Ceux qui étaient là, hier, m’ont entendu dire que ce livre des Proverbes dont nous avons entendu un extrait en 1° lecture, il faut le lire en se transformant en abeille ! C’est-à-dire qu’il faut butiner le texte, c’est à dire s’arrêter sur le proverbe qui nous touche plus particulièrement pour en faire notre miel, autrement dit, pour le laisser réajuster notre pensée et notre comportement. A chacun de nous de butiner le proverbe qui lui parle le plus, par lequel il se sent le plus interrogé. Ceci dit, le texte d’aujourd’hui est plus court et plus unifié que celui d’hier et sa parole centrale est assez incontournable d’autant plus qu’elle est exprimée dans une merveilleuse prière : Seigneur, je n’ai que deux choses à te demander, ne me les refuse pas avant que je meure ! Éloigne de moi mensonge et fausseté, ne me donne ni pauvreté ni richesse, accorde-moi seulement ma part de pain. Car, dans l’abondance, je pourrais te renier en disant : « Le Seigneur, qui est-ce ? » Ou alors, la misère ferait de moi un voleur, et je profanerais le nom de mon Dieu ! Ça serait tellement beau si tout le monde priait ces paroles chaque matin, ça permettrait aux plus riches de connaitre la joie du partage et aux plus pauvres de ne pas le rester !
L’Evangile, lui, il nous aura permis d’entendre ou réentendre l’envoi en mission des apôtres. Je voudrais développer deux points, le premier concerne ce qu’est la mission de Dieu et la pauvreté des moyens que Jésus veut nous donner pour l’accomplir.
Commençons par le cœur de la mission, tel qu’elle est définie dans les premières lignes. Jésus donna pouvoir et autorité sur tous les démons, et de même pour faire des guérisons ; il les envoya proclamer le règne de Dieu et guérir les malades. Ainsi donc, pour Jésus, partir en mission, c’est permettre au règne de Dieu de gagner du terrain sur toutes les forces du mal. Le grand désir de Dieu, c’est que son amour puisse régner, gagner tous les cœurs. C’est bien ce que nous demandons en priant le Notre Père quand nous disons : que ton règne vienne sur la terre comme au ciel. Nous lui demandons que ce qui se passe au ciel puisse aussi se passer sur terre ; au ciel, il n’y a qu’amour, qu’il en soit ainsi sur terre. Et ceux qui acceptent la mission que Jésus veut leur confier, c’est ce qu’ils doivent permettre, étendre le règne de l’amour. Pour cela, Jésus indique deux pistes concrètes : prendre autorité sur tous les démons et guérir les malades.
- Commençons par cette mention de prendre autorité sur les démons. C’est vrai qu’à l’époque de Jésus, les démons étaient mis à toutes sauces, mais si Jésus les mentionne et invite à les combattre en expliquant qu’il s’agit de l’un des axes fondamentaux de l’envoi en mission, c’est parce que le démon, fondamentalement, c’est celui qui s’oppose au plan de Dieu. Pour Jésus, c’est clair, on ne peut pas souhaiter voir le règne de Dieu avancer, voir l’amour gagner les cœurs sans, en même temps nettoyer le terrain. C’est comme s’il invitait ses apôtres à éduquer ceux auprès de qui ils seront envoyés à faire des choix clairs : il n’y a pas de vrai oui au Seigneur et à son amour qui ne soit accompagné de vrai non au mal et à celui qui en est l’instigateur. Ainsi donc Jésus prévient que faire avancer le règne de l’amour, ça passera par un combat, c’est ce qu’on appelle le combat spirituel.
- Et puis, il leur demande par deux fois de guérir les malades comme pour signifier, qu’être fidèle à la mission reçue, c’est rejoindre les plus en difficulté, les personnes malades mais aussi ceux qu’on appelle les « blessés de la vie ». C’est à eux, en priorité, que doit être annoncée la Bonne Nouvelle.
Maintenant, pour accomplir cette mission, il ne vous aura pas échappé que les moyens que Jésus accorde sont extrêmement limités : Ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent ; n’ayez pas chacun une tunique de rechange. Reprenons chacun de ces éléments :
- Pas de bâton, parce que le bâton, c’est ce qui fait peur ; quand on voit quelqu’un avec un bâton, on ne peut jamais être totalement sûr qu’il ne va pas s’en servir contre nous ! Avec cette interdiction, c’est comme si Jésus nous suppliait d’apparaitre d’emblée comme des personnes bienveillantes, de ne jamais utiliser la peur pour parvenir à nos fins.
- Pas de sac : ne soyons pas comme les témoins de Jéhovah qui ont toujours des sacs, des cartables dans lesquels il y a des brochures qui ont réponse à tout. Jésus ne veut pas de ça !
- Pas de pain parce que le missionnaire doit apparaitre comme un pauvre qui compte sur la charité de ceux à qui il s’adresse.
- Pas d’argent, c’est dans la même ligne, mais on peut rajouter que jamais le missionnaire de l’Evangile ne devra être tenté d’acheter d’une manière ou d’une autre ceux auprès de qui il est envoyé.
- Pas de tunique de rechange. Jésus n’a rien contre l’hygiène qui nous fait nous changer régulièrement, mais ce qu’il veut dire, c’est qu’il ne nous faudra jamais cacher notre identité profonde de missionnaire de l’Evangile, ne cachons pas notre identité chrétienne, ne la recouvrons jamais !
Tous ces éléments peuvent se résumer dans cette consigne : apprenez à compter sur le Seigneur et non sur des moyens humains. Enfin, il y a cette invitation faite au missionnaire de l’Evangile à secouer la poussière de ses pieds en cas d’échec, quand il quittera la ville. Ce n’est pas un geste de dédain que Jésus propose mais une invitation à ne garder aucune rancune car l’annonce de l’Evangile s’adresse à des libertés et il faudra toujours accepter que des libertés se ferment.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons cette grâce de devenir ces missionnaires de l’Evangile qui comptent toujours plus sur le Seigneur, demandons-lui aussi qu’elle nous aide à prier en demandant de ne connaitre ni richesse, ni pauvreté !
Décidément, j’adore vos homélies. Elles me permettent de comprendre le sens profond de la parole. Merci à vous de continuer à nous partager vos réflexions.