17 août : samedi 19° semaine ordinaire : quand Dieu tape du poing sur la table !

Cette 1° lecture, quand je l’ai méditée, j’ai entendu comme un grand coup de poing que Dieu tapait sur la table en disant : ça suffit comme ça ! De fait, ce texte nous a fait entendre l’une des avancées les plus décisives d’un point de vue théologique, spirituel et même éthique, il concerne, ce qu’on appelle, la théorie de la rétribution. Jusqu’à Ezéchiel, on disait : Les pères mangent du raisin vert,

et les dents des fils en sont irritées ? C’est-à-dire : si nous connaissons des problèmes aujourd’hui, c’est parce que Dieu nous punit pour le comportement de nos ancêtres. Cette théorie était bien pratique parce qu’elle permettait d’expliquer l’un des plus grands scandales : la souffrance injuste du juste. Affronté aux épreuves, les hommes de tous les temps disent : qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ? Et certains avaient beau regarder leur vie à la loupe, ils ne voyaient rien qui puisse justifier les malheurs qui s’abattaient sur eux. C’est dans ce contexte qu’était née cette théorie de rétribution qui disait : toi, tu n’as peut-être rien fait, mais tes ancêtres, si, et donc, toi, tu paies pour eux et ça explique tes problèmes.

Par la bouche d’Ezéchiel, Dieu tape donc un grand coup de poing en disant : stop, je ne veux plus entendre de telles sornettes. Parce que, évidemment, pour Dieu c’était inacceptable, cette théorie donnait de lui un visage terriblement injuste. Alors Dieu dit : Par ma vie, vous n’aurez plus à répéter ce proverbe en Israël, celui qui a péché, c’est lui qui mourra ! Et vous avez entendu que ça marche dans les deux sens : les enfants de parents qui ont été des justes ne peuvent pas se permettre de dire : faisons ce que nous voulons, la justice de nos parents recouvrira nos fautes ! Non, pour Dieu, ce n’est pas plus acceptable. Je relis ce que Dieu a dit : si un homme juste a un fils violent et sanguinaire, ce fils-là vivra-t-il ? Il ne vivra pas ; il s’est livré à toutes ces abominations ;

il sera mis à mort, et son sang, qu’il soit sur lui ! La conclusion était claire : C’est pourquoi je vous jugerai chacun selon sa conduite.            Elle reprenait le principe énoncé en introduction : celui qui a péché, c’est lui qui mourra !

C’est vrai, c’est une très belle avancée, que de considérer que chacun se sente responsable de ses actes, mais, évidemment, nous, une question nous taraude : pourquoi Dieu n’a-t-il pas profité de cette occasion pour introduire la miséricorde ? Puisque chacun doit être responsable de ses actes, il aurait pu dire : que celui qui vient à pécher ne compte plus sur la justice de ses pères pour s’en sortir, qu’il vienne me trouver et implore mon pardon. Ça sauvegardait le principe de responsabilité individuelle puisqu’on ne comptait plus sur la bonté des pères pour être justifié et in n’espérait pas non plus que la facture soit payée par les générations à venir et surtout ça sauvait la miséricorde. Je ferai deux petites remarques :

1/ En communication, on apprend qu’il ne faut transmettre qu’un seul message à la fois. S’il y en a plusieurs, la communication est brouillée ! Eh bien, Dieu avait un message principal à faire passer, c’était celui de la responsabilité individuelle, il n’a pas cherché à en glisser d’autres.

2/ De manière subtile, il a quand même préparé le terrain puisqu’Ezéchiel rapporte cette parole du Seigneur : faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau ! Cette parole, elle évoluera vite, les prophètes ne diront plus : faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau, mais ils diront : donne-nous un cœur nouveau et un esprit nouveau ! Car, même s’ils en rêvent, ce n’est pas à la portée des hommes de se faire un cœur nouveau, un esprit nouveau ou un esprit résolu, Dieu seul peut le leur donner et ce don s’appelle précisément « miséricorde. »

Vous aurez remarqué qu’avec l’évolution de cette théorie de la rétribution, le scandale du mal reste entier comme si Dieu voulait nous dire que, face au mal, l’essentiel n’est pas de chercher des explications mais de solutions pour aider ceux qui en sont victimes à s’en sortir ou, au moins, prendre la résolution de ne pas les laisser, seuls, à porter le poids de leurs épreuves. C’est bien à cette attitude que Dieu s’est engagé. Le scandale du mal reste entier, mais, nous, nous croyons que d’un mal, Dieu peut toujours faire surgir du bien, même si le mal reste un mal.

Il ne me reste plus beaucoup de temps pour l’Evangile, mais, il y a quelques jours, nous entendions un passage assez proche dans lequel Jésus nous invitait à redevenir des enfants et je soulignais que, pour Jésus, la principale qualité des enfants, c’était la confiance et qu’il donnait les enfants en exemple justement parce qu’il aimerait que les hommes aient à l’égard de Dieu la même confiance qu’un enfant peut avoir à l’égard de ses parents. Je n’y reviens pas parce que c’est pour cette même raison que Jésus n’est pas content qu’on écarte les enfants, plutôt que de les écarter, il invite à les prendre pour modèles.

Le point que je veux souligner et je m’arrêterai là, c’est que ceux qui écartent les enfants, qui les empêchent d’approcher Jésus, ce sont les apôtres ! Du coup, nous pouvons nous interroger : ne nous arrive-t-il pas par nos paroles, nos attitudes d’écarter des petits, de faire écran, les empêchant d’approcher Jésus ?

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons que l’Esprit-Saint nous aide à devenir toujours plus responsables de nos actes en mesurant, le plus justement possible, les conséquences de nos paroles et de nos actes. Qu’elle nous aide aussi à ne jamais faire écran pour que tous ceux qui désirent approcher Jésus puissent le faire.

Laisser un commentaire