25 mai : 6° dimanche de Pâques : Aurait-il manqué quelque chose aux souffrances du Christ ?

Tous ces jours, il n’y a pas d’homélie car je suis en vacances ! J’en ai sorti une de mon congélateur pour ce dimanche !

Si j’en crois l’atlas biblique que j’ai consulté, ils ont fait environ 500 kilomètres ces chrétiens venus de Judée, c’est-à-dire de Jérusalem ou de sa région, pour aller jusqu’à Antioche. 500 km par les moyens de transport de l’époque, ce n’est pas rien ! Et pourquoi ont-ils parcouru une telle distance ? Pour dire une ânerie sans nom qui nous était rapportée au début de la 1° lecture : « Si vous n’acceptez pas la circoncision selon la coutume qui vient de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. » Avant d’aller plus loin pour comprendre en quoi cette parole est une ânerie, je tiens à souligner qu’il faut apprendre à se méfier de nos réactions spontanées. Parce qu’en voyant des gens faire 500 km pour aller voir des frères afin de les mettre en garde, on aurait envie de dire : peut-être se sont-ils trompés mais reconnaissons au moins qu’ils étaient animés d’une bonne volonté. Oui, sans doute, mais la bonne volonté n’est encore pas la volonté bonne ! Dans notre monde, aujourd’hui, les gens sont très sensibles à la sincérité. Quelqu’un qui est sincère, on est toujours enclin à l’écouter et à lui pardonner ses erreurs. Mais la sincérité n’est pas la vérité et je peux être très sincère et dire de belles âneries. C’était bien le cas de ces chrétiens venus de Judée, très sincères puisque prêts à faire 500 km pour partager ce qui leur tenait tellement à cœur. Mais ça n’empêche pas qu’ils ont dit une grosse ânerie ! Alors essayons de comprendre pourquoi c’est une ânerie.

Cette démarche des chrétiens de Judée allant visiter les chrétiens d’Antioche, c’est elle qui a provoqué la 1° grande crise de l’Eglise nécessitant la convocation du 1° concile de l’histoire à Jérusalem. 

« Si vous n’acceptez pas la circoncision selon la coutume qui vient de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. » Quand j’entends ça, j’ai d’abord envie de dire à ces chrétiens de Judée : mais qu’est-ce que vous en savez de ce qui permet ou empêche le Salut ? Le Salut, c’est l’affaire de Dieu, ce ne sont pas les hommes qui décident. Or Dieu avait décidé, les choses étaient donc extrêmement claires, c’est pourquoi l’attitude de ces chrétiens de Judée est grave, même si par ailleurs ils sont généreux puisqu’ils font des kilomètres et des kilomètres pour partager ce qui leur tient à cœur. Oui, Dieu avait décidé ce qu’il fallait faire pour que les hommes soient sauvés et il n’y a rien à rajouter à amender à la décision de Dieu. Pour qui se prennent-ils ces chrétiens qui pensent savoir mieux que Dieu, lui-même, ce qu’il convient pour être sauvé ? 

Ce que Dieu avait décidé pour nous sauver et qu’il a réalisé (car lorsque Dieu décide, il n’est jamais dans la procrastination) c’était d’envoyer son Fils, son unique. Jésus est venu, et il a accompli sa mission jusqu’au bout, en aimant jusqu’au bout. Mais qu’est-ce qui manque donc à ce que Jésus a fait et qui devrait être complété par une pratique comme la circoncision ? Qu’ils se lèvent donc ces chrétiens d’hier et ceux d’aujourd’hui (parce qu’il y en a autant aujourd’hui qu’hier !), qu’ils se lèvent donc ces chrétiens qui voudraient toujours rajouter des préceptes nouveaux et des conditions au Salut, qu’ils se lèvent et qu’ils parlent en nous expliquant et en expliquant à Dieu ce qui manquait aux souffrances du Christ dans sa passion. Aurait-il fallu rajouter trois cordes supplémentaires au fouet de la flagellation ? Aurait-il fallu rajouter une 4° et une 5° chute sur le chemin de la croix ? Aurait-il fallu rajouter plus d’humiliations, de trahisons ? Aurait-il fallu rajouter des clous supplémentaires pour fixer Jésus à la croix ?

Quand on pose les questions de cette manière, on se rend vite compte que la démarche de ces chrétiens de Judée est vraiment une ânerie sans nom. Et que tous ceux qui, aujourd’hui, continuent à vouloir conditionner le Salut à je ne sais quelle pratique sont exactement dans le même état d’esprit. Jésus a accompli sa mission et il n’y a rien à ajouter. Le premier concile de l’histoire de l’Eglise a tranché une fois pour toutes et il a annoncé cette décision par une formule solennelle qui n’aura jamais fini de nous étonner par son audace :     L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé ! Et qu’ont-ils donc décidé ? La suite de l’énoncé de la décision nous l’apprend : L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent : vous abstenir des viandes offertes en sacrifice aux idoles, du sang, des viandes non saignées et des unions illégitimes. Vous agirez bien, si vous vous gardez de tout cela.

En entendant cela, vous pourriez me dire : mais le concile énonce bien des conditions à respecter : s’abstenir des viandes offertes en sacrifice aux idoles, du sang, des viandes non saignées et des unions illégitimes. Oui, c’est vrai, mais vous aurez remarqué, je l’espère, que le concile ne dit pas que c’est pour être sauvé qu’il faut respecter cela. Vous aurez remarqué aussi qu’il n’est plus question de la circoncision. Les consignes qui sont données le sont juste pour que ces nouveaux chrétiens issus du paganisme puissent bien agir : Vous agirez bien, si vous vous gardez de tout cela. Il s’agit de respecter les manières de vivre de l’Eglise-mère de Jérusalem. Puisque ces païens ont reçu la foi de cette Eglise-mère, eh bien, par leur comportement, ils manifesteront leur respect à l’égard de cette Eglise en s’abstenant de ce qui lui fait horreur. Mais il n’y a aucune condition qui soit mise au Salut, juste un code de bonne conduite.

Vous pensez peut-être que j’insiste beaucoup sur un point qui est aujourd’hui complètement dépassé. Il ne viendrait, en effet, à l’esprit de personne, aujourd’hui, de remettre la circoncision comme un rite obligatoire pour les hommes qui voudraient être sauvés ! Oui, c’est vrai, mais de tous temps certaines personnes, y compris parmi les responsables d’Eglise, ont été tentés de rajouter des conditions au Salut. On peut penser à la triste époque de la vente des indulgences qui a conduit Luther à batailler ferme contre Rome. Hélas, n’ayant pas été écouté, compris, il finira par se durcir et déraper dans sa réflexion. C’est triste, mais on peut constater que ce n’est jamais vraiment fini. Aujourd’hui, ce n’est plus comme au temps des indulgences, ce n’est plus par intérêt que des personnes vont rajouter de nouveaux préceptes, c’est simplement parce que c’est difficile d’accueillir gratuitement le Salut qui nous est offert. C’est sans doute pour cela que le concile a tenu à terminer son message par ces mots : bon courage ! Bon courage pour quoi ? Les consignes qui sont données ne sont pas si difficiles que ça à mettre en œuvre ! Non, le courage, il en faut pour croire que c’est gratuitement, inconditionnellement que je suis sauvé, que c’est gratuitement, inconditionnellement que je suis aimé. Nous sommes dans un monde où tout se paie et donc où ce qui est gratuit parait suspect, il doit y avoir une arnaque quelque part ! Il faudrait sûrement lire les petites lignes cachées quelque part dans un coin inaccessible du contrat ! Non, avec Dieu, aussi fou et incroyable que ça puisse paraitre, il n’y a pas de petites lignes, c’est gratuit, inconditionnel !

Alors, dans ce contexte, on peut goûter les paroles que Jésus disait dans l’Evangile : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Pourquoi te faire encore du souci puisqu’il t’aime et te sauve de manière gratuite et inconditionnelle ? Pourquoi te faire du souci puisque Jésus est parti te préparer une place, cette place prévue éternellement pour toi puisque ton nom est gravé dans les cieux ? Ce n’est pas pour rien si le prêtre reprend ces mots de Jésus juste avant la communion. C’est pour nous inviter à communier dans la foi, c’est-à-dire dans une confiance absolue : je crois, Jésus que tu es mon Sauveur et mon Dieu et que tu as tout fait et tout très bien fait pour que je sois sauvé et il n’y a rien à rajouter. Je veux juste apprendre à répondre à tant d’amour en t’offrant chaque jour un peu plus, chaque jour un peu mieux mon pauvre amour, non pas pour être sauvé mais parce que je suis sauvé et que tant d’amour m’émerveille. C’est pour cela que je veux que toute ma vie devienne Eucharistie, c’est à dire action de grâce pour tout ce que tu as fait et que tu ne cesses de faire !

Cette publication a un commentaire

  1. Christian

    Moi aussi, je répète vos mots remplis de foi:
    « Je crois, Jésus que tu es mon sauveur et mon Dieu et que tu as tout fait et tout très bien fait pour que je sois sauvé »

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