’a pas été aussi simple et on peut facilement le comprendre. Tobie n’est pas chaud du tout pour s’unir à Sarra étant donné la réputation de cette fille. Voilà ce qu’il dit à Raphaël : j’ai entendu dire qu’elle a déjà eu sept maris et qu’ils sont morts dans leur chambre nuptiale : ils ont succombé la nuit même où ils voulaient s’approcher d’elle. J’ai même entendu dire qu’un démon les tuait. Voilà pourquoi j’ai peur, car ce n’est pas elle que le démon attaque, mais il tue quiconque veut s’approcher d’elle. Or je suis le fils unique de mon père, et, si je venais à mourir, je causerais à mon père et ma mère un chagrin qui les conduirait dans la tombe, et ils n’ont pas d’autre fils que moi pour les enterrer ! » 6,14-15 Raphaël va rassurer Tobie en lui expliquant 2 choses importantes : tout d’abord, en entrant dans la chambre, il devra faire brûler dans le brûle-parfum le fameux cœur du poisson avec son foie et ensuite, avant de s’unir à Sarra, ils devront ensemble se tourner vers le Seigneur dans une prière fervente. Ce qui fut fait, le problème de Sarra était réglé, c’est ce que nous rapportait la lecture d’aujourd’hui. Demain, c’est le problème de Tobith qui sera réglé.
Ainsi donc, il aura fallu une puissante intervention du Seigneur pour inverser le cours des choses. On peut dire qu’il aura mis le paquet : d’abord il envoie Raphaël, ensuite il envoie ce poisson agressif dont les viscères se révéleront capables de guérir, puis il organise cet exorcisme si particulier, il accompagne Tobie et Sarra pour qu’ils apprennent à se donner l’un à l’autre comme Dieu se donne et enfin, demain, nous verrons qu’il guidera les pas de Tobie pour qu’il puisse retrouver ses parents et guérir son père. Il arrive parfois que nous nous demandions ce que fait Dieu face au mal, le livre de Tobie est comme un dévoilement de son action. C’est manifeste, Dieu ne reste pas les bras croisés. Jésus non plus ne restera pas les bras croisés face au mal, à la maladie, au malheur. Mais il ne vous aura pas échappé que Dieu aura travaillé dans le temps. Il a fallu du temps pour que Sarra soit délivrée de ce puissant démon, il aura fallu du temps pour que Tobith retrouve la vue. Il en va toujours ainsi, Dieu travaille dans le temps à la fois pour respecter la lenteur de nos cheminements et parce que tout ce qui se fait en donnant du temps au temps a bien plus de chance de porter des fruits qui durent.
Quant à l’Evangile, ça fait plaisir de rencontrer un scribe sympa ! Il n’y en a pas tant que ça dans l’Evangile ! Je ne veux pas commenter tout l’Evangile mais juste m’arrêter à l’ultime parole de Jésus dans ce texte : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Pour une fois qu’il est mis en présence d’un scribe sympa, Jésus aurait pu être plus sympa et lui donner une vraie bonne note, cette mention bien, elle ne nous semble pas très généreuse, on aurait aimé une mention très bien avec félicitations du jury ! D’autant plus que l’Evangile nous dit que Jésus a vu qu’il avait fait une remarque judicieuse, alors pourquoi Jésus se contente-t-il de dire : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu » ? Il me semble que la réponse est assez simple : Jésus se méfie de ceux que le frère Baudoin aime appeler l »es ceintures noires de caté » ! Finalement, faire de bonnes réponses théoriques, ce n’est pas si compliqué que ça ! Après, il restera à le vivre et c’est une autre paire de manche ! C’est ce que Jésus rappellera au docteur de la Loi qui lui avait posé une question assez semblable : Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? Il racontera la parabole du bon samaritain qu’il conclura par ces paroles : « Va, et toi aussi, fais de même. » Aujourd’hui comme hier, l’Eglise et le monde ont plus besoin de bons samaritains que de ceintures noires de caté !
Amen